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Notre marrakech 45-70
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9 juin 2013

MAN ANA 10

Voila, nous sommes en Juin. Comme vous le savez j'écris cet article le 21 mai. donc je ne sais pas encore sous quel soleil je vais vous rencontrer... Peut être qu'entre temps j'aurais eu d'autres choses à vous dire..Inch'Allah.

La semaine qui arrive doit nous apporter la visite de ma belle famille et nous allons, mon épouse et moi, fêter un de nos nombreux anniversaires de mariage... Je devrais aussi devenir de nouveau Grand père, ou peut être le suis je déjà! Mais ça je vous en parlerais plus en détail lorsque la date sera passée....

En attendant continuons à nous divertir tout en nous instruisant avec le déroulement de la vie de Jacques et de sa famille à MARRAKECH et dans ses environs....avec un titre qui nous met l'eau à la bouche.

Jacques.... à toi la place.

 

Foie gras sous les palmiers

 

Nous avons vite abandonné le rituel du Noël en famille, au coin de la cheminée (car il y en avait une à l'appartement), pour des situations plus exotiques. Les noëls sous la tente nous évitèrent le mal au crâne le matin, les huîtres pas assez fraîches ou les dindes rôties, étouffantes à manger car trop sèches.

Comme noëls, je garde le souvenir d'un à Tan-Tan, que nous n'avons même pas célébré tant nous étions tendus à la perspective de l'aventure qui nous attendait en 1965, rallier Tarfaya. 

Je garde aussi le souvenir d'un autre Noël avec Letan, aux mines d'Igherm où il travaillait. Les mines sont en général perdues au fin fond du bled, mais les personnes qui y résident à demeure s'arrangent pour avoir un minimum de confort. Souvent autour d'une cantine, des tables en terrasse, club de boules, voire court de tennis éclairé la nuit car das certains endroits il fait bien trop chaud en été pour avoir une activité physique diurne. Nous avons visité beaucoup de ces mines perdues (Igherm, Bou Azzer, Bou Tazoult, Azgour), certaines fermées pour cause de rentabilité incertaine (Tiouit). Notre curiosité scientifique nous fit visiter nombre de gisements, rencontrer nombre de cadres, dont certains avaient leurs enfants en pensionnat à Marrakech, au Lycée Victor Hugo.

 Un souvenir particulier est associé à la venue d'amis de longue date du paternel, médecins de Bayonne que Papa avait connu dans sa période pyrénéenne et qu'il continuait de voir régulièrement. Bien qu'ayant les moyens de s'offrir des voyages prestigieux, ils aimaient bien le côté aventure de nos périples, et les rencontres insolites que nous pouvions faire à ces occasions. Ils étaient déjà venus, et, enchantés par leur première aventure, décidèrent de revenir. 

Ils vinrent accompagnés d'amis pharmaciens, et nous retrouvâmes nos amis Letan pour un voyage dans le sud. Pour la circonstance, nous avions loué une seconde Land-Rover qui ressemblait à la notre, et Letan suivait avec son increvable ID. 

Récupération des touristes à l'aéroport d'Agadir par le Paternel, puis en route vers la SATAS où nous prîmes livraison du véhicule de location. A cette époque, le 4x4 de location n'était pas vraiment entré dans les moeurs, et il nous avait fallu batailler pour louer une Land-Rover. Les pistes que nous envisagions d'emprunter ne permettaient pas d'utiliser un Combi Volkswagen, comme au voyage précédent. 

Une fois maîtrisé le freinage approximatif de l'engin (il « suffisait » de pomper un peu) nous prîmes la direction du sud. Arrêt chez le boulanger d'Ait Melloul, à la sortie d'Agadir (Agadir était encore en train de se remettre du séisme qui l'avait détruit), puis direction Bou Izakarn, et Foum el Hassane. De là, cap sur Assa puis plein sud vers le Dra et Touizgui Remz. Notre but était de profiter du dessin de la frontière qui à cet endroit là avait subi une rectification suite à la bataille de Tarfaya de 1958 : comme au bon temps du colonialisme, une nouvelle frontière avait été tracée à la règle dans le cadre d'un traité de paix. La frontière sud du Maroc n'était plus le Dra, mais, à partir de cet endroit-là, le parallèle 27°30. Tout ce terrain désertique s'offrait à notre soif d'exploration. 

Le soir de Noël, nous voici donc sur le Dra, un peu avant Touizgui Remz. Les tentes sont dressées, les voitures à côté, et les femmes nous annoncent qu'elles s'occupent de la nourriture. Elles plongent dans les volumineux bagages apportés de France, fouillent et refouillent et finalement, après un temps certain, nous signalent que c'est prêt. Nous quittons le feu autour duquel nous discutions de l'itinéraire du lendemain, et avons la surprise de découvrir, au lieu de traditionnel menu potage en sachet – boîte de conserve -  fromage – fruit, un repas du Sud-Ouest avec foie gras, confit de canard et bûche de Noël ! Pour une surprise, ce fut une surprise. Il est vraisemblable que les palmiers n'avaient jamais vu de spectacle de ce type : des convives assis sur de petits coussins en mousse autour de la nappe en toile cirée étalée sur le sable, un sapin de noël de poche dressé au milieu, et en train de déguster les productions des palmipèdes gras. Pour nous aussi, réveillonner de la sorte au milieu des tamaris et des palmiers eut une résonance particulière, nous permettant de mesurer l'écart entre nos habitudes de vie et la sophistication festive en France. Vaisselle expédiée, au lit pas trop tard. La nuit fut relativement douce. Relativement, car souvent près de l'Atlas il faisait très froid la nuit et nos duvets s'avéraient parfois limites, sauf celui de Papa qui était un duvet de haute montagne garni de plumettes d'oie. 

Le lendemain, reprise vers le Sud jusqu'au poste de contrôle de Touizgui Remz. Poste militaire, comme il en existait de nombreux dans le Sud du Maroc. Une activité de déstabilisation existait, une opposition était muselée, certains bordj dans des endroits reculés étaient des zones dont il ne fallait pas s'approcher. 

Le Sud du Maroc côtoyait l'Algérie, et des conflits avaient déjà eu lieu entre ces deux nations. Le Sud-Ouest jouxtait le « Rio de Oro », le Sahara espagnol, sur lequel la dynastie Alaouite avait des prétentions historiques. A la limite de l'Algérie et du Sahara Espagnol, cette région était étroitement surveillée. 

Une fois la qualité des voyageurs vérifiée (un professeur, un ingénieur, un docteur, un pharmacien, cela faisait quand même sérieux et pas trop agent secret), un laissez-passer nous fut délivré jusqu'au poste suivant de Mseied. 

On peut s'étonner de telles tracasseries administratives, mais il faut bien réaliser qu'il y avait environ deux cents kilomètres de désert sans âme qui vive ou presque entre ces deux localités, et que les autorités ne souhaitaient pas devoir intervenir pour nous prêter assistance. Pas de panneaux indicateurs, pas de téléphone, une boussole pour se guider... Pas question d'être dépendants malgré cette situation délicate. Cela a d'ailleurs toujours été notre attitude, héritée de longues années de pyrénéisme : ne jamais dépendre des autres pour se sortir d'une situation difficile. 

L'autonomie en eau et essence ayant été jugée suffisante, nos trois véhicules franchirent la barrière faite d'un tuyau métallique reposant sur quelques pierres, et nous nous engageâmes sur la piste, en ayant comme consigne de tourner à droite vers Mseied dans quatre ou six kilomètres et non de continuer tout droit vers Zag, poste complètement perdu, le dernier avant l'Algérie ou le Rio de Oro suivant que l'on appuyait un peu à gauche ou à droite après. 

Sur l'itinéraire suivi, nous continuâmes nos recherches pré, pro et historiques. Nous longions le Dra côté sud, sur sa rive gauche. Un plateau calcaire entaillé laissait apercevoir un vaste lit argilo-sableux, sans trace d'eau. Il devait toutefois y en avoir en dessous, puisque nous identifions çà et là des tamaris ou des palmiers.

Au débouché sur un des bords de cette élévation qui ne devait pas excéder deux mètres, nous découvrîmes sous nos pieds une « zriba ». 

La Zriba, c'est un enclos défendu en général par des épineux (le jujubier le plus souvent, dont les épines sont redoutables), qui contient des bêtes ou les empêche au contraire d'accéder quelque part. 

Cet endroit étant relativement ombragé par une plaque rocheuse, nous pensions que des animaux y avaient été parqués lors de fortes chaleurs par quelques nomades R'guibat dont la tente (la raïma) aurait été implantée à proximité. En nous approchant, nous découvrîmes le corps momifié par la sécheresse d'une femme dans ses habits caractéristiques. Nous prîmes alors conscience de l'âpreté de ce désert, où à quelques mètres de la route quelqu'un était mort, de soif vraisemblablement. Il n'avait pas été jugé utile de l'ensevelir, on ne sait pourquoi. Bergère gardant un troupeau qui « paissait » dans le lit du Dra ? Voyageuse égarée assommée par le soleil un jour d'été ? La mort dans le désert est une des manifestations de la vie que l'on y rencontre. 

Notre ami médecin, lui-même habitué, fut saisi par la violence de ce spectacle. 

Nous reprîmes notre route vers Mseied où le contrôle de sortie de la zone dangereuse fut rondement mené. 

Nous étions à côté de Tan Tan en début de soirée, et nous bivouaquâmes non loin de la ville, près de tentes de nomades qui respectèrent notre campement de façon royale. 

Le lendemain, nous fîmes nos emplettes à Tan-Tan ; essentiellement une paire de Talkie-Walkie japonais dotés d'une portée conséquente, dont la possession était bien entendu interdite au Maroc du fait de suspicions permanentes de complot. Mais cela nous semblait un élément de sécurité supplémentaire qui pourrait se révéler appréciable en cas de difficulté dans les régions de plus en plus sauvages dans lesquelles nous nous aventurions. 

Le retour se fit vers Marrakech, puis de Marrakech nous repartîmes avec la jeep de location jusqu'à l'aérodrome de Casablanca-Nouacer, où tout le groupe reprit l'avion sur Bordeaux. Le décalage entre le véhicule couvert de poussière, les valises et sacs que nous en extirpions et le défilé de voitures sophistiquées d'où sortaient des personnes élégamment vêtues fut assez saisissant. L'avion était encore un moyen de transport pour privilégiés, à l'époque.

 Voici encore un récit digne des meilleurs aventuriers. Je regrette d'avoir quitté trop tôt le Maroc et de n'avoir pu, comme Jacques et ses parents, vivre ce genre d'aventures. Il faut dire que mon père faisant régulièrement ces voyages dans le sud pour son travail (Vous vous souvenez de cette photo de lui et de sa voiture sur une de ces pistes du désert marocain) n'avait pas le réflexe de nous les faire partager. Le plus loin où il m'a emmener avec lui et Ourzazate et Zagora....Donc remercions encore Notre ami JACQUES pour son sens du récit, précis, documenté et souvent drôle....

Que le soleil soit avec vous... Votre toujours MICHEL

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Commentaires
M
Ami-e-s Marrakchi-e-s Bonjour<br /> <br /> <br /> <br /> Par le réseau des anciens du LVH nous venons d'apprendre le déces de notre sympathique professeur d'espagnol au Lycée Mangin & Victor Hugo , Madame Clauder ROSENBERGER.<br /> <br /> Une cérémonie aura lieu demain mardi 11 juin 2013 à 15h au funérarium de Montpellier .<br /> <br /> Marrakchamitiés<br /> <br /> <br /> <br /> Marcel Martin
Notre marrakech 45-70
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