Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Notre marrakech 45-70
Notre marrakech 45-70
Archives
Derniers commentaires
18 décembre 2007

Une légende se retire....

Voila une bien triste nouvelle. N’ayant plus de mails en provenance de Marrakech et d’Akim, je l’ai contacté, lui demandant de me dire ce que son CHIBANI de Grand Père devenait et pourquoi il ne m’avait pas écrit ces derniers temps. Il y a donc quelques heures j’ai eu cette réponse :

Monsieur MICHEL… Pardonnez moi de ne pas vous avoir mis au courant, mais mon grand père, dont on ne sait pas vraiment l’age, s’est rapidement affaibli, des douleurs multiples le faisant souffrir. Son état de santé ne lui permettant plus de tenir sa place parmi les conteurs, jongleurs et autres acrobates de J’MAA el FNA, j’ai du le raccompagner dans le Moyen Atlas au village où habitent encore mes parents. Vous le savez, il est très attaché aux traditions et il a fermement refusé de voir un médecin en ville. C’est donc dans notre Douar qu’il est allé consulté le médecin traditionnel. Celui-ci malgré les potions et les poudres qu’il a préparé pour mon grand père, n’a pas pu faire grand-chose. Je crois que c’est l’air pur de son Atlas et la présence de sa famille et de ses amis qui lui ont redonné quelques forces.

Il ne reviendra certainement plus jamais sur SA place, enchanter les touristes (qui ne comprennent rien à ses contes) et dispenser des leçons de morale aux jeunes gens qui venaient l’écouter. Mais les enfants de notre village se réjouissent car il trouve encore la force de les captiver par quelques histoires courtes mais qui frappent leurs esprits.

Le douar est assez isolé et l’Internet n’y arrive pas encore, c’est pourquoi je ne vous ai pas écrit plus tôt.

Je vais y retourner pour l' AID el KEBIR et partager en famille nos différentes fêtes, qui cette année coïncident  avec les vôtres. Actuellement, pour un court passage à MARRAKECH, je souris en voyant les grands complexes hôteliers orner les "hôtels à touristes" de décorations de Noël. Le temps est magnifique et je suis sûr que vous aimeriez voir briller les cimes enneigées de l’Atlas derrière les remparts rouges de la Médina  au dessus desquels les plumets des dattiers viennent mettre une touche de  vert ondulant. Je me souviens que vous aviez dit que c’était un de vos meilleurs  souvenirs et mis une photo de ce genre dans un de vos anciens articles.

Pour ce qui est des contes du CHIBANI, je n’ose plus lui demander d’en inventer pour vous mais je me permets de vous rapporter une courte histoire qu’il a récemment raconté à un groupe de jeunes enfants qui se chamaillaient, chacun voulant imposer aux autres son idée quand à l’aménagement d’une vieille maison à rénover pour en faire un lieu de rencontre. En gros, voila ce qu’il leur a dit :

Dans un lac du moyen Atlas, se trouvait un énorme brochet. Celui-ci pour satisfaire sa faim se mettait en embuscade et croquait tous les petits poissons qui passaient devant son repaire…. Chaque alevin ou jeune poisson s’affolait à l’idée d’être mangé et de ne plus revoir ses frères et ses amis. Un jour où le brochet s’était éloigné de sa tanière, un poisson plus malin que les autres rassembla ses congénères et leur dit : « Au lieu de vivre chacun de notre coté, isolé les uns des autres et de servir de repas au monstre du lac, nous devrions nous rassembler pour former une masse plus grosse que lui. Il n’osera ainsi plus nous attaquer ».

Ce stratagème ne fonctionna pas vraiment car, affamé, le brochet fonça dans le troupeau de poissons et  dévora ceux qui n’étaient pas vraiment dans la masse,  les retardataires et ceux qui septiques n’adhéraient pas à cette idée.

Le plus malin rassembla de nouveau tous les siens et leur dit : « Nous allons former une masse plus compacte que la première fois, mais surtout qui aura l’air de ressembler à un énorme brochet. Ensuite nous irons très près de la surface pour nous montrer aux hommes »

Ce qui avait été dit fut fait. Cette fois ci tous adhérèrent au nouveau projet et c’est ressemblant à un énorme poisson qu’ils vinrent nager près du village où des pécheurs jetaient leurs lignes. Devant cet afflux de poissons, les gens du village trompés par la taille de ce qu’ils croyaient être un énorme poisson sortirent un  filet à grosses mailles et le tendirent en travers d’un bras mort. Les petits poissons attirèrent ainsi le brochet à leur suite et en arrivant à la hauteur du filet ils s’éparpillèrent passant tous très facilement au travers des mailles.  Le brochet lui s’empêtra dans le piège et fut capturé par les villageois.

Comme à son habitude le Chibani demanda aux enfants ce qu’ils retiraient de cette histoire. Au bout de quelques balbutiement, un de mes jeunes frères, dit : « C’est en se mettant tous ensemble qu’ils ont résolu leur problème ». Les autres enfants comprirent très vite qu’il valait mieux s’entendre que se diviser pour rénover cette vieille maison et c’est en riant qu’ils repartirent vers le travail qui les attendait.

Pour être franc, je dois dire que ce n’était pas la première fois que j’entendais mon grand père raconter cette histoire et que mon frère avait du se souvenir de la réponse à donner.

Voila Mr MICHEL, je pense que ce conte qui s’adresse plutôt à des enfants pourraient utilement être mis en application par tous les peuples de la Terre pour faire que notre avenir soit plus agréable à vivre. Je n’aurais qu’un regret, c’est que si vous venez prochainement en vacances dans votre ville natale, vous et vos amis vous n’aurez plus l’occasion de chercher parmi les conteurs de la Place lequel était le Chibani …..

Sans le savoir et certainement sans le connaître, le Chibani a parodié LA FONTAINE, mettant des animaux en situation pour faire la morale aux enfants. Sommes nous vraiment des adultes ou des enfants attardés ? C’est ce que je me demande quand j’entends aux JT de 13 ou de 20 heures que nous ne sommes pas capable, à l’échelle internationale, de nous entendre pour tirer le chariot dans le même sens et trouver des solutions rapides aux différents problèmes que posera la survie de notre environnement dans quelques décennies si les « fous » et les dictateurs qui encouragent les guerres et les exactions ne se font pas mettre au ban des sociétés.

Enfin, je me suis permis, et je recommence ici, de me faire votre porte parole pour demander à Akim de bien dire à son Chibani de grand père que nous penserons bien à lui et que nous lui souhaitons d’être heureux au milieu des siens dans son douar isolé. Qu’ Allah veille sur lui, il nous aura fait rêver avec ses contes de la Place D’JMAA EL FNA.

Pour ce soir je n’aurais rien à ajouter, mais je voulais rapidement vous tenir au courant de l’état de santé d’un vieil homme que nous avons peut être croisé un jour, sans le savoir, dans un fondouk de la médina ou errant dans la palmeraie de Marrakech. Que la paix vienne vous visiter et vous permettre de passer une bonne nuit. Votre toujours MICHEL

Publicité
Commentaires
B
Ah, si M2M avait un peu de culture religieuse, il saurait que Popaul a écrit "les raisins de Corinthe", mais ensuite devant le succès en librairie (n°1 au top des ventes de Noël à Bethleem lors de sa sortie en avant-première) il a récidivé en publiant beaucoup plus tard "les raisins de la colère" sous un nom d'emprunt. Naturellement les américains ont souhaité en faire un peplum, mais la crise économique aidant, le réalisateur a propulsé l'action au vingtième siècle,dans le middle west. Et l'amour qu'on retrouvait dans le premier livre s'est transformé en humour pour égayer une époque devenue difficile. "Trèfle" de baliverne, comme dirait le bourricot laché dans la luzerne.<br /> Je redeviens plus sérieux et plus chaleureux pour souhaiter à tous de bonnes fêtes de Noël, une bonne fin d'année, une joyeuse année 2008 remplie d'évènements heureux. Je pense à ceux d'entre nous qui ont connu des épisodes douloureux en 2007.<br /> Chibani est retourné chez lui, abandonné par la force physique, mais l'esprit toujours vif, transmettre son savoir, sa philosophie de la vie, sa sagesse, son amour des autres. Suivons son exemple pendant ces quelques jours, nul n'est besoin d'aller trop loin pour trouver l'occasion d'aider. Les rues des petites villes sont envahies de gens dans le besoin, privées de la parole des autres. L'avantage du Maroc, c'est qu'on n'abandonne pas les vieux au coin de la rue.<br /> Ce qui va manquer au Chibani c'est le contact avec son "public" et la flamme s'éteindra doucement dans l'Atlas, là où elle est née. Disons à Akim qu'elle nous a réchauffés jusqu'en Occident, loin, très loin de Jemââ El Fna. Alors Chibani sentira en lui cette petite chaleur de la dernière bougie. Il roulera lentement la semoule dans sa main, la portera à sa bouche, mâchera ce mets mélangé à quelques raisins et rerouvera le plaisir de nos ancêtres recevant leur orange de Noêl. Existe-t il une différence avec nous à part quelques décennies?<br /> J'ai toujours aimé Noêl pour les cadeaux et surtout l'amour que me transmettaient ainsi mes parents et grands-parents. J'en fais autant maintenant avec mes enfants et petits-enfants, mais que de différences autour de nous. Quand j'étais gamin il m'arrivait de cacher certains cadeaux pour ne pas faire envie aux autres enfants.<br /> Dans le bled nous recevions, sur la place de la cantine, la visite de la camionnette d'un commerçant juif dont l'enseigne était "Au petit bénéfice". Un petit malin avait rajouté à la craie: "mais au grand profit". C'était gag et je m'en rappelle encore, le voyant effacer l'inscription en rigolant. Il est vrai qu'à cette époque tout se passait bien entre toutes les communautés, et il faisait vraiment partie de notre paysage, colportant tous les objets indispensables aux ménages. Je me souviens parfaitement de la carabine à flèches offerte par Mr Ennouchi. C'était avant 59, mon entrée en sixième au lycée Mangin.<br /> Combien de millions de souvenirs d'enfant avons-nous dans notre besace cérébrale? Quand je vois mon petit-fils déballer ses cadeaux devant le sapin, j'y pense et j'essaie de lui fabriquer des souvenirs heureux.
R
le blog est bien désert.<br /> je suis, bien contente pour le "Chibani", il doit être heureux dans son village. je pense que cela lui arrivera dans le futur de venir y faire un tours à Djemaa el fna.<br /> Akim l'accompagnera bien. Il aurait fallue mettre par écris toutes ses histoires.Je suppose que cela doit être chose faîte. <br /> Passez tous un bon Noêl avec, comme le veut la tradition, beaucoup de beaux cadeaux
M
En hommage au Chibani je proposerai aujourd'hui un autre conte. Sur le Blog de Michel, après un article «des fleurs et des fruits » du 31 mai j’avais donné un conte fleuri au bougainvillié dans un commentaire du 1er juin. Ce conte berbère très ancien, antérieur à l’islam, mettait en scène une djennia (féminin pour djinn) devenue chatte noire. L’actualité récente m’amène à vous proposer une version plus conforme à l’islam de cet antique conte berbère. La chatte est blanche au lieu de noire et se transforme en belle jeune fille et non en danseuse. Cependant étrangement sa naissance a plus à voir avec celle de Jésus qu’avec celle d’un prophète classique. J’ai légèrement modifié le récit pour le rapprocher de l’actualité hexagonale récente.<br /> <br /> Il était une fois une femme qui était bien malheureuse car elle n'arrivait pas à avoir d’enfant. Elle était mariée depuis longtemps et, malgré ses prières, sa maison était triste, sans joie et sans vie. <br /> Un jour, elle était si triste qu'elle éclata en sanglots et s'écria : « Dieu tout-puissant, toi qui peux tout, aie pitié de moi ! Je t'en supplie, envoie-moi un enfant, même tout petit, même une chatte me ferait plaisir ! Oui, même une petite chatte ! »<br /> Dieu l'entendit et exauça son voeu. Neuf mois plus tard, elle mit au monde une petite chatte d'un blanc éclatant avec un tout petit point ‘bruni’ sur son minois. <br /> La femme fut très heureuse et passa son temps à élever sa chatte qu'elle aimait d'un amour infini. Et la chatte devint de plus en plus belle, charmante et agréable. Elle minaudait avec grâce et miaulait d’une voix particulièrement mélodieuse et douce.<br /> Quand elle eut grandi et fut devenu raisonnable, la mère laissa la chatte aller se promener en ville. La jolie chatte aimait découvrir tous les spectacles de la ville, de la rue, des marchés. Elle y apprit beaucoup.<br /> Un jour, elle voulut visiter le jardin jouxtant le palais du roi. Devant la porte, un jardinier l'arrêta brutalement : « Où vas-tu ainsi ? Le jardin royal est interdit aux bêtes à poils de ton espèce. »<br /> La chatte chanta en employant des mots dans une langue incompréhensible et le jardinier se retrouva renversé, la tête au sol, les pieds en l'air, sans pouvoir bouger ni crier. <br /> La chatte alla vers des pommiers qu’avait fait planter le prédécesseur du roi, elle quitta sa peau de chatte et devint une très belle jeune femme. Elle remplit son panier de pommes, remit sa peau de chatte et quitta le jardin en fredonnant une chanson douce comme un murmure du vent dans les roseaux. Le jardinier se retrouva sur ses pieds sans comprendre ce qui s'était passé. <br /> Les jours suivants, la chatte revint dans le jardin du roi qui venait de se séparer de sa deuxième femme et il arriva la même mésaventure au jardinier. À la fin, le jardinier pris peur et alerta le roi. Le lendemain, sa majesté alla se cacher dans le jardin. Il aperçut la chatte arriver, entendit les paroles bizarres qu'elle chantait et vit le jardinier tomber à terre sans bouger. Puis le roi observa la chatte se débarrasser de sa peau et se transformer en une très belle jeune femme vêtue d'une robe blanche. Elle remplit son panier de pommes, mais au moment de partir, elle vit qu'elle avait perdu sa bague. Le soleil allait se coucher, elle rentra vite chez elle et y retrouva sa mère. Le roi l’avait suivie discrètement pour repérer sa maison. Il en parla avec Mam, la reine mère, qui s’occupait de l’Intérieur au palais et y faisait régner une discipline toute militaire.<br /> Le lendemain, le roi, accompagné de Mam se rendit chez la femme à qui appartenait la chatte, Ils frappèrent et déclarèrent qu'ils voulaient acheter la chatte. Mais la femme refusant ce marché leur dit : « Majesté, ma fille n'est pas à vendre. »<br /> Alors, le roi sortit la bague et la montra à la chatte. Celle-ci quitta alors sa peau de chatte et redevint une belle jeune femme avec un tout petit point ‘bruni’ sur son minois. Sa mère n'en croyait pas ses yeux, carla surprise fut totale. Quant au roi, il la demanda en mariage et fit faire une promenade à la jeune femme dans un royaume imaginaire où des souris à grandes oreilles fabriquaient des dollars verts.<br /> « Hon-ni Cola qui Coca y pense ! »<br /> Voilà un conte pour faire rêver les jeunes filles qui pensent qu’elles ont toutes leurs chances pour trouver un prince charmant si elles sont bien sages, cueillent des pommes, rentrent le soir avant la nuit et restent habillées tout en blanc.<br /> Amitiés aux chattes et à tous les Marrakch'amis<br /> Salam Alikoum.
Notre marrakech 45-70
Publicité
Publicité