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Notre marrakech 45-70
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2 avril 2008

NOS MAI 1968

Voila, les premiers récits des Mai 68 des MARRAKCHAMIS arrivent. 3 sont déjà la, le mien sera le dernier, pour cloturer cette série de récits FIL ROUGE... et rouge est certainement le bon mot puisque tous les étudiants de cette époque étaient Communistes, Trotskistes, Maoistes ou quelque chose en "istes". C' était il y a 40 ans. C'est aussi à cette prériode que maints d'entre nous, terminant leur cycle d'études secondaires allaient partir en France pour entrer dans les Grandes écoles ou Université.. Moi même j'étais depuis 3 ans en Métropole et j'avais 22 ans.... mais ce sera une autre histoire.

Je vais commencer par celui de JACQUES, fils de notre prof de Math à HASSAN II. Son récit est détaillé, complet et humoristique. Il amorce la pompe, il ne vous restera plus qu'à continuer à pomper et à m'envoyer ces tranches de vie qui nous ferons mieux connaître LES MARRAKCHAMIS...Si vous retrouver des photos de vous à cette époque, elles seront les bienvenues... Tiens .. j'en entends qui murmure: "Le Michel voudrait bien revoir des photos de ses copines adolescentes!) Oui car elles étaient toutes très mignonnes.

Mais passons aux choses sérieuses. Voici le premier :

Mai 1968 ! Pour beaucoup, ce sont des images de barricades et de charges de CRS, images en noir et blanc d’un Paris que nous ne connaissions que peu.

Pour nous, adolescents exilés à Marrakech, élèves de terminale, la tourmente parut bien lointaine. La prise de conscience politique du lycéen de terminale au Lycée Victor Hugo était toute relative, et ce décalage nous isolait de la compréhension de ce qui se passait.

Mon 1968, ce fut l’année du bac, bien sûr. Du père-cent tout d’abord, sortie rituelle organisée cette année-là en Médina, dans un Riad, chez Jamal Stitou me semble-t-il. Animée par un orchestre dont la plupart fréquentaient le Lycée, et dont je ne connaissais pas ce talent.

Puis nous parvint le bruit d’une agitation croissante en métropole. Les échos nous en parvenaient par les ondes de France-Inter, que nous captions tant bien que mal la nuit tombée sur le TELEFUNKEN fourni par Radio Atlas Service, qui attaquait gaillardement sa huitième année de bons et loyaux services, son « œil magique » vert clignotant au rythme du fading des grandes ondes. Les ratés dans l’arrivée des journaux (en fait la censure), nous en avions l’habitude. Mais les journaux ne revinrent pas, puis enfin la radio se tut. La grève générale atteignait tous les média. Plus de nouvelles de France, « le petit marocain » donnait quelques nouvelles de l’international en page 3 ou 4, les une et deux étant réservées aux cérémonies de réception des dignitaires par Sa Majesté le Roi.

Je me souviens avoir un jour ramené triomphalement de chez Chatr (le successeur de Martin, Avenue Mohammed V, ou était-ce encore Martin ?), un numéro de TIMES MAGAZINE qui faisait un point sur les « évènements », la « french revolution »… Je crois que ce jour là mon père m’a traité de « petit con » parce que ce que j’avais compris était assez proche de la réalité, mais pas trop, et surtout très éloigné de ce qu’il aurait aimé qu’il se passe ; sans que j’aie jamais pu savoir s’il regrettait son passé de communiste révolutionnaire, s’il critiquait les idées de révolution irréaliste des mao-spontex et autres trotskystes, ou si des années de « Paris Match » et « France Inter » n’avaient eu de l’influence sur notre perception de ce qui se passait en métropole…

Ce dont je me souviens surtout, en cette période charnière de ma vie parce qu’elle devait marquer le départ de Marrakech pour aller faire mes études à Bordeaux, c’est de la désorganisation complète des examens, et donc du bac, qui s’est traduite par une disjonction des épreuves pour les « marocains » et les « européens ». Les premiers passeraient un examen écrit, traditionnel, les autres un examen uniquement oral à Rabat. La séparation d’avec nos camarades de classe, qui faisaient partie de notre quotidien, fut brutale, radicale, et bien souvent définitive. Après le bac, tous dispersés dans les universités et les filières, je ne devais plus revoir la majorité de ceux qui avaient été mes compagnons d’études pendant sept ans.

Nous voilà donc libérés de l’obligation de suivre les cours (il y avait aussi un peu de flou chez les enseignants) et à potasser le bac (ou à bachoter la potasse) entre nous. Entre voisins, nous avons naturellement opéré des regroupements stratégiques et des alliances objectives, et nous voilà avec Jacques Angelou (9 Rue Lamure) occupés à réviser dans la touffeur du mois de juin, où dès 11 heures du matin, les fenêtres fermées permettaient de ne pas trop dépasser les 27 ° dans l’appartement. (Son frère Marc révisait avec quelques copines me semble-t-il – mais il y a prescription). Comme chez lui il y avait un climatiseur (rarissime en 1968), nous « bossions » au frais dans sa chambre et dans son salon. Il y a eu, je ne sais, une quinzaine de jours je crois, de bûchage intégral. Rythme d’enfer, matières par demi-journées, quelques cours de maths rapides avec mon paternel, dont je faisais le désespoir parce que j’étais scientifique mais pas matheux.

Il y avait cependant l’intermède du week-end. Cette année là, nous avons dû aller une ou deux fois à Souira Kedima. Une vingtaine de kilomètres au sud de Safi, à l’embouchure du Tensift, un vieux fort portugais marquait la fin de la côte rocheuse et le début d’une anse de sable doré. Quelques rochers au large protégeaient un peu de la houle. Ce petit coin agréable était cependant en train de se transformer. Avec l’arrivée du complexe chimique de Safi, une nouvelle végétation apparaissait, des concrétions calcaires envahissaient les rochers et les moules sauvages provoquaient de des incidents gastriques fâcheux. La pollution sauvage était en marche. J’espère que depuis des mesures ont été prises pour y mettre fin. Il n’y avait pas encore le camping qu’a connu ma femme, ni même les résidences qui sont en train d’y être construites. Pour nous, il s’agissait de dormir sur la plage, sous la tente bleue qui avait déjà fait le sud marocain en long et en large, de Mogador à Tarfaya et de Foum el Oued Dra à Erfoud. Le vent y était frais, mais interdiction de rester trop longtemps au soleil, pour ne pas attraper un des ces effroyables coups de soleil marocains, qui nous cuisaient pendant deux-trois jours et qui nous valaient des tapes amicales dans le dos au moment de rentrer au Lycée.

Mais en mai ou juin 68, le lycée…

Puis ce fut le départ sur Rabat. La solution de l’hébergement avait été trouvée chez des amis des Angelou, dont nous mettrions la caravane dans le jardin. Départ donc en voiture, la caravane suivant tant bien que mal et ayant tendance à vouloir passer devant dès

60 km/h

. Marc, le frère aîné, possédait et le permis de conduire et la dextérité nécessaire pour manipuler l’attelage. Expédition, à l’époque et par ces températures, il s’agissait de partir tôt pour arriver vers Settat avant la montée de la chaleur, et surtout éviter de four de la plaine de Benguerir.

Puis ce fut le grand matin, la montée à l’assaut de la colline au sommet de laquelle se trouvait le lycée Descartes. Nous avions repéré le trajet la veille, afin de ne rien laisser au hasard. Le hasard des listes alphabétiques faisait que nous passions tous le même jour, mais dans trois jurys différents. Je me rappelle seulement que nous en avons profité pour proposer fort civilement à deux jeunes (blondes et charmantes, bien sûr) lycéennes Rbatias de les emmener là-haut, et que la plaisanterie pour détendre l’atmosphère a été « Vous allez passer le bac ? Oui. C’est la première fois ? Oui » rougissant de la plus blonde. « Ben moi, c’est la dernière » ai-je fanfaronné. Cela a détendu l’atmosphère qui en avait bien besoin.

En fin de journée, éreintés d’être passés par tous ces interrogatoires, nous avons tous été reçus. Sauf qu’à Rabat, cette année là, le taux de réussite fut très loin des 80% métropolitains, et plus près de 50 %. Mais je n’ai jamais pu le vérifier. Coup de téléphone à Marrakech, où le fait que nous soyons tous reçus a résonné dans l’immeuble pendant toute la soirée. Joie des parents, qui s’étaient mis dans la tête qu’il y aurait bien un collé et que la joie des uns serait ternie par le soucie des autres. Eh bien non ! La totale. Le petit nuage !

Le lendemain, remis de nos émotions, nous sommes revenus vers Marrakech dans l’Opel break remorquant la caravane. Celle-ci avait tendance de temps en temps à partir en roulis, et il fallait la calmer d’un coup de frein énergique pour éviter de la retrouver couchée sur le flanc de la route…

Evidemment, à

60 km/h

, en plein après-midi et tractant la caravane vers Marrakech, on a atteint plusieurs fois la zone rouge du thermomètre de la voiture, d’où arrêt en rase campagne pour laisser refroidir. On en profitait pour griller une cigarette, essayer de capter une musique américaine sur l’auto radio de la voiture, regarder passer un camion… Mais nous étions bien seuls. De nos jours, entre air conditionné, GPS et téléphone portable, en ne peut plus imaginer ce qu’était la route à l’époque. Benguerir et les Djebilet franchis,

la Koutoubia

en vue dans la poussière du traditionnel coup de vent du soir, puis enfin l’avenue de CASA à

40 km/h

, le rond-point du consulat, à droite sur la route de

La Targa

et juste avant le petit marché, à l’abri de trois faux poivriers, le parking de l’immeuble…

Le reste devient flou, car au frais du climatiseur, une ou deux bouteilles de « Mumm » cordon rouge importé par la valise diplomatique (Madame Angelou travaillait au Consulat) ont été descendues par les héros du jour, leurs frères et sœurs et leurs parents. Jacques Angelou répétait à sa mère : « tu vois, maman, tu l’as eu mon bac ! », mon frère faisait la gueule, il n’avait eu que son brevet, ma mère trouvait que regardais drôle la sœur de Jacques et Marc, mon père n’en revenait pas... On s’est tous pris un bon coup dans le nez, on rigolait de tout... La vie d’étudiant commençait, il faudrait quitter les copains et les copines en septembre ou octobre, on ne savait pas tant la situation était encore confuse.

C’est en septembre, avant de partir faire mes études à Bordeaux, que des cousines et nièces de coopérants en visite à Marrakech m’ont initié à la politique, amené à approfondir la libération sexuelle et autres choses qui allaient vraiment prendre de l’importance dans le futur. 

Ensuite, ce fut l’avion, le saut dans le froid, les 250 élèves de première année de fac de biologie (on n’a jamais vu cela, mon cher !). Mon mai 68 à moi, je l’ai fait en novembre 68, quand j’ai dû apprendre à décrypter les affiches caricaturant les CRS, critiquer le pouvoir gaullien qui avait vacillé, rencontrer des mandarins… Tout un vocabulaire dont le séjour à l’étranger nous avait privé.

Bon départ, n'est ce pas?  Merci JACQUES,  J'attends les suivants...

Jean Marc, lui m'a fait parvenir quelques photos que je vais vous éditer maintenant.

                              Rond_Point_2

J'adore cette photo, car c'est vraiment le souvenir de ma jeunesse. La place de l' horloge, la vieille poste, Le FOYER MODERNE, le café de l'Atlas, le Grand bon marché.. les arcades de l'immeuble Gidel...mais ne radotons pas, nous en avons déjà parlé si souvent.

Comme ce blog est censé nous apporter des nouvelles des anciens de Marrakech, je vais, et avec un grand plaisir,  vous en donner  de Francoise, la petite marrakchie qui actuellement vit au Costa Rica. Elle a eu la gentillesse de penser à nous en texte et en images..

Bonjour Michel

Merci  de te soucier de ma santé: un peu plus d'un an après mon opération,je peux dire que le chirurgien a fait du bon travail.

Je te joins des photos prises il y a 15 jours à la frontière du Nicaragua côté caraïbe. C'est le paradis des oiseaux,des crocodiles et des caïmans mais pour aller là-bas, il faut un vrai 4X4, car il y a 38kms de vraie piste.  Sur place,c'est superbe de simplicité et de nature colorée, d'oiseaux qui vont et viennent totalement protégés.Je regrette de ne pas avoir le don de savoir peindre!Le gérant est allemand et d'ailleurs il y a énormément de touristes allemands qui viennent.

Nous serons en France en septembre pour faire connaissance de notre petite fille Emma née le 6 novembre.Puis retour au Costa-Rica jusqu'en août 2009.Puis la retraite bretonne......

Le mois d'avril ici annonce le retour de la saison des pluies pour 7 mois!  Mais on ne quitte jamais la couette de l'année du moins à San José! Je t'adresse toute mon amitié.

Françoise
Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, il y a des photos...débauche de couleurs. Merci FRANCOISE

100_3923

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100_4024

C'est très beau... Mais rappelez vous, 7 mois de saison des pluies. Nous qui nous plaignions quand nous ne voyons pas le soleil pendant deux ou trois jours....

Ma maman disait souvent, lors qu'un hypothétique nuage cachait Phébus pendant quelques instants et que la clarté revenait " Ne lui faite pas peur! Soyez sage, sinon il va repartir". Oui mais à MARRAKECH le soleil nous l'avion toute l'année. Les jours de pluie étaient des cadeaux de la nature...

Je vais en profiter pour montrer une photo que mon frangin Frédéric a retrouvé et m'a fait parvenir de ma maman comme vous l'avez connue, vous les anciens et toujours mes actuels amis.

_maman

Est ce que je la trouve la plus belle, parce qu'elle était ma mère?

Peut être mais comme chacun de nous a dans le fond de son coeur , ou une maman encore présente ou le souvenir de l' être que nous avons chéri, chacun d'entre nous trouve que sa maman est la plus belle Maman du monde? Ais je tort ?

Et à ce sujet Raymond QUILLES, m'avait envoyé ses voeux pour Pâques en me joignant une photo de sa maman... Je ne peux résister à vous montrer ce sourire maliciex et la joie de vivre qu'elle émet.

Madame QUILLES portez vous bien, vous qui avez cotoyé nos parents pendant cette période heureuse du Marrakech d'avant.

Pour un article du Mercredi je trouve que je vous ai gâté. Il ne me reste plus qu'à chercher un "PANNEAU RIGOLO" très actuel en ce début avril et la boucle sera bouclée.Je pourrais vous dire : Votre toujours MICHEL

poisson

mai_2007_001

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Commentaires
N
J'ai oublié de communiquer mon adresse mail<br /> norbert.allainmat@wanadoo.fr
N
La lecture de ce blog m'a rappelé les années heureuses passées au Maroc, et en particulier les week end que nous passions à l'auberge des Aït Ourir, chez Thérèse et Jean, chez qui nous étions reçus comme en famille. A l'époque j'entretenais des relations amicalmes avec leur petite fille Françoise. Est ce d'elle qu'il est question dans ce blog. Je me souviens avoir assisté à son mariage à Casablance, mariage célébré par le père Norbert, qui portait le même prénom que moi.
M
oui des pensées pour ceux qui sont dans la peine, Sylvie et Lahcen.<br /> amitiés. Monique
P
De retour de voyage je prends des nouvelles de vous amis de ce blog. Je partage la peine de ceux qui se trouvent confrontés " au dernier départ". Je partage aussi l'émerveillement des couleurs. La chaîne d'amitié nous entraîne dans ces bonheurs et ces ruptures. En fait un mot : VIE
D
Je pense à vous en ces moments douloureux, Sylvie, Régine, Lahcen, jr duid de tout coeur avec vous. Danka<br /> <br /> P.S. Pour Michel Dupré : pourriez vous demander à Françoise Reina si je peux lui écrire directement sur son mail. J'ai su par Joseline qu'elle m'avait envoyé un petit message, que j'ai raté hélas.Merci d'avance
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