Et oui je suis victime du syndrome de la page blanche....Je me suis souvent assis devant mon clavier après avoir affiché une page blanche sur mon écran et je n'ai pas eu le courage de commencer. Je me régale de vous lire, je souris et me réjouis de vos commentaires, je me félicite d'avoir des amis comme vous, patients, érudits, curieux, je m'autoflagelle pour m'y mettre et ce soir j'ai sauté le pas. Pourquoi cet état d'esprit?
C'est que je suis, en ce moment, très très pris par le travail que m'impose le départ des derniers locataires des Garnisons de Saarburg et de Trêves. Je suis partagé entre les visites des cités et des appartements et le travail sur ordinateur au bureau. Tout ira certainement mieux dans quelques semaines, lorsque nous auront rendu les bâtiments aux autorités allemandes.
Mais vous ne venez pas sur NOTRE blog pour lire mes jérémiades. C'est pourquoi je vais vous présenter quelques photos de la vallée d'ASNI que notre chère ALINE m'a fait parvenir. Elles lui ont été transmise par Jean-Paul Hindié qui rentrait du Maroc.
La maison de mon enfance avec ses nids de cigognes
Plantations et ferme La maison dans l'état où nous
sur la hauteur l"avons laissée
La piste et l'Oued qui traversent la propriété
avec le souk au fond, sur la hauteur.
Il est allé à Asni voir l'ex propriété de mes parents. Il se trouve qu'il connaît bien la personne qui gère la propriété et qui fait partie d'une société (Sodéa).
Ce monsieur lui a dit qu'il avait conservé des poiriers que mon père avait plantés et qui doivent avoir dans les 70 ans, des moteurs et autres objets qui avaient appartenu à mon père. C'est sympa, non ? ça m'a fait plaisir car ça veut dire qu'il y a une certaine continuité à l'oeuvre de mon père. Par contre, il ne reste plus rien de la propriété des parents de Jean-Paul sauf qu'il ont donné le nom d'"Hindi" (prononcé à la marocaine pour Hindié) au quartier où se trouvait leur propriété, ce qui est une certaine reconnaissance quand même.
Nous avons beaucoup discuté de Marrakech et des anciens marrakchis (en fait , du lycée Victor Hugo etc... c'était très sympa et cela m'a fait vraiment très plaisir d'avoir ces nouvelles.
Puisque nous parlons du Lycée Victor HUGO et que je suis l'Empereur de la TRANSITION.(Ouille mes chevilles)..je vais vous éditer le dernier discours du Proviseur du Lycée MANGIN au cours de la dernière distribution des prix.
C'est Monique qui l'a retrouvé dans ces éternelles "Boites à chaussures" dont je vous parle souvent. "Des Boites à trésors". Voici ce qu'elle m'a fait parvenir et que je me fait un plaisir de partager avec vous!
La dernière distribution des prix au Lycée Mangin eut lieu le jeudi 29 juin 1961,
Voici l'allocution prononcée par Monsieur Henri ROSSARD, Proviseur qui, à cette occasion, rappelle l'histoire de notre Lycée :
« Puisque les circonstances ont voulu que je sois le dernier Proviseur de la Mission Universitaire et Culturelle Française à parler en ces murs, je ne puis clore cette année scolaire comme une année ordinaire. Et si j'avais hésité sur le thème de mon discours, les servitudes mêmes de déménagement me l'auraient indiqué. En effet, j'ai été amené à accomplir un geste que bien peu de Chefs d'Etablissement ont l'habitude de faire : me plonger dans la poussière des archives! Ce soir donc, tout simplement je vais évoquer devant vous un peu du passé de notre lycée.
Sa naissance, si curieux que cela paraisse, est difficile à situer. Une école primaire, un cours complémentaire, une section classique annexée, voilà les éléments qu'à la rentrée d'octobre 1931 M. CLAIR – qui fut véritablement le premier directeur du collège de Marrakech – reçut mission d' amalgamer dans un moule secondaire alors que ses effectifs – 114 élèves – étaient en majorité des élèves de « primaire supérieur ».
Il s' attela au travail avec courage en dépit du manque de locaux (il n'y avait que 4 classes), du personnel très réduit et disparate, auquel il confiait des effectifs parfois bien lourd – il y eut jusqu'à 54 élèves aux cours communs de 6e – en dépit aussi du flottement entraîné par la formation différente qu'avaient reçue les élèves, Mais tout le monde y allait de bon coeur, et cela n'est pas étonnant si nous jugeons l'équipe d'alors d'après les deux sympathiques collègues qui sont toujours des nôtres et dont l'une (Mme THIERRY) cumulait outre sa spécialité – les mathématiques – l'enseignement des sciences naturelles, du dessin et même de la musique et l'autre (M. MARAL) maintenant angliciste émérite, prenait au pied levé une suppléance de lettres avec un tel brio que - je cite le directeur – l'absence du professeur titulaire ne fut nullement préjudiciable aux élèves.
Ces efforts furent récompensés par l'accroissement du Lycée. Doublé dès octobre 1934, l'effectif au moment de la guerre avait plus que quadruplé et atteignait 517 élèves, Le successeur de M. CLAIR, M. MICHEL avait pu ouvrir une classe de seconde en octobre 1936 et une première l'année suivante,
Malheureusement les crédits et les constructions étaient toujours en retard sur le rythme d'accroissement et à lire ces pages que l'un de mes prédécesseurs avait dédaigneusement classées sous le nom « d'années périmées », on a l'impression de vivre un peu une époque héroïque. Le collège dut être un chantier perpétuel alors que la cour elle-même tenait beaucoup du terrain vague avec les surprises des ghetaras qui provoquaient tantôt des inondations, tantôt des failles inquiétantes. Heureusement le dynamisme des maîtres d'éducation physique sut inspirer aux élèves une vive passion pour le terrassement : ce qui permit d'aménager correctement la cour !
La guerre 39-45 freina un peu l'expansion. Elle eut aussi pour effet comme le notait M. DEVERDUN qui ne prit lui-même l'établissement en main que quelques mois (ce fut aussi le sort de son successeur, M. TAILLEFER) de briser l'action des administrateurs par une cascade de nominations : l'établissement changea 8 fois de Directeur en 6 ans. Pourtant la classe de mathématiques élémentaires fut ouverte en octobre 1941, ce qui valut au collège de devenir Lycée – le Lycée Mangin - , D' autre part, les circonstances permirent de prendre un nouvel essor dans certains domaines, et en particulier sur le plan sportif : c'est de cette époque que datent le stade dont l'aménagement demandera d'ailleurs de longues années et ne sera jamais définitivement réalisé, et l'Association sportive qui, avec des hauts et des bas, est toujours bien vivante.
Le retour à la vie normale se fit sous l'égide de M. PASQUINE nommé en octobre 1945 et qui dirigea le Lycée durant 9 années favorables et fructueuses. Aussi voyons-nous reprendre la montée en flèche des effectifs. Partis de 650 à la rentrée de 1945, ils approchaient du millier en 1954, en dépit de la suppression de la section technique qui existait préalablement. M. PASQUINE obtint le départ des internes primaires (ce qui permit d'accroître les secondaires), des aménagements sur le stade qui n'allèrent cependant pas jusqu'à la piscine qu'il avait espéré obtenir; surtout, il mit en chantier la dernière grosse tranche de travaux qui devait donner au Lycée son aspect actuel par la construction du pavillon scientifique et l'extension de l'internat.
C'est donc sous les augures les plus favorables que mon prédécesseur, M. ROUSSEAU, prit pour 6 ans en octobre 1954 la direction de l'établissement. Bien qu'à l'abri des fluctuations politiques, le Lycée se ressentit cependant des événements. Si 1055 élèves étaient inscrits en octobre 1955, il n'y en avait plus que 845 un an plus tard, et la rentrée de 1957 fut aussi, avec le départ de 30 professeurs, le reflet du trouble des esprits. Ces dernières années bénéficièrent de la tranquillité retrouvée : si la structure de l'établissement fut un peu modifiée, en particulier par l'adjonction de la section marocaine de jeunes filles que nous récompensons ce soir en même temps que nos propres élèves, le corps professoral retrouva sa stabilité et une centaine de nouveaux élèves compensaient en partie les départs de 1957.
Telle fut pendant une trentaine d'années la vie du Lycée Mangin. Il portait un nom glorieux : celui d'un chef et d'un administrateur qui fut aussi un diplomate, auquel je consacrerai mes derniers propos. Car au moment où les transferts des écoles amènent à placer les nouveaux établissements sous le parrainage de poètes ou d'artistes, nous nous devons de conserver le souvenir de notre premier parrain, le Général Mangin. Il fut, dans cette région de Marrakech le fidèle disciple, sur tous les plans, du Maréchal Lyautey. Aussi ne saurais-je mieux faire, pour terminer mon discours que de citer de jugement que portait récemment sur celui qui fut le « patron » de Mangin le Chef de l'Etat français. Ce jugement définit en fait l'esprit qui anima tous ceux grâce auxquels tant d'écoles et d'hôpitaux, tant d'usines, de routes ou de ports surgirent en si peu de temps en ce pays, grâce auxquels aussi nous pouvons en ce dernier soir retracer avec fierté l'oeuvre passée et avec confiance envisager l'avenir. « Pour réaliser son grand but, dit le Général de Gaulle, il sut appliquer à la fois la fermeté du gouvernement – rien en effet ne se crée que dans l'ordre – l'influence de la culture - car tout procède de l'esprit, - l'essor de l'économie – car il savait bien qu'il n'y a pas d'avenir ailleurs – enfin la force et la gloire des armes parce que jamais ne fut frayée la route aux réformes et au progrès sinon par l'effort, les peines et le sang des soldats. »
MERCI Monique d'avoir effectuer ces recherches et d' avoir porté à notre connaisance ce discours qui est devenu un document rare. Je me dis souvent que nous avons quand même eu beaucoup de chance de naître et de grandir dans ce beau Pays et dans cette magnifique ville qu'était NOTRE MARRAKECH. (J'ai volontairement mis des majuscules, pour qu'aucun esprit chagrin ne vienne me reprocher de nous l'approprier).
J'ai aussi un témoignage, qui date de presque 3 semaines, mais que je voulais absolument vous faire lire. C'est celui de Patricia K.
Bonsoir Michel, Je viens de rentrer de MRK. Cette fois grâce aux informations précises des plans d aujourd’hui transposés en plan de l’époque diffusées sur le blog ManginMRK, j’ai pu retrouver ma où plus exactement mes deux maisons.
La maison rue du docteur Madeleine, et la maison Dar Aziza rue de l’Yzer. Elles sont toujours là ! Je n’en croyait pas mes yeux. Quelle émotion !
Je vais aller passer la fin de semaine chez mon frangin Frédéric à MUTIGNEY (Jura) où se trouve actuellement mon frère Jean Marc (L'Australien) qui est en Europe avec un de ses enfants pour encore quelques jours. Je vous en parlerais à mon retour.
Avant de vous quitter et pour vous prouver (Si besoin en était) que c'est surtout la page blanche qui me repoussait voici les derniers travaux entrepris dans notre jardin pour améliorer son aspect et son accessibilité .
Avant
Pendant avec la controleuse des travaux
En train de combattre la PAGE BLANCHE
KESKISON EN TRIND'FER?
Une fois fini.....Presque
Bonne de semaine à tous, gardez vous des orages, dessinez des moutons (Pour les méchouis) et continuez à mettre des commentaires aussi variés qu' intéressants.
A bientôt. Votre TOUJOURS MICHEL.
Ce soir je tiens à partager ma joie avec toi, car ton blog a été pour moi le premier lien qui m’a réunit avec « ceux de là bas » et qui a redonné un sens à mon histoire personnelle d’enfant de là bas. Je voulais du fond du cœur t’en remercier.
Mais Patricia c'est moi.... nous.... qui te remercions de ces mots d'espoir. Tu sais que nous sommes tous, je le sais, un peu à la recherche de notre "histoire personnelle d'enfant" et si le Michel de M2M et moi y sommes pour quelque chose, ton courriel est la comme remerciement. Un sourire nous suffit certainement.
Des photos, même si elles ressemblent à celles reçues des unes et des autres, seront également les bienvenues. Tu as du faire celles de tes maisons. Alors rafraîchit nos mémoires en me les envoyant. Merci d'avance.