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Notre marrakech 45-70
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21 novembre 2012

La fin du Monde et SCHKOUN HANA N° 7

Bonsoir mes amis...Je peux déjà dire bonsoir, puisque Novembre s'avançan=t, la nuit tombe de plus en plus tôt et malgré qu'il ne soit pas encore 17h, il fait bien sombre....

Avant toutes autres choses, j'aimerais vous poser une question...

Nous sommes à un mois juste de la "FIN DU MONDE".. 21.12.2012... Donnez nous votre avis, votre sentiment, votre ressenti par rapport à cet évènement...Je serais curieux de savoir  ce que vous en pensez...Alors à vos commentaires.. (J'imagine déjà très bien certaines réponses.. Celles de nos humoristes habituels)

Redevenont sérieux....Le blog remplissant toujours son oeuvre, j'ai reçu ce mot de Sophie LANTOINE ..

Bonsoir,
Je me permets de vous contacter pour mon père Yves lantoine qui a fait son service militaire entre 1957 et 1961 sur la base de Marrakech. Cette ville l'a marqué pour toujours. Il etait présent lors du tremblement de terre d'agadir. Nous sommes toujours revenus au Maroc au moins une fois par an. A ce jour j aimerais lui faire la surprise de l'emmener sur la base. En lisant votre blog j'ai pu voir que des personnes ont eu cette chance,pourriez vous me mettre en contact avec eux? Il est également en possesion de photos de l'époque que je me ferais un plaisir de vous poster à notre retour

J'ai bien sûr pris contact avec Sophie qui m'a donné quelques précisions et j'ai fait appel aux anciens de la Base pour qu'elle puisse avoir les renseignements souhaités. Elle me demande de remercier ceux qui lui ont fait réponse et elle m'informe qu'ils partent pour deux mois vers Agadir, comptant, si c'est encore possible (Difficultés pour entrer sur la base depuis l'attentat de Marrakech!) d'aller visiter les lieux où son papa a passé sa jeunesse.

Bon voyage, Mr LANTOINE et surtout bon séjour dans notre belle ville...

Maintenant, avant de vous éditer les deux paragraphes suivants du récit de Jacques, je voulais vous signaler qu'il m'a transmis de nouvelles photos en couleurs que j'ai inséré dans ses lignes...

Régalez vous à cette lecture.....

Le voyage de pâques avec Mme. Perrault et MC Sitz

 La jeep avait été convenablement préparée, nous envisagions de faire des voyages plus autonomes. Cette année-là, nous avions appris par des blédards chevronnés (il me semble que c'était M. Dupré) que le lac Iriki était en eau.

Situé entre Foum Zguid et Zagora, le lac Iriki, de nos jours parc national, est une vaste étendue plate sur l'Oued Dra qui, les bonnes années, s'emplissait de l'eau du fleuve en crue et devenait une extraordinaire réserve avicole, avec même des poissons qui vivaient entre les périodes d'humidité dans la vase ou l'humidité argileuse. Ce phénomène étant d'une part assez rare et d'autre part semblait-il menacé par la construction du barrage sur le Dra à Ouarzazate, il n'en fallait pas plus pour que la destination des vacances soit fixée. Ce serait Foum Zguid, Iriki, Tissint, Tata, Akka et le retour par Agadir.

C'était à pâques, et il fut proposé à des amis et voisins de nous accompagner en Renault 4. Comme il y avait deux garçons sensiblement de notre âge, c'était tout à fait intéressant pour nous, les jeunes, de nous retrouver. C'est ainsi que les familles Raballand et Beyris accompagnées de Marie-Claire Sitz partirent à la découverte du Sud.

 Dès l'Atlas franchi, un premier oued en crue donna l'occasion de tester les capacités de franchissement de la 4L, celles de la Land-Rover n'étant plus à démontrer. Ce fut, comme souvent, l'occasion de quelques images filmées par papa alors que je faisais traverser la jeep, puis je faisais demi-tour et je revenais le chercher pour qu'il puisse faire le même plan dans l'autre sens avec la 4 L.

 Rapidement, la température grimpa et notre arrivée à Foum Zguid nous amena à aller saluer le Khalifat Toumi au poste, c'est-à dire au bordj situé sur l'entaille dans le djebel Bani que l'on appelle un Foum.

 Au cours de la soirée à laquelle il nous invita, il apprit notre intention d'aller vers Iriki et il décida de nous accompagner afin de chasser un peu, et de nous guider. Cette présence n'était pas pour nous déplaire, car nous craignions toujours l'erreur de piste, et la galère surtout avec une voiture légère et somme toute un 4x4 à la fiabilité aléatoire.

 Il fut d'ailleurs décidé de ne pas partir avec la 4L, et ce furent deux Land-Rover qui partirent le lendemain matin.

 Le voyage d'une cinquantaine de kilomètres fut commenté par le Khalifat, qui nous narra ainsi l'histoire de la « femme folle » qui entreprit la piste à pieds vers la zaouïa de Sidi Abdenbi, un peu plus loin, en plein été et sans eau, et qui y perdit la vie.

Le désert fourmille de ces histoires, femmes fatales dans la montagne ou saints qui ont entrepris des parcours insensés. Il nous est arrivé de trouver des tombes dans les endroits les plus étonnants, quand ce n'étaient pas des nécropoles protohistoriques entières dont un grand nombre fut hélas saccagé depuis, à la recherche d'improbables trésors.

 La hamada laissa bientôt place à de larges zones argileuses, sur lesquelles il avait récemment plu. Car il pleut dans le désert, peu, certes, mais à cette occasion nous pûmes constater une explosion de la végétation, en dormance depuis plusieurs années sûrement. Il s'agissait de plantes grasses, dont tige et feuilles avaient stocké toute l'eau possible. La jeep rouait sur ce tapis impressionnant, le sol rouge de végétation, car ces plantes possédaient de surcroît une teinte rouge. N'allez cependant imaginer un champ de coquelicots, bien trop fragiles pour résister au vent et à la sécheresse du désert.

LAND ROVER

La LAND ROVER derrière celle du cercle de FOUM ZGUID

Notez la végétation exubérante!!!

   

 Quelques petits mamelons plus tard, nous fûmes à quelques mètres de la rive du lac. Un petit buisson de tamaris, correspondant à un lit souterrain quelconque, puis une immense étendue d'eau en plein désert. Des oiseaux en quantité : flamants roses et canards, farouches malgré l'absence relative d'hommes dans la région. En retroussant le pantalon, il était possible de marcher précautionneusement car le fond était fait d'une argile particulièrement glissante, et notre fierté aurait été mise à mal par une chute dans cette eau, quelque peu nauséabonde de surcroît.

 Notre ami le Khalifat partit à la recherche de quelque gibier, les canards lui semblant être tout à fait intéressants. Papa empoigna sa caméra, à la recherche de plans spectaculaires : flamants roses sur fond de désert et squelette de chameau mort de soif au bord du lac.

 C'est cela aussi, le Maroc : une terre de contrastes et d'improbables.

LAC IRIKI01

 Le problème du pique-nique avec un vent somme toute assez fort nous amena à dresser la tente.

 L'étonnement du Kalifat quand nous lui expliquâmes que nous avions une « khaîma » (tente de nomades) dans les coffres de la jeep ! Quelques minutes plus tard, la tente dressée et ouverte à tous vents car cela soufflait quand même, nous réussîmes à manger à l'abri du soleil, du vent et surtout... du sable. Imperceptible à hauteur d'homme, il était bien présent une fois assis, car cinglant notre corps et envahissant les yeux, tout en saupoudrant les sardines du sandwich d'une fine couche de sable ajoutant un croustillant désagréable à la kesra.

tente gonflée

La tente copieusement gonflée par le vent, abritée derrière la Land Rover

 Cet étrange équipage fut bien entendu abondamment filmé et photographié, et en fin de repas le Khalifat proposa de pousser jusqu'à la petite oasis de la Zaouïa Sidi Abdenbi. Un lieu saint, comme il en existe tant au Maroc.

 Quittant les rives du lac, nous retrouvâmes la hamada puis quelques collines en se rapprochant de la crête du Djebel Bani, et enfin arrivâmes à la Zaouia. Les quelques habitants, reconnaissant l'autorité administrative de la région, se précipitèrent pour préparer un thé à la menthe dont nous appréciâmes tous la douceur, à l'ombre des palmiers, dans le respect de la tradition des deux verres en en refusant le troisième, celui de l'invitation à rester. Cette impression d'être hors du temps, nous l'éprouvions souvent au Maroc, en ce début des années soixante. Cette tradition de l'accueil et de la gentillesse dans le sud, aussi. Elle valait aussi bien entendu un retour de notre part : cigarettes, allumettes, bonbons pour les enfants... Nos contacts étaient faits d'échanges, nous n'achetions rien, ni sourires ni sensations fortes tarifées, comme le tourisme actuel le propose.

 Nous rentrâmes à Foum Zguid et repartîmes le lendemain vers Tata.

 Un peu plus loin, ce fut Tissint, dont l'oued saumâtre coulait abondamment, et qui offrait le spectacle des enfants nageant comme de petits chiens (le poste de maître nageur n'était pas encore pourvu) au pied des cascades, et faisant quelques sauts moyennant quelques piécettes. Déjà l'industrie du cinéma naissait dans cette région. Le contraste de ces cascades et de cette vasque d'eau avec le désert alentour était encore une fois saisissant.

En continuant vers Tata, nous fûmes arrêtés par un habitant d'un petit douar qui nous demanda une « bomba kebir ». Avec force gestes et paroles nous fit comprendre ce qu'il entendait par « bomba kebir ». Il avait besoin de regonfler les pneus de sa motocyclette directement arrivée des Balkans, et ceux-ci étaient équipés de chambres à air avec valve de type automobile. Il ne pouvait pas utiliser la petite pompe de bicyclette (« bomba sghrir »), aussi répandue dans les douars que les épines le sont sur les pistes, et la « bomba kebir » était une pompe d'automobile. Comme nous avions toujours ce genre d'ustensile rangé derrière les sièges avant de la jeep, nous nous empressâmes de la lui prêter. En retour, pour nous remercier de l'avoir dépanné, il nous invita au thé, nous montra une petite gazelle qu'il avait recueillie et insista si bien que nous eûmes aussi droit au couscous à dix heures du matin. Enfin, onze, le temps de le préparer.

 Mon ami Christian s'illustra alors de curieuse façon. Alors que mon père nous avait demandé d'aller chercher dans la jeep un nouveau film 8mm pour la caméra, nous revenions vers la maison de nos hôtes en serpentant dans les ruelles du douar. Aux intersections des venelles se massaient enfants et jeunes filles en habit de fête, car ce devait aussi être l'Aïd...

 Il ne trouva rien de mieux que de s'adresser à une ma foi fort belle jeune fille par un « labes » (bonjour) cordial et urbain. Cela valut à l'intéressée d'être immédiatement entourée par toutes ses voisines, qui la touchaient, lui serraient les mains et apparemment la congratulaient. La gaffeur avait dû faire croire qu'il aurait l'intention de l'épouser, mais heureusement, on nous laissa repartir sans aller jusque là. Il faut faire quand même très attention à la façon dont on se comporte, dans une autre culture.

 Quand nous repartîmes, la journée était tellement avancée, qu'il nous serait impossible de rallier Akka le jour même. Il fut alors décidé de camper, au milieu de nulle part ! Quelques centaines de mètres pour s'éloigner de la piste, et nous nous arrêtâmes. Difficile de mettre deux véhicules en rond, toutefois, comme dans les westerns. Mais bien vite, la disposition idéale fut trouvée : véhicule du côté du vent dominant, pour le couper un peu.

 La tente comportait une chambre intérieure suspendue en toile jaune, avec séparation au milieu pour « isoler » les parents des enfants.

Une fois les matelas pneumatiques gonflés, les duvets furent disposés sur les matelas.

Le confort fut complété par la baladeuse qui fournit un éclairage suffisant. Nous avions expérimenté les « lumogaz », ces éclairages à gaz de la société Camping Gaz, mais les fragiles manchons ne résistaient pas aux cahots de la piste.

 Notre première nuit sous la tente, seuls et loin de tout en plein désert fut extraordinaire. A l'avenir, nous apprécierions de plus en plus cet hébergement, à tel point qu'il devint la règle pour nous dès lors.

bivouac nuit

Camping en retrait de la Piste

A Akka, nous logeâmes au Cercle militaire, où des chambres d'hôtes étaient disponibles.

La palmeraie nous offrit de belles scènes et de beaux chants de moissons. Papa enregistra consciencieusement son et image sur les appareils ad hoc. Il possédait un appareil extraordinaire pour l'époque, un magnétophone à bandes à pile. Fonctionnant en douze volt, il ne fallait pas moins de huit piles pour assurer une autonomie d'une heure environ. Il le faisait suivre dans les déplacements dans le sud, et recueillait souvent un franc succès en faisant écouter la chanson ou l'aouach qu'il venait d'enregistrer. « Kif kif la radio », disaient nos hôtes, et la chanson repartait de plus belle.

nord d'AKKA

Dans la palmeraie au nord d'AKKA

 Sur les indications de Marie-Claire Sitz, qui ne se déplaçait jamais sans son guide du congrès géologique au Maroc qui fourmillait d'informations sur tous les cailloux qui nous entouraient, nous nous mîmes en quête des gravures rupestres sur grès, célèbres dans la région d'Akka. Un guide nous conduisit sur une crête gréseuse surmontant le désert environnant, où nous découvrîmes les représentations animales caractéristiques des animaux sahariens d'il y a quelques milliers d'année, au temps ou le Sahara était une savane. Eléphants, bovidés à longues cornes et antilopes couraient sur les faces les plus planes des rochers. Certains d'entre eux avaient déjà suscité les convoitises d'amateurs qui en avaient orné quelque cheminée ou quelque séjour.

 Avant de jeter la pierre aux hommes qui avaient laissé partir cette histoire de leur pays, rappelons nous le sort des mosaïques gallo romaines qui servirent au 19ème siècle à décorer les entrées de maisons bourgeoises dans notre bonne France.

 Ce voyage fut caractérisé par une chaleur soutenue, qui nous permit d'apprécier les chapeaux, les T-shirts aux signes du zodiaque à la mode l'été passé, et les lunettes noires. La 4L appréciait moins, car comme toutes ses consoeurs marocaines, dès qu'il faisait un peu chaud, le refroidissement à eau en circuit fermé s'avérait insuffisant et le voyant rouge de manque d'huile (en France) indiquait en fait une surchauffe du moteur. Dix minutes d'attente capot ouvert et face au vent dominant permettaient de repartir, mais bien vite la vitesse réduite de la piste ramenait le température dans la zone rouge. Heureusement, nous n'étions pas tenus par une moyenne quelconque, et il suffisait de prendre son mal en patience.

pause4l

Pause refroidissement de la 4L. Capot ouvert, on attend que le voyant rouge s'éteigne.

 Après Akka, nous rejoignîmes Foum El Hassane, qui marqua notre point sud extrême. Repartant vers le Nord, nous nous trouvâmes alors sur une piste qui portait le nom de « Piste de Mauritanie ». C'était en effet la piste n°1, reliant Agadir à Nouakchott et Saint-Louis du Sénégal, et permettant ainsi une liaison routière entre les possessions françaises d'Afrique du Nord et d'Afrique Occidentale Française.

 Ce qui nous impressionna, fut l'effort de balisage et de sécurisation de cette liaison : cairns immenses tous les 500 mètres, postes de garde tous les 5 km. La France coloniale était passée par là et avait fait un énorme effort pour tracer ces routes Nord-Sud, vitales pour l'empire. Depuis 1954, cette route était coupée plus loin, à son entrée en Algérie. En continuant, c'était Tindouf, Atar, Nouakchott, Saint-Louis et Dakar. Le Paris-Dakar n'avait pas encore été inventé, et des relents d'aventure, de méharistes et d'aéropostale, tourbillonnaient au milieu de la poussière que nous soulevions.

 Nous arrivâmes enfin à Tarjicht, et allâmes une fois de plus au bordj pour demander s'il y avait des chambres d'hôtes pour nous héberger. Le chef de l'annexe militaire répondit par la négative, d'autant que le Caïd n'était pas là, en ce qui concernait les chambres, mais devant notre insistance, il finit par trouver un endroit dans les jardins du bordj qui pourrait accueillir nos tentes. Il suffisait de porter notre barda, et il nous guida vers l'endroit adéquat.

 Quelle ne fut pas notre stupéfaction de trouver une terrasse non loin de l'oued entièrement plantée de cette herbe verte rêche que l'on connait au Maroc sous le nom de kikuyu, et qui donne de belles pelouses. Après dix jours de poussière et de sable, Christian laissa tomber la sac qu'il portait et fit une magnifique roulade dans l'herbe, bientôt imité par les trois autres enfants. Palmiers, bordj du Sud, nuit étoilée et herbe sous les fesses. Encore un des contrastes du Maroc.

 Le retour par Agadir et Essaouira fut dénué de péripéties, mais arrivés à Marrakech, la baignoire contribua héroïquement à notre décrassage, car les douches étaient souvent absentes des lieux que nous fréquentions.

CA20

 

 Carte de la partie terminale du voyage. Notez la fameuse « piste de Mauritanie », ou piste coloniale n° 1, de Foum el Hassane à Tarjicht.

Les cartes et croquis ne sont pas toujours très lisibles, les plans scanés n'étant pas très importants en Mo. J'essaye toujours de les améliorer au maximum... (Note de Moi)

 

La vie culturelle Marrakchie

 Il y avait, à Marrakech, une vie culturelle assez dense. Il faut dire qu'en dehors de la radio, de la presse, et des livres, bien peu de distractions culturelles étaient proposées.

 Tout au long de l'année, les cycles de conférences « Connaissance du Monde », les représentations théâtrales des « amis du théâtre de France », balisaient la saison culturelle. Il y avait aussi me semble-t-il une saison de danse (les galas Karsenty ?) et la musique, mais ce n'était pas la tasse de thé culturelle familiale.

 Nous avions donc droit aux conférences « Connaissance du Monde », que nous apprécions énormément.

 C'était encore l'époque où l'on pouvait découvrir des paysages, des hommes et des civilisations commentés par un conférencier en chair et en os, le tout agrémenté d'anecdotes de voyage. C'était avant que la télévision ne nous noie sous un déluge d'images, de qualité toutefois, abolissant temps, distance et difficulté toutefois.

 Ces conférences se déroulaient au cinéma Palace. On y retrouvait le « tout Marrakech », mais surtout beaucoup d'enseignants. Difficile d'éviter son prof de mathématiques, de français, d'histoire-géographie ou de sciences naturelles. Nous y retrouvions donc souvent Marie-Claire SITZ, Stéphane Magnard, d'autres amis mais avec moins de régularité toutefois.

 Il s'était instauré au fil du temps un rituel qui consistait à terminer la soirée en mangeant les brochettes au restaurant d'à-côté, chez Lion. Je n'ai jamais su si Lion était un nom, un surnom, ni même s'il avait un rapport avec une personne ou un lieu. Peu importe, la soirée finissait à l'intérieur en hiver et sur la terrasse quand approchait l'été. Invariablement, la commande consistait en brochettes, keftas, merguez et frites, et elle se terminait au dessert par des pots de glace « pingouin » pour les enfants.

 D'autres groupes fréquentaient « Chez Zézé », le concurrent, mais nous n'avions pas trop nos repères là-bas.

 On rentrait tard ensuite, mais pas trop car le lendemain, il fallait se lever pour aller à l'école. Encore que nous habitions très près du Lycée, en léger retrait de la route de La Targa.

 Pour le théâtre, les choses étaient moins systématique. La famille prenait un abonnement pour deux personnes, et suivant la pièce, un adulte me laissait sa place. Quand mon frère, de quatre ans mon cadet, serait en âge, l'abonnement monterait à trois places.

 C'est que les parents estimaient que tout n'était pas bon à voir. Nous eûmes droit donc aux classiques (ma mère disait « les grandes barbes ») , indispensables à nos études : Racine, Corneille, et Molière qui était censé être plus léger. Bon, il fallait être convaincu du côté comique, surtout que pour nous il s'accompagnait de longues heures d'étude de ces textes en classe de français, le programme de l'époque prévoyant les auteurs classiques avec une complexité croissante des oeuvres au fur et à mesure que nous grandissions.

 Nous fûmes bientôt imbattables sur le Règle des Trois Unités (en un jour en un lieu un seul fait accompli), mais nous eûmes droit aussi à des pièces plus modernes, de Claudel (l'Annonce faite à Marie – mais je n'y compris goutte), de Marivaux (plus marrant, quand même), de Gogol (journal d'un fou) dont la représentation fut gâchée par les ricanements débiles d'un copain qui s'esclaffait à chaque fois que l'acteur parlait de son manteau, une « capote ».

 Le point culminant fut « Hernani » de Victor Hugo, où lors de la narration de la destruction de la ville par l'incendie, un fusible eut la bonne idée de claquer ce qui répandit une odeur de brûlé dans la salle. Le public resta indécis, les acteurs continuèrent imperturbables et c'est par « Le petit Marocain » du lendemain, le journal quotidien du matin, que nous apprîmes cet incident.

 A un moment, le Palace ayant été indisponible pour je ne sais quelle raison, les représentations eurent lieu au Casino de Marrakech. Bizarrement, le fréquentation d'une clientèle select augmenta, et j'eus la surprise de retrouver des copains plus âgés « habillés », en grande conversation avec des jeunes filles pimpantes, et même de retrouver mon professeur de mathématiques sur la piste de danse lancé dans un charleston endiablé, lui qui était l'image du calme et de la rigueur en classe.

 Cela m'avait bien plu, mais les parents, assez puritains de côté là, tempérèrent mon enthousiasme.

 Les dimanches, il y avait une fois par mois une sortie de la société des sciences naturelles de Marrakech. Elle rassemblait quelques professeurs de cette matière, la plupart de Sciences naturelles comme on disait à l'époque, et quelques amateurs très éclairés, ingénieurs, géologues ou agronomes. Elle nous permit de visiter des mines de cuivre, des sites géologiquement remarquables, tel le site de Demnate et ses empreintes de dinosauriens, quelques fermes aussi.

 Parmi cette assemblée, j'étais étonné de retrouver notre marchand de jouets de l'Avenue Mohammed V, Pierre Caillens, dont la fille cadette se trouva être dans la même classe que moi l'année où notre professeur, Mademoiselle Mazel, demanda de faire une collection de roches. Entre Hélène et moi, ce fut une compétition féroce, une jalousie larvée qui se termina par la sage note de 17 pour chacun. Je me suis toujours demandé cependant ce qu'il aurait fallu présenter pour avoir 20... Sauf à faire deux fois le tour du monde, peut-être.

 C'est ainsi que peu à peu je plaçai synclinaux et anticlinaux dans le bon sens, que je m'aperçus que j'appelais à tort des marnes « argiles », et autres détails propres à éduquer un enfant de treize ans. Sans doute cette éducation fut-elle bien menée, puisque la géologie se trouva être une matière de prédilection à l'université quelques années plus tard.

CA21

Visite à des amis dans un bled. X, Mme MAHEU, Maman, X

Voila mes chers lecteurs et Marrakch'amis. C'est tout pour aujourd'hui. Je vous souhaite bonne lecture du récit de notre merveillaux conteur qu'est Jacques...J'y ajoute des pensées amicales pour ceux qui souffrent.... dans leur coeur et dans leur chair.

Et je vous dis à Bientôt, pour de nouveaux épisodes...Votre toujours MICHEL

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