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Notre marrakech 45-70
Notre marrakech 45-70
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11 décembre 2007

Les retours se succèdent

Un article lundi et un mardi.. je vous gâte... mais je ne pouvais pas laisser passer le retour de Jojo et de ses amis qui rentrent de MARRAKECH...Et nous avons des photos..

Mais je vais d'abord laisser la parole à Georges:

Mais vraiment quel hasard ! comme Rafaéla, moi aussi je rentre de Marrakech. Avec plusieurs anciens (voir photo) nous avons fait un pèlerinage pendant une semaine, de l'église Saint Père

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au cimetière et en passant par tous les lycées, y compris le lycée Hassan II où nous avons dû aller très peu de temps avant Rafaela car nous avons fait pratiquement les mêmes photos.

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Et puis, comble du comble, en prenant la photo de la devanture de Mirgon, nous avons rencontré une femme qui  m'a demandé ce qui m'intéressait sur cette devanture.

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Je lui ai expliqué que nous étions des anciens de Marrakech et que le nom de Mirgon nous faisait encore saliver. Après un sourire, elle nous dit "  allez voir dans la voiture garée en double file, Marcel , mon père, s'y trouve "

Nous nous sommes précipités et avons pu lui parler et en évoquant nos souvenirs une émotion nous a traversé (sa fille nous a avoué regarder le blog de temps en temps).

Nous retrouver tous ensemble pendant une semaine fut un moment magique, plein d'émotion. Nous avons remémoré toute notre jeunesse du lycée à la piscine Chant Alouette. Chaque coin de rue nous évoquait une anecdote.

Nous avons reçu un accueil fabuleux, chaleureux de tous nos amis marocains restés sur place que nous les remercions encore vivement. Les couscous, tajines, pastillas, tridd ont été notre menu quotidien. Nous nous sommes régalés.. C'était une semaine que nous n'oublierons jamais et que nous espérons renouveler l'année prochaine. Ceux qui voudront se joindre à nous pour vivre ces moments intenses, seront les bienvenus.

Amitiés à tous

Je crois bien résumer le bonheur que chacun d'entre nous ressent à la vue des photos et à la lecture de ce compte rendu des vacances marrakchies de tous nos amis...L'invitation que Georges nous fait en fin d'article risque d'être accepté par tous les amoureux de la Ville Rouge que nous sommes...

A L'ANNEE PROCHAINE????

Mais Jojo n'est pas le seul à m'avoir envoyé des photos. Mamie PAULETTE, elle aussi nous montre quelques vues du Maroc prises au cours d'un de ses derniers séjours au Pays...

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L' entrée de l'hotel KOUTOUBIA près de la cité FOUQUES

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En montant le col du Tichka

La qualité n'est pas exceptionnelle car ces photos sont tirées de diapositives. Mais merci, chère Paulette de continuer à penser à nous.. Bonne santé et au plaisir toujours renouvelé de vous lire.

Ce soir ce sera un petit article, court, mais intense car il me remue les tripes..Ce groupe de copains d'alors qui semble vraiment s'éclater en retrouvant leurs 10-15 ans. Je salue tout particulièrement Marcel et son épouse en regrettant que ce soit Jojo qui ai tenu l'appareil et j'invite tous les autres participants à me faire parvenir photos et anecdotes, d'aujourd'hui et surtout d'avant.. Merci d'avance.. les amis...

Toujours votre MICHEL

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9 septembre 2011

Tentative réussie: Des photos

Comme vous pouvez vous en rendre compte, mes tentatives d'illustrer l'article d'hier ont avortées. Je vais donc maintenant tenter d'éditer les photos avec seulement quelques commentaires.....

Les cache-pots :

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En cours de fabrication.

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Plusieurs modèles différents

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Le jardin est fleuri.

L'oasis de sérénité et de lumière:

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 Le garde manger du héron s'est transformé...

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Terminé de jour...

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et de nuit.....

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Voyage à ZURICH:

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Les amoureux

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Zurich une très belle ville où flotte une odeur de chocolat.

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Des montagnes de chocolats.. à tout et de tous les parfums.

Et puis une promenade sur le lac.

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Je prend des photos pour vous.

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Un restaurant au bord de l'eau

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Retour à quai avec le jet d'eau dans le fond.

Mon adolescence... Pêche au barrage. Un Black Bass

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Que nous avons mangé.. Sur cette photo je suis avec Albert GOZLAN.

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Maintenant quelques unes des diapositives prisent par mon père. Le temps ayant fait son oeuvre, les couleurs étaient un peu passées. J'ai donc fait des retouches....Mais les sujets sont d'origine.

 

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La suivante est de moi en 1969 lors de mon voyage de noces à Marrakech, je la trouve réussie.

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Et la dernière pour vous mettre des souvenirs au coeur.

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Voila, je vous l'avais promis je l'ai fait. reprenons le cour normal de la publication des articles et lorsque j'écrit NOUS, c'est que comme souvent j'ai besoin de votre collaboration... Alors à vos claviers et à vos boites à chaussures.

Toutes mes amitiés. Votre toujours MICHEL

16 juin 2012

Un tas de souvenirs et de photos....

Bonjour chers amis Blogeurs...Il s'est encore passé plus de deux semaines depuis le dernier article. Ais je des excuses? Non pas vraiment,si ce n'est qu'un court passage à l'Hôpital dont je suis bien sorti. Je ne veux pas tout vous dire mais je marche de nouveau normalement et je souhaite que cette gêne ne revienne pas trop vite (Le chirurgien me l'a prédit).
Ensuite...J'ai pris aussi un peu de temps pour ouvrir un compte sur Facebook (à la demande de mes enfants: Papa....ce serait bien si tu étais aussi sur FB pour......). Donc le temps de prendre en main cet inscription sur ce nouveau moyen de communication, de créer un groupe que j'ai intitulé "Marrakchamis" et qui attend tous ceux qui seraient intéressés par une participation active. J'avoue être un peu craintif pour le Blog, car j'aimerais toujours recevoir de votre part, ces anecdotes et ces photos qui viennent le faire vivre....Pensez à moi.
Aujourd'hui je prends place devant mon clavier pour vous rejoindre.
Oui je sais, la dernière fois, les photos ne sont pas passées. Le pourront elles aujourd'hui?  Je vais tout faire pour...Celles de notre couple d'amoureux, amoureux de Marrakech aussi. A leur retour ils m'avaient envoyé ceci. Merci DONA et ERIC.
 
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J'ai fais un copier-coller d'un article de Wikipédia pour vous commenter ces photos.

Aït-ben-Haddou est situé dans la vallée de l’Ounila, au sud de Télouet, fief du Glaoui, vallée qui était un point de passage traditionnel des caravanes reliant Marrakech au sud du Sahara.

C’est un exemple frappant de l'architecture du sud marocain traditionnel, sur le flanc d’une colline au sommet de laquelle se trouvait un grenier collectif. Le village se présente comme un ensemble de bâtiments de terre entourés de murailles, le ksar, qui est un type d'habitat traditionnel présaharien. Les maisons se regroupent à l'intérieur de ses murs défensifs renforcés par des tours d'angle.

Tout autour de ce douar un ensemble de villages se regroupe. Tous ont été attirés par une rivière qui traverse une vallée. Les habitants de ces douars sont pour la plupart des berbères anciennement nomades qui ont ensuite choisi la sédentarité pour des raisons diverses.

Le ksar d'Aït-ben-Haddou est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987. Surnommé « le Mont-saint-Michel des chleuhs2 » pendant le protectorat français.

Mais ils n'ont pas été les seuls à visiter le Sud marocain. Notre amie CLAUDINE, dont le père était sur la BA 707 dans les années 1960 me fait parvenir "Mon retour aux sources"

 

Mon rêve a été longtemps l'espoir de retourner sur les traces de mon enfance à Marrakech.

J'ai rêvé de nombreuses années avec mes souvenirs, j'ai cassé la tête de mon mari et de mes enfants avec "MON" Maroc.

Et pour mes 60 ans,ce fut mon cadeau! Les enfants avaient écrits sur ma carte :

"TON DEVOIR REEL EST DE SAUVER TON REVE".

C'est le bonheur que j'ai pu réaliser.

C'est la gorge serrée que j'ai pu refouler ce sol le 5 mars 2008 après l'avoir quitté en janvier 1961.

Nous avons fait une semaine de circuit MARRAKECH - OUARZAZATE. Puis 1 semaine stationnés à Marrakech pour redécouvrir la ville.

A travers le Haut Atlas et le franchissement du col TIZIN-TICHKA 2260m, nous sommes arrivés dans un paysage grandiose et désertique, prélude du sud fascinant. 

Puis ce fut la route des milles Kasbas Skoura - Kelaa Mgouna, Boulmane Dades .

Aprés un déjeuner au bord des gorges du Todra (grandioses), nous avons visités la vallée du Dadés , puis retour à Ouarzazate pour le soir.

Le lendemain : visite des Kasbahsde Taourirte et du village de Ait-ben -Haddou.

Puis ce fut sur la route de Zagora : Agdz et la vallée du Draa.  Visite du Ksar Tissergate , Erfoud , Alnif et sa belle palmeraie.

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Excursion en 4x4 sur la piste en direction des dunes de Merzouga pour y attendre le coucher du soleil. Grand moment dans le silence du désert en compagnie d'un "homme bleu" qui assis près de moi, m'apprenait à écrire son nom et moi le mien sur le sable fin en attendant le coucher du soleil.

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Le lendemain départ sur Midelt par Errachidia, avec la traversée du Ziz.

Aprés un bon tajine, nous continuerons sur Beni-Mellal en traversant le Moyen Atlas.

Le 7ème jour direction Kelaa Sraghna une des plus importantes régions agricoles du Maroc . Il y pousse absolument tous les fruits et légumes possibles .

Et le soir Retour à Marrakech pour une petite semaine de redécouverte.

A vrai dire ce 1er contact après tant d'années a été difficile pour moi, car je n'y retrouvais plus "mes marques", la ville avait beaucoup évoluée, des chantiers partout, des avenues immenses.

Je n'ai pas retrouvé toutes ces jolies villas qui faisaient le charme d'une petite ville de province.  La ville s'est étendue englobant les douars aux alentours. Ce qui permet de voir sur la route voitures, mobylettes, ânes, chameaux et troupeaux de moutons. Tout ce petit monde ne respectant pas vraiment les feux tricolores permettent un concert de klaxons des plus folklorique!

Mais très vite dans les souks, sur la place Djemaa el Fna , les odeurs, les épices, les couleurs, l'animation : j'ai fait un bon de 40 ans en arrière. On reprend vite le "mode"de vie cool et la douceur d'y vivre.

Grace à ce premier contact mon mari Philippe comprends mieux mes récits, les lieux etc...

J'y ai retrouvé les lieux incontournables: le jardin Majorelle , la Mamounia etc...

Nous sommes rentrés avec pour moi plein de soleil dans les yeux .... 

M'étant promis de revenir, nous y sommes retournés en mars 2011 uniquement à Marrakech que j'ai arpenté à pieds de long en large pour y faire "mon pélerinage"et y retrouver tous les lieux où j'avais vécu ( écoles, lycée, églises, piscine, Base aérienne etc...) ce que j'ai pu faire avec un bonheur que tu ne peux imaginer.

Voici un résumé de mes retrouvailles avec mon pays de coeur après une si longue rupture.

Claudine, merci de nous avoir fait partager le récit de ton rêve exaucé...Je vais éditer toutes les photos que tu as joint à ton courriel pour que nos amis puissent aussi en profiter....

Si ce récit vous donne des idées, je serais toujours là pour les concrétiser sur NOTRE BLOG....

C'est aussi Gérard AEBISCHER qui m'a un peu poussé à m'inscrire sur Facebook car j'avais reçu ce courriel de sa part et il m'avait intéressé en m'invitant à visiter son profil. Je vous en donne lecture après en avoir retiré quelques lignes qui me sont personnellement adressées.

Bonjour!

Je suis né au Maroc( Mazagan) en 1950, mon frère Jean-Yves est de 1947. 
J'ai vécu à Marrakech jusqu'en 1970, et y suis retourné très souvent, puisque ma mère, elle, y est restée jusqu'en 1981...Mon père était militaire de carrière, au Camp Mangin, ........
 Maman n'a jamais voulu quitter Marrakech...Elle était d'abord institutrice à l'école primaire du Camp Mangin, puis à l'école du Guéliz, puis les Oliviers...ensuite, prof d'histoire géo au Lycée Ibn'Abbad, (ancien Mangin), puis dans divers établissements marocains, où elle a enseigné le français...
Parallèlement, elle a été prof de musique  à Victor Hugo, chef de choeur, déléguée des "Jeunesses Musicales", etc, etc..... 
Si tu veux plus de détails sur mon parcours, je suis sur Facebook, à mon nom...

 .........

Je pense que nos parents devaient se connaître...Nous étions très amis avec une prof d'Hassan2, qui s'appelait Françoise Ballot...  

Moi, j'ai fait mon CP à l'école du Camp Mangin, le reste à l'école des Oliviers, puis 2 ans au Lycée Mangin, et le reste à Victor Hugo...J'ai eu mon Bac en 70, puis, la France... 
Voilà pour les présentations...Notre mémoire fera son chemin...!Amicalement...Gérard.

Un nouvel ancien qui vient rejoindre NOTRE BLOG. je lui souhaite la bienvenue et l'invite, comme tous les nouveaux, à se plonger dans ses cartons à chaussures et à nous faire partager les photos de l'époque qui seraient encore en sa possession. Il m'en a déjà fait parvenir 3. Les voila.

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L'Ecole des OLIVIERS

Eglise_des_ST_Martyres

L'Eglises des ST Martyres

Lyc_e_victor_Hugo

Le Lycée VICTOR HUGO

Il m'a également fait parvenir trois photos de classe. Vous cliquerez dessus pour les agrandir.

La première est de 1958 à l'école des oliviers, l'institutrice est sa maman, le deuxième en 1954 à l'Ecole du Guéliz (2° rang, 4° à droite), la dernière est une photo de 1962 en 5° au LVH (3° rang, 3° droite)

Ecole_des_Oliviers__Maman_19581954_Maternelle_Ecole_du_Gueliz2_me_rang_4_me___droite1962__5_me_Lyc_e_Victor_Hugo_3_me_rang_3_me___droite

Maintenant je devrais vous offrir les chapitres suivants du Roman de JFK notre casablancais-canadien. Mais des problèmes d'édition (Le village où je vis n'est pas encore complètement équipé en "Haut débit" et cela fait deux fois que je recommence TOUT) me font penser que je vais envoyer cette première partie et mettre les  trois chapitres d'Habiba dans un autre envoi....

Je vous souhaite une bonne fin de semaine. Votre toujours MICHEL

15 juillet 2012

Un souvenir précis et HABIBA 12

Bonjour les Marrakchamis. Un des derniers commentaire provient d'un marrakchi qui y vit aujourd'hui. Je veux parler de Harji, qui ayant retrouvé une photo de classe de 1966-67, rêve de retrouver quelques uns de ses anciens camarades de classe. Je viens de lui répondre que je ferais ce qui est en mon possible pour l'aider dans ses recherches. Bien sûr, dès que j'aurais des précisions, je vous mettrais à contribution pour agrandir le cercle de recherches.

Les dernières nouvelles qui nous parviennent de notre belle ville, nous disent qu'il y fait très chaud, mais très chaud, puisque le thermomètre y frise les 50 degrés.

Lorsque je jette un oeil dehors, je ne vois que des nuages, des précipitations et mon thermomètre extérieur, lui, indique des "Chaleurs" avoisinant les 17-18° degrés.

N'ayant absolument rien reçu de votre part pour illustrer cet article c'est moi qui vais rechercher une image des années 50, qui s'est imposée à moi en lisant le commentaire de Harji et la photo d'un massif de capucines prise dans mon jardin hier soir alors qu'un rayon de soleil éclairait notre soirée.

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Dans les années 50, j'habitais avec mes parents et mes jeunes frères dans une maison traditionnelle de Bab Doukala. Elle était situé dans une petite ruelle sombre et dans laquelle les voitures ne pouvaient pas passer. Il y avait une sorte de porche vouté qui réduisait encore le passage et l'entrée de notre maison se trouvait à droite dans un renfoncement.

La porte était de bois, verte ou bleu foncé (J'ai la mémoire qui flanche) avec un gros heurtoir noir qui représentait une main tenant une grosse boule. Elle s'ouvrait à deux battants, mais il y avait aussi dans un des battant, une petite porte qu'on ouvrait pour laisser entrer les personnes.

De là, un couloir de quelques mètres nous faisait pénétrer dans la cour intérieure. Oui cette demeure était constituée d'une cour intérieure qui donnait sur les pièces réparties sur les quatre cotés.

A gauche du couloir, une très grande pièce que mon père avait transformée en "Atelier" dans lequel il s'adonnait à son hobby "Le radioamateurisme" Il était CN8BS.

En face de l'entrée, une série de pièces. Les toilettes, la salle de bains (Précaire) et une très grande cuisine dans laquelle nous mangions. Le troisième coté, c'était les chambres à coucher (trois dans mon souvenir), le quatrième coté, une grande pièce , salle à manger et salon. Des divans bas avec des coussins et des tapis que mon père avaient achetés dans l'Atlas.

Mais ce qui reste gravé dans mon souvenir c'est cette cour intérieure. En son centre il y avait un massif rond que ma mère emplissait de capucines. En étoile, quatre petites allées qui rejoignaient le centre des cotés et entre ces allées, des massifs de terre fleuris. Les rebords de ces massifs étaient en carreaux de faience(?) bleu marrakech. Mon père avait tendu des cables en travers de la cour, attachés au toit de la maison et sur lesquels il avait fait étendre des cannis qui nous protégeaient du soleil.

Saadia, notre bonne qui nous a suivi ensuite à l'immeuble du Colisée, jetait de l'eau sur le sol carrelé pour qu'une humidité rafraîchisse l'athmosphère.

Au début de la ruelle,vivait la famille LECOLE (Je ne suis pas sur de l'orthographe) avec un fils Yvan qui était mon copain. Nous achetions chez l'épicier de la ruelle des cailloux pétaradants que nous faisions rouler dans la cour intéreieure de notre maison et qui faisaient crier ma mère qui n'aimait pas ça....

Voila, une partie de ma jeunesse qui vous est révélée. Si vous avez aussi des souvenirs de cette sorten hésitez pas à me les faire parvenir à mon adresse E.mail, je les éditerais volontiers.

Maintenant, quelques chapitres d'HABIBA....Certains d'entre vous doivent pester car je ne viens pas assez souvent sur le Blog... Pardonnez moi, mais les retraités n'ont plus de temps pour rien...

la maison du roumi

Remonter l’allée carrossable serait trop facile, trop prévisible, d’autant qu’elle est pavée de presque neuf ce qui est incompatible avec le lavis sépia de mes souvenirs.

Je choisis donc le chemin des écoliers, le sentier qui fait le grand tour, longe l’oued, contourne la futaie d’eucalyptus, traverse l’amandaie et l’olivette et revient sur la maison en rasant la bergerie en pierres sèches qu’une affreuse haie de figuiers de barbarie protège des mauvais esprits.

Est-ce le temps passé ou les broderies de la mémoire mais les dimensions, l’envergure de la colline, le creux du vallon, tout me paraît beaucoup plus étriqué.

Le paysage a rétréci.

Entre la rangée d’eucalyptus qui bornait la propriété et l’encavure de l’oued Ghebar, de l’autre côté, il y avait un voyage, presque un pays et, bien sûr, une enivrante aventure.

Mais voilà, de ce pays merveilleux d’où mille arbres ont isparu sous la hache des ratisseurs, il ne reste guère que quelques enjambées, tout juste un maquis lilliputien.

Une image d’encyclopédie me hante.

Un décor lunaire. Verdun 1916.

A perte de vue, des corps, trois cent mille au moins, du brun, du vert, du rouge, des hommes des deux camps qui ont enfin trouvé la paix, empilés les uns sur les autres.

La butte, les ruisseaux, la forêt, tout a disparu, haché, déchiqueté, aplani par un déluge de fer et de feu. L’infamie a oublié quelques moignons de bois ici et là, des javelots fichés dans un cimetière de chair, de monstrueux menhirs de mort.

C’est horrible.

C’est à cela que ressemble mon maquis.

Les glaneurs et les charbonniers ont rasé les eucalyptus, déchaussé, déchiqueté les amandiers, écartelé et broyé les oliviers. Ils ont tout brûlé. L’église verte est morte.

Il ne reste, au sommet de la colline décharnée, qu’une poignée de chicots, une ligne d’épineux bien armés et, curieusement, quelques mimosas difformes dont les branches retombant au sol, font penser à de monstrueuses araignées consternées par cette désolation.

C’est horrible.

Je suis arrivé à la cascade.

De rigole qu’il est habituellement, l’oued, au printemps, se prend pour le mustang du Rio Grande. Comme la grenouille de La Fontaine qui  s’étend, s’enfle et se travaille pour égaler l’animal en grosseur,  il fait la grosse voix, bouillonne et galope vers l’océan tel un cheval emballé pour hurler sa peine et se plaindre des hommes.

Aujourd’hui l’oued est au plus fougueux de sa cavalcade mais vite, le beau temps revenu, il se calmera, pansera les rives blessées, baignera les narcisses et ravivera les mousses.

Il bercera les gambusias qui patrouillent sous les nénuphars et musardera autour des rochers où somnolent les tortues.  

Sur le versant opposé il y a une poignée de haricots blancs jetés sur un tapis vert : des brebis qui vaquent tête baissée en mastiquant avec conviction leur chique de chlorophylle.  

Au milieu des haricots, juchée sur une butte, une silhouette élancée, étirée comme un Giacometti : un berger dans sa gandoura blanche. Il chante.  

Sa chanson, douce comme une prière infinie me parvient par bouffées parfumées au romarin. La belle est partie. C’est une plainte, un cri, un sanglot qui vogue par la voix du vent.

L’inconnu chante les amours fragiles, je n’entends pas sa langue mais sa mélancolie me chagrine. Dans son microcosme je ne suis rien, je n’existe pas, mais je sens que je lui vole une désespérance qui n’appartient qu’à lui.

Cette sérénité bucolique me rassérène, les blessures de Verdun cicatrisent mais je me refuse à franchir un pas de plus entre l’avant  et le triste aujourd’hui du paysage.

Je décide de remonter vers la maison.  

Le sentier a été dessiné par une chèvre fantasque. Il est encombré de tant de bosses moussues, de touffes multicolores et de bouquets odorants fléchissant sous leur poids de rosée qu’il me faut zigzaguer pour ne pas les bousculer. J’enjambe la fourmilière, j’évite la sauterelle et le crapaud paresseux. Ils habitent ici : prière de ne pas déranger.  

Une petite toux m’a surpris en plein vol au-dessus d’un thalle de champignons. Puis ce coup de semonce à l’importun sautillant comme une cocotte de Lagerfeld :

 – T’es qui ?

 Je découvre, sous l’amandier, une poupée tirée à quatre épingles, l’air grave, les bras croisés et des yeux comme deux fenêtres de ciel. Elle est assise sur un tabouret de trayeuse, jambes inclinées et genoux serrés. Un frisson entre les branches l’auréole d’une pluie de pétales rosés. C’est Marilyn enfant posant pour Vogue Bambini. 

Crâneuse, presque effrontée, une main sur le cou du vénérable setter irlandais qui me surveille d’un oeil placide, elle me défie :

 – T’es qui, toi ?

 Elle porte un joli fichu sur la tête, une blouse de coton blanc avec des manches qui bouffent aux coudes, une jupe marine, des socquettes de coton et des sandales vernies.  

Belle comme une nonnette à l’heure de la messe. J’allais dire adorable, mais non, elle a plutôt l’air du soldat qui garde la reine des termites.

Un tout petit soldat, avec des allures de princesse.

Je lui ai dit « Salam à toi, Lâlla !»  Madame.

Elle le mérite bien.

Je n’ai pas parlé l’arabe depuis des lustres et c’est revenu comme ça, tout naturellement. Comme le goût du bonbon anglais.

Elle a baissé les yeux, l’air absente, et me renvoie un Salam du bout des lèvres.

Pas bêcheuse, pas timide : je ne l’intéresse plus, c’est tout.

L’indifférence a pris le pas sur la méfiance. La présence duvieux setter n’y est sûrement pas pour rien.

 – Est-ce que ton papa est là ?

 – Je n’ai pas de papa.

 – Ah…

 Elle lève les yeux, me dépiaute comme un lapin suspendu au croc du boucher puis constate froidement : 

– Tu es chibani…

Chibani, le Vieux ! C’est raide, mais… c’est évident.

 Elle se baisse, reprend le livre coincé entre ses chevilles, l’aplatit sur les genoux. Le Marsupilami. J’adorais les aventures du Marsupilami mais je ne crois pas que mes goûts littéraires l’intéressent.

Sans plus me regarder elle lance :

– Est-ce que ta grand-mère est morte ?

– Pardon ?

– Pourquoi tu es venu ? Est-ce que ta grand-mère est morte ?

– Non… Oui ! Il y a longtemps !

– Ah…

Pause…

J’ose…

– Je cherche la maison de Madame Chkoune.

Elle ne répond pas, c’est le collier de coquillages entortillé à son poignet qui est le nouveau centre du monde.

J’embraye de nouveau :

– Tu as quel âge ?

Son âge…

Elle hésite.

Elle repose le Marsupilami, porte son pouce gauche aux lèvres, puis l’index, puis le majeur, elle compte mentalement.

Elle me montre, elle a toute une main avec un doigt un peu plié. Khamsa -, cinq ans ?

Non, non, de la tête.  

Elle corrige : c’est plutôt une main de quatre doigts et un bout de doigt… hésitation…

 – Arba-ou-nouss !

Arba, c’est quatre. Arba-ou-nouss assaisonné d’une pincée d’hésitation, c’est quelque part entre quatre-et-un peu et quatre-et-demi.

Je confirme, quatre et quelques…

Elle hoche la tête : j’ai bien compris.

J’ai aussi compris qu’elle comprend mon charabia mais ne parle pas parce qu’on ne parle pas à des étrangers.

Elle appelle :

– Maman, il y a un chibani !

Pas de réponse. 

– Maa-Man ! 

Pas de réponse.

Elle hausse les épaules, visiblement excédée, se lève, ordonne :

 – Attends !

 Pose le Marsupilami et le collier de coquillages sur le tabouret, prend son envol et disparaît en sautillant à clochepied sur une marelle imaginaire.  

Une buse tournoie dans le ciel.

Une poule pressée farfouille le sol, picorant sans gène le bout de ma chaussure.

Il y a deux cigognes au nid, sur l’arbre mort.

De son vivant on l’appelait le Géant Vert.

Figées une patte en l’air, les cigognes en redingote en noir et blanc philosophent. Elles parlent en castagnettes et portent bonheur à ceux qui les regardent.

Clop, cataclop, la princesse est de retour, caracolant cette fois sur un invisible pur-sang :

– Viens !

La princesse s’appelle Myriam, m’apprend-elle.

– C’est un joli nom.

– Je sais.

Un vrai petit soldat, finalement.

   
 

la toubiba

Bien sûr, j’ai reconnu la maison. Bien sûr, elle a été agrandie, de beaucoup, sur le côté ouest mais la terrasse entourée de buddleias, le vieux figuier, l’escalier en dalles de schiste, tout est encore là, avec un petit quelque chose de différent.

C’est indéfinissable, comme une patine… un peu comme une image jaunie exhumée d’une boîte à chaussures.

Le fond, le cadre, l’atmosphère, c’est tout ça qui est différent. Ce n’est plus tout à fait… ce n’est plus moi, ce n’est plus mon histoire. La haie de lauriers roses n’était pas là, avant. Maman n’aimait pas les lauriers roses, ils ne servent à rien. Maman disait que… mais cela n’a plus d’importance.

– Alors, tu viens ?

– J’arrive, Princesse !

Près de la porte une poule rouge caquète, bat des ailes et s’enfuit. Comme si elle se souvenait…

De quoi une poule rouge peut-elle bien se souvenir. L’éclat d’une lame ? Le sang qui gicle ? Je ris, c’est nerveux, la princesse, la poule décapitée, Verdun, le  Marsupilami… c’est surréaliste.

Un chat sorti de je ne sais où se collette avec l’ombre d’une feuille prise dans une toile d’araignée. Les cigales stridulent un concerto d’acouphènes.

Une femme apparaît sur le pas de la porte, la cinquantaine élégante, des cheveux noirs aux épaules, un beau visage au teint mat et de fines pattes d’oie autour des yeux, signes évidents d’une belle humeur.

Elle porte une djellaba beige pâle, d’un tissu si fin qu’il en est diaphane. On devine, sous cette tunique, une blouse et un jean délavé dont l’ourlet tombe sur des ballerines dorées.

L’encolure de la djellaba, largement échancrée, est soulignée d’un délicat entrelacs de fils de soie et d’or, très haute couture.

– Madame Chkoune, je présume…

Un éclat de rire et une poigne énergique :

– Ah, non ! Je suis le Docteur Lamrani. La Toubiba… ou Leila, si vous préférez.

– Mais… On m’avait dit… Le  BièneBi ?

– Le riad. Oui, c’est bien ici. Nous vous attendions.

– Ah bon ! Mais …

– Vous êtes bien Paul-Henry B…?

J’acquiesce de la tête, à défaut de pouvoir placer un mot.

 

– Lalla Chkoune était ma mère. Elle est décédée il y a quelques mois. Elle allait fêter ses soixante-dix ans…

– Oh, je suis désolé…

– Oui, oui, merci ! Nous ne voulions pas désappointer les clients et continuons à les recevoir. Ce n’est pas très compliqué, vous savez, ce sont des habitués pour la plupart, et il n’y a que deux chambres.

Je tente une pointe d’humour :

– Seriez-vous une sage-femme recyclée en maître queux ?

– Non, non, pas du tout ! Je dirige le service de chirurgie de l’hôpital Royal.

– Pardon, je voulais seulement…

– Je sais… Ce n’est rien. J’ai pris quelques jours de congé pour décider à tête reposée ce que je ferai du riad.

– Ah…

– Et, rassurez-vous, je n’opère ni les clients ni les poulets !

Ma pointe d’humour a explosé en vol…

Deux femmes d’un certain âge, assez corpulentes et singulièrement accoutrées d’une manière d’uniforme, tablier rayé bleu et blanc, fichu assorti, très quatre étoiles de table champêtre, sortent de l’ombre : 

– Laissez-moi vous présenter Hadija, notre cordon-bleu et notre Grand Rapporteur de commérages. Si elle vous coince entre deux portes vous n’y couperez pas, c’est une incorrigible bavarde ! Quant au caporal Latifa, ex-infirmière en chef, elle voit à tout dans la maison, gère ma vie, choisit les fleurs, gronde les clients mais se mettra en quatre pour rendre votre séjour agréable.

Elle a un geste vers la terrasse :

– Et vous avez déjà rencontré Myriam, notre très gracieuse mouche du coche !

– En effet !

– Elle vous a pris pour un pèlerin égaré.

– Oui. Je crois qu’elle a même précisé un  chibani !

– C’est vrai, pardonnez-la ! A cet âge, les enfants ont encore vision très radicale du monde qu’ils s’approprient. Le mentir-vrai n’existe pas, seule l’évidence… mais, allez, je vous ennuie !

– Pas du tout !

Il y a de la gaieté dans ses yeux, et bien de l’esprit dans ses réparties… ça promet.

– Mais asseyez-vous, je vous en prie.

Sur la terrasse ombragée par un figuier centenaire, quatre petits fauteuils entourent une table basse. Sur la table un plateau en cuivre, une théière en argent, un bouquet de menthe verte, un pain de sucre, quelques dattes et des chebakias, ces délicieuses pâtisseries enrobées de miel et parfumées à la fleur d’oranger. J’étais attendu…

Un peu plus loin, une espèce de samovar, un antique lavemains et sa bouilloire, tout le nécessaire pour la cérémonie des ablutions avant de planter ses doigts dans le coucous.

– Vous verrez, c’est l’heure la plus agréable, ici, à l’ombre du figuier !

– Oh, je sais…

J’allais rétorquer que… mais elle m’a interrompu pour commander, à la cantonade :

– Latifa, tu veux bien servir le thé ?

Si je sais ce qu’est l’heure agréable, à l’ombre du figuier !

Oh oui, je le sais ! Je suis même là pour ça !

J’allais dire que…

En me coupant la parole la Toubiba m’a permis d’entendre ma petite clochette intérieure, le signal d’alarme. Ding ding, clignotant rouge, chaud, danger… rentrer dans la coquille et… la boucler !

Je me concentre sur le gros figuier qui sème des millions de blastophages dans l’atmosphère. Ces minuscules bestioles devraient s’employer à féconder le dit figuier mais elles aussi, pendant l’heure agréable, préfèrent patauger dans le miel des chebakias. Je me tairai donc.

Je m’étais juré, en préparant ce voyage, de jouer au touriste innocent pour éviter de m’empêtrer dans des explications laborieuses.

Je suis ici pour visiter le musée de cire que j’ai inventé, pour explorer, avec l’appétit du médecin légiste, une nécropole figée, inerte, mais voilà que j’ai failli, bactérie dans une bousculade de bactéries, prendre place sous l’oeil du microscope.

Oui, j’ai habité ce pays, il y a bien longtemps, mais révéler que j’ai habité cette maison n’ajouterait rien. La Toubiba est chez elle et je suis l’invité. Prétendre que ce paysage, que cette maison sont miens, que les parfums de jasmin et de menthe m’appartiennent aussi, que les mimosas, le figuier… Non !

C’est moi qui suis le greffon rejeté, moi qui tente d’escamoter l’entracte, de nier le passage du temps.

Je me tairai donc.

A garder le silence je ne serai coupable de rien.

 

le biènebi de lalla chkoune

Caporal Latifa a sonné la fin de l’heure agréable et m’invite à regagner mes quartiers. Myriam enjambe le cabot étendu sur le seuil et me fait signe de la suivre.

J’ai instinctivement baissé la tête en entrant.

C’est curieux, cette impression… on dirait que le temps a rapetissé les maisons de notre jeunesse. Les marches sont plus raides, les murs moins hauts et les portes plus étroites.

La terrasse donne de plain-pied sur le living dont le fond est fermé, côté nord, par une immense cheminée à voûte dans laquelle j’ai déjà vu rôtir un veau.

Sur la gauche, à la place de la chambre des filles, une porte d’arche ouvre sur une cour intérieure, un patio que je ne connaissais pas, une tache de soleil.

A droite, les fenêtres sur le jardin ont été murées. Une demi-douzaine de luminaires en forme de minuscules torchères dessinent des boules de lumière orangée sur les murs.

Le plancher de marbre est pratiquement invisible sous d’épais tapis brun et ocre, des marmouchas enjolivés d’arabesques compliquées de couleur rouille.

La banquette basse qui court le long des murs est noyée sous de gros coussins en velours marine ornés de papillons dorés butinant des orchidées géantes. Entre deux coussins un livre ouvert, deux ou trois journaux pêle-mêle et, assez incongru dans cet environnement, un ordinateur portatif qui ronronne. La conjugaison de tous ces objets, des couleurs et de cette lumière a quelque chose d’étonnant. D’assez chaleureux.

Hétéroclite… mais charmant.

Au centre du salon paradent deux impressionnantes tables basses, deux hexagones en cèdre massif incrustés de petits losanges de nacre et d’un lacis de motifs mauresques en bois foncé. Les plateaux sont gravés sur chant d’une grecque bien compliquée.

Quelques objets sont parsemés sur les tables, un vase en verre vénitien, un brûleur à encens, une fiole d’eau de rose, quelques livres ‑ des romans ‑ et une lampe ancienne percée de petites fenêtres en verre bleu.

Dans le coin gauche, près de l’arche, un meuble d’un volume imposant, m’intrigue : il est recouvert d’un drap de feutre gris. Probablement une acquisition récente ou une pièce particulièrement fragile.

élémentaire, mon cher Watson !

Les murs sont nus à l’exception de quelques toiles étonnantes. Devant le grand tableau au dessus de la cheminée j’ai tremblé un instant à l’idée de retrouver le portrait en buste de papa jouant sa joconde en dandy des années vingt. Je me souviens trop de ses extravagances et des sautes d’humeur que cette gravité olympienne dissimulait. Mais voilà, c’est Oum Kalsoum qui a pris sa place, flanquée de deux croûtes aux chameaux sur fond de palmiers mauves.

Les murs sont presque nus, je l’ai dit, mais, tout au fond, dans l’ombre, j’aperçois un tableau plus petit, dans un cadre doré à l’ancienne. On l’appelait le Cri du Nègre. Je reconnais ce visage magnifique, un porteur d’eau à la peau sombre, les yeux au ciel, les cheveux bouclés et le front moite. J’entends même son cri. On avait dû l’oublier en abandonnant la maison.

– Je ne sais pas pourquoi elle a gardé cette toile, c’est inattendu, déconcertant…

Je sursaute comme un gamin surpris le doigt dans la confiture. La Toubiba. Je ne l’avais pas entendue entrer :

– Déconcertant ?

– Oui… mais pardon, je venais chercher ma fille !

Elle se tourne vers le petit soldat : 

– Myriam, mon amour, Latifa t’attend, ton dîner est prêt.

– Mais…

– Myriam !

Le petit soldat claque des talons et bat en retraite au pas cadencé.

– Vous disiez que…

– Oui, déconcertant, parce qu’il est rare, chez nous, d’afficher des photos sur les murs, sinon celles de la famille royale. Et c’est encore plus surprenant, de la part de ma mère que l’on m’a dit si dévote, de trouver chez elle, dans son salon, le portrait d’un inconnu.

Silence, le chibani ! Flegme et impassibilité, comme au poker.

Je ne peux pas lui expliquer que le Cri du Nègre faisait sûrement partie des murs quand sa mère a racheté cette maison, et qu’elle ne peut être accusée d’idolâtrie.

– Je comprends, c’est déconcertant, en effet. Quoique, à bien y regarder… c’est un très bel homme !

Ma réponse l’intrigue, ma tentative d’ironie fait long feu mais elle décide d’en rire :

– A chacun ses goûts ! En attendant il dérange. Nous avons toutes l’impression qu’il nous surveille !

Malheureux porteur d’eau ! Il vit maintenant chez une femme dont il n’a pas su se faire aimer.

Tant pis pour lui !

Voila chers amis lecteurs, nous avançons dans l'histoire d'Habiba. Je remercie encore JFK pour le cadeau qu'il nous a fait. Je répète ma demande de souvenirs à raconter et salue tous les nouveaux lecteurs qui viendraient nous rejoindre.

Je souhaite également à tous ceux qui, en France, vivent dans la partie Nord de ce beau pays, d'avoir un peu plus de soleil et de chaleur dans les prochains jours, car le gris permanent devient désespérant.

A bientôt... Toutes mes amitiés. Votre toujours MICHEL

 

   
   
9 juin 2011

Les Pigeons Voyageurs

Pourquoi ce titre? "Les pigeons voyageurs"
Comme on me l'a appris au cours de mes années de Collège HASSAN II, à Marrakech, on doit faire un plan avant de commencer une dissertation.
J'ai donc choisi de bâtir mon article autour des pigeons voyageurs.
1° chapitre: Un voyageur. Jacques GANDINI. Il est encore pour quelques jours dans le sud du Maroc pour compléter ses guides et j'aimerais qu'il trouve cet article à son retour, comme les pigeons voyageurs retrouvent leur nichoir au retour.
Dans l'article précédent (Oui je sais il y a longtemps que je n'y suis pas revenu) je parlais de Jacques G et relatais notre échange de courriels. Dans les commentaires MAGHER, toujours bien renseigné, signalait quelques "copier-coller" qu'il avait relevé dans les écrits de Jacques.
Vous le savez, j'ai l'habitude de dire que NOTRE BLOG est un espace de liberté, où chacun peut s'exprimer. Je me sens donc obligé de donner un "Droit de réponse" à Jacques GANDINI et, moi même, faire un "copier-coller" de son courriel de réponse.
 
Bonjour 

Hier soir, par hasard je suis aller faire un tour sur ton site (je devrai dire plutôt sur "votre" site) compte tenu de ceux qui y interviennent. Je te remercie pour avoir reproduit nos correspondances. J'espère que cela sera fructueux...

J'ai également vu que je subissais une attaque en règle d'un certain XXXXX.

Ce matin, comme j'avais l'intention de ne pas laisser passer cela......je vais te dire  ce que je comptais répondre.

Tout d'abord une précision d'importance : il est facile de voir que dans la majorité des pages, je m'efforce d'indiquer précisément les sources de ce que je présente, autant pour les textes que pour les photos.

J'ai été attaqué sur 3 points concernant le site des Iminiens, mais surtout ce que j'ai du mal à accepter c'est d'avoir été accusé de copier sans en indiquer la source.

- Tout d'abord rien n'est passé sur mon site sans que le responsable des Iminiens en soit informé. Avant que mon site soit ouvert, ils ont eu toutes mes pages à disposition et ils ont pu faire les rectifications ou apporter quelques précisions qui s'imposaient.
Ils étaient même d'accord pour en faire plus mais mon emploi du temps (je travaillais sur le guide des nouvelles routes touristiques de l'Atlas) ne m'a pas laissé le temps de donner suite dans la foulée, mais ce n'est que partie remise.
J'ai gardé tous les échanges passés l'année dernière par e mail avec Michel de Mondenard et Martine Moulinou.
Il est facile de voir qu'il est signalé souvent sur mon site que les textes et photos (pas tous) proviennent du site des Iminiens...
J'ai fait avec eux ce que j'ai fait avec toi pour les quelques photos de ton site qui sont susceptibles d'agrémenter mes pages... Je ne me serai pas permis de reproduire textes et photos sans autorisation...

- Ce Monsieur m'a reproché d'avoir copié les photos et les textes concernant Gattefossé. Il ne doit pas savoir que passer un texte et des photos sur un site internet n'en fait pas le propriétaire exclusif.
Si l'on cherche sur google ou sur Gallica, le site de la Bibliothèque nationale, on trouve plusieurs ces pages en pdf ou autres sur Gattefossé et son oeuvre.

- Idem pour De Foucauld. Cela m'a fait bien rire... Si ce Monsieur voyait la documentation que j'ai sur De Foucauld... J'ai les trois éditions de son livre "reconnaissance au Maroc" de la plus ancienne à la plus récente et je possède pratiquement tous les ouvrages écrits par d'autres se référençant au parcours qu'il a effectué dans toutes les parties du Maroc (une petite partie est présentée dans les pages "Bibliographie" du site)

Voila ! je pense que mes explications t'auront éclairé...
 
Le reste m'étant destiné, je le garderais pour moi.
 
2° chapitre: Un vrai voyageur..... ce pigeon.
Lundi dernier, vient se poser sur la clôture de notre jardin un beau pigeon inconnu.
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 Notre jardin est le lieu de rendez vous de tout un tas de volatiles divers qui viennent y chercher leur nourriture, un bassin dans lequel ils peuvent se baigner, des niches décorées pour y pondre leurs oeufs et nourrir leurs petits et même des fois, comme ce satané héron, venir me voler quelques poissons de la mare.
Donc, voyant qu'il n'était pas sauvage je me suis approché jusqu'à environ un mètre et je me suis aperçu qu'il était bagué. Comme il ne s'est quand même pas laissé attraper, je n'ai pas pu lire les renseignements qu'elles portaient.
L'une contenait un petit tube, l'autre, bleue, laissait entrevoir un n° d'identification. Je suis allé sur Internet pour me renseigner sur la marche à suivre dans ce cas et j'ai suivi les conseils donnés. Entre autre, le site de colombophilie expliquait qu certains pigeons, fatigués, cherchaient à se restaurer et se reposer une nuit au moins, une journée au plus. Nous l'avons donc nourri avec ce que nous avions: Des graines de tournesols.
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Mais  une semaine plus tard, notre Croucrou était toujours  là. Il venait quand on l'appelait, marchait à coté de nous dans le jardin et attendait son assiette. Nous avons donc décidé, mon épouse et moi, de l'adopter définitivement en lui construisant un abri et en lui achetant de la nourriture "Spécial Pigeon de concours".
Nous sommes partis vers le magasin adéquat et avons acheté 5 kilos de graines puis vers celui de bricolage pour faire l'emplette de planches pour l'abri.
Et quand nous sommes rentrés à la maison, il s'était DEFINITIVEMENT envolé.
C'était un PIGEON VOYAGEUR.
 
3° Troisième et dernier chapitre: Le plus fourni.
Mais pour faire le Pigeon voyageur, j'ai choisi un autre moyen de locomotion. Oui.. j'ai pris l'avion pour Bordeaux.
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En effet Francine notre Belle Meunière avait organisé dans sa propriété de l'Agenais un rassemblement de ses amis...marrakchis. J'ai donc rejoins MONIQUE à Bordeaux. Elle m'a fait faire du tourisme
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et m'a énormément gaté en me faisant faire enfin la connaissance de sa cousine DONATIENNE.
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Puis Blandine, "La fée Clochette" nous y a rejoint et nous sommes partis de concert vers chez Francine.
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La nous avons retrouvé Sylvaine et André, Bernard et Mado, Alain et Marilyn, Jacques et Michèle, des anciens de Donneville.
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 Francine avait aussi invité une amie de la BA, Claudine avec son époux Philippe.
 
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Et comme elle est "Super gentille" Francine nous avait fait des "surprises". J'ai vu arriver Bernard Watel et Josiane.
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Vous avez fait sa connaissance dans le dernier article. Nous ne nous étions pas vu depuis plus de cinquante ans et comme par miracle nous nous sommes retrouvés comme si nous ne nous étions jamais quitté. Pour son amie Claudine, Francine avait aussi fait venir des surprises. Emile LABARTETTE, l'ancien Maître d'Armes de la base et de Marrakech, Jean-Pierre GOUD le fils d'un officier aviateur et Roland GALIBERT qui était la avec Madame.
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Marcel, le disque dur vivant de notre Blog nous a rejoint dans la matinée du Dimanche avec sa charmante épouse.
Il y avait également un couple de "Non marrakchis" mais qui, croyez moi, mériterait de l'être, Donatienne, cousine de Monique  et Eric.
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Elle n'a découvert Notre belle ville que tardivement et comme tout le monde elle en est tombé amoureuse.
Dois je vous préciser que les deux jours n'ont été qu'une longue suite de "Rigolades",
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de "Souvenirs",
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d' "Album photos"
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et de moments de chaudes amitiés.
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TOUT a été parfait, aucun moments morts, aucune fausse note, même lorsque nous avons contacté par Skype l'une de nos ainées, Jo la Zouina, Josette la Californienne. En effet nous lui avons demandé de nous chanter une chanson en arabe ce qu'elle a fait avec un grand plaisir et une voix de jeune fille.
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Quel bonheur cela a été pour nous de la voir rire à gorge déployée en nous disant que son désir le plus cher aurait été d'être parmi nous. Nous nous sommes donc réunis derrière la webcam et elle a pu ainsi tous nous voir. Alain l'a filmé et dès que j'aurais le lien pour la voir sur Internet je vous le communiquerais par un commentaire.
Lundi matin, après un dernier petit déjeuner avec Francine, Jean paul, Claudine, Philippe et Monique
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J'ai repris le chemin de l'aérodrome pour quitter le Bordelais et revenir vers ma contrée de l'Est.
Vous connaissez certainement tous, cette sensation de vide qui vous envahit lorsque vous quittez des amis, sachant que vous ne les reverrez que quelques années au pire, quelques mois au mieux. 
 
Voila, je suis à la maison. J'ai laissé dernière moi, amies et amis, souvenirs de moments agréables, de rires et de sourires. Il me faut avant de terminer cette article remercier plus particulièrement MONIQUE, ma première "petite amie" (Nous nous promenions ensemble au jardin du Hartsi alors qu'elle avait deux ans et moi un seul) sans qui mon séjour bordelais n'aurait pas été aussi parfait et bien sûr FRANCINE et son JEAN PAUL de mari, organisateur de cette chaleureuse et amicale réussite.
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Dommage, certaines et certains, ayant d'autres occupations ou soucis de santé n'avaient pas pu venir. Qu'ils soient assurés que d'autres occasions leurs seront données de le faire.
Un petit apparté pour vous dire que j'ai également, par le biais du Blog, retrouvé Alain PORTES, ami de l'immeuble Gidel et qui venait le soir faire ses devoirs chez ma grand mère.
Alain que la ficelle reliée à deux boites de conserve qui nous servait de téléphone entre ton étage et notre terrasse, reste tendue comme le fil de l'amitié retrouvée.
Une pensée particulière pour celle qui attend souvent "son petit Troubadour".
 
Le chapitre "Pigeon Voyageur" est clôt, mais je ne peux pas vous quitter sans vous avoir montré, cette dernière image, amusante, d'une situation qu'il ne m'avait jamais été donné de connaître à Marrakech dans les années 60.
   
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IL N'Y AVAIT PAS DE FEUX ROUGES.
 
 
Vous savez qu'il me faut du Grain à moudre pour remplir le Blog, je compte donc sur vous pour m'envoyer tout ce que vous aimeriez voir paraître ici. J'aimerais tant avoir des nouvelles de ceux qui n'écrivent pas souvent.Bonne fin de semaine, mes amis. Votre toujours MICHEL.
 
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18 août 2012

Photos. Retrouvailles. Promesse.

Le dernier article et la fin du roman sont parus hier. Vous devez vous demander "Qu'est ce qui lui arrive au michel de mettre un nouvel article aujouird'hui?"

Ne vous méprenez pas, je veux simplement éditer les trois photos que JFK m'a fait parvenir en complément de son commentaire "The End" à la suite de la fin d'HABIBA.

Les voici, elles vous permettront de mettre un support à l'histoire.

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La Maison du ROUMI

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Le "Ryad de la Toubiba"

Comme déjà deux d'entre vous m'ont demandé d'avoir le texte en entier, pour pouvoir le lire en une seule fois, j'en ai fait la demande à Jean Frédéric qui m'a rapidement donné cette réponse :

J'ai mis le texte du mail sur les "Commentaires" et te demande d'insérer les photos dans le blog quand tu pourras.
En ce qui concerne le texte Habi entier j'ai un pdf tout prêt pour ceux qui le désirent. Suffit de me le demander par email et ça suit.
On peut également le lire sur le site suivant:
 
 
Amicalement.
 
Donc si vous désirez son adresse E.Mail, comme d'habitute, vous me la demandez et Hop, vous l'avez...
 
Mais je dois aussi m'excuser auprès de Blandine et de Patricia. Elles s'étaient retrouvées à Lyon et m'avaient envoyé une photo de ces retrouvailles. Tout à l'édition du Roman , j'ai zappé leur mail. Je me rattrape maintenant en la publiant, en les assurant de toute mon amitié et en les remerciant de leur fidélité.
 
Bonjour, Michel, voici une photo de Pat et moi à Lyon il y a une semaine chez elle.....comme tu le vois, on s'amusait bien....lors d'une séance d'essayage de chapeaux!!

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Enfin, et pour continuer dans l'édition, Jacques, notre marrakchami du début a écrit pour sa famille son "Chkoun ana" "Qui suis je?" .
Il me l'a fait parvenir en m'autorisant à vous en faire profiter. C'est donc ce que je ferais dès le prochain article.
Comme c'est aussi très important, cela durera certainement quelques semaines. Vous aurez ainsi de la lecture pour la rentrée.
 
En fait, Blandine avait terminé son courriel par "BEL ETE". Je reprendrais ce souhait à mon compte puisque l'été semble enfin vouloir nous rendre visite.
Bon dimanche à tous. Votre toujours MICHEL
20 août 2012

CHKOUN ANA? Wahed

Pour ceux qui prendraient le Blog en route, allez lire, SVP, l'article précédent pour comprendre celui ci: Jacques écrivait :

Comme promis lors du dernier article, nous allons pendant quelques semaines, partager la vie d'un de nos Marrakchami, Jacques....Il a écrit ce texte,  plongé dans ses souvenirs et dans ses boites à chaussures pour rechercher des photos d'époque et nous offrir un feuilleton. Voila ce qu'il disait dans son dernier commentaire : J'espère surtout que cela ramènera à la surface de beaux souvenirs à beaucoup d'entre vous... Au-delà du devoir de mémoire que j'avais envers mes filles, j'ai pris énormément de plaisir à me replonger dans les vieux documents, les diapos décolorées.

Voici donc un premier chapitre :  Qui suis-je ?  Maroc 1961-1973

Mais comment devient-on « Marrakchami » ?

Au fil des rencontres, des lectures, de l'avancée de la vie, je me rends compte que si Marrakech fut « ma » ville, commune à bien d'autres, dans les années 1960-1970, mon frère, les gens qui m'ont côtoyé à cette époque, n'ont certainement pas les mêmes souvenirs que moi de cette époque, tant chacun voit sa vie de son propre point de vue.  

Ce témoignage est aussi destiné à mes filles, à qui je n'ai pas encore pu montrer ce pays où j'ai passé mon adolescence, où j'ai rencontré ma femme et où j'ai perdu mes parents.  

Treize années intenses, laissent ces souvenirs, épars et reconstitués, agrégés pour donner au récit une trame spatiale et temporelle cohérente.  

Ce récit comporte des erreurs, liées au temps et aux mauvais souvenirs que l'on efface de sa mémoire.  

Plutôt qu'une approche chronologique, j'ai retenu une approche thématique.  

Je le dédierai à Mohammed, un camarade de classe qui ne se reconnaîtra pas parce que je ne parle pas de lui dans ce témoignage, mais qui se rappellera peut-être de moi, s'il le lit un jour. 

Il n'aurait pas été possible sans Michèle ma femme, que je remercie.

Bayonne

En ce début des années soixante, j'habite à Bayonne, sous-préfecture des Basses Pyrénées, comme on dit encore à l'époque.

 Encore faut-il savoir que Bayonne est, pour ses habitants, composée de quartiers. Si les touristes ou fêtards annuels ont entendu parler de nos jours du « Petit Bayonne », les gens du cru parlaient de Saint Esprit, quartier de la rive droite, des « Allées marines », qui longeaient l'Adour, des « Allées Paulmy », de « Lachepaillet » et de « Saint Léon », qui fut notre quartier.

 Faisant suite aux imposantes Allées Paulmy, lieu de villégiature des gens fortunés à l'époque,  et laissant à droite la route de Biarritz, la mythique « nationale 10 », une avenue, portant le nom d'un évêque de Bayonne, Raymond de Martres, passe devant le Parc des Sports (le stade du fameux Aviron Bayonnais), le cimetière municipal et grimpe vers le plateau de Marracq.

 Au-delà du Lycée de Bayonne devenu depuis collège Marracq, lui-même en face du réputé pensionnat privé de Largenté, c'est la route de Cambo, qui se dirige vers le pays basque intérieur.  Cette époque, la campagne commence juste là-haut, après la « Villa Soult », maison de notre grand oncle Marcel Forgues, qui fut aussi un célèbre rugbyman dans les années 1920, avec son frère Fernand.

Le numéro 24 a disparu. C'est pourtant là que nous habitions, dans une villa qui avait été confortable. Il y avait là autour un petit pâté de maisons individuelles conséquentes, rasé depuis. 

L'unité architecturale des quatre villas permettait de penser que cette vaste propriété était unique au départ, et qu'au fil des générations, elle avait été morcelée. La famille du propriétaire en habitait encore une, et un autre bâtiment jumelé avait été mis en location. Nous occupions donc la moitié de cette « Villa Constance », que nous partagions avec les Genty, une famille d'épiciers ambulants qui vivait en faisant les marchés. On n'avait pas encore inventé les grandes surfaces à l'époque, et les marchés de village ou de bourg étaient une réalité concrète de la société française d'après-guerre. 

Je ne sais pas pour quelle raison exacte la famille avait élu domicile dans cette maison, mais cela semblait remonter aux années trente, où les mauvaises affaires de mon grand-père maternel l'avaient conduit à revendre sa propriété du quartier Lachepaillet (sur la route de Biarritz) et à passer en location dans cette demeure, relativement proche de celle de sa belle-famille. De cette splendeur passée, il ne restait guère que ma grand-mère et son côté « grande dame », et un piano à queue où cette même grand-mère donnait quelques leçons aux enfants de la bonne société pour gagner un maigre quelque chose.

 Cette grosse villa à étage, avait dû être cossue, mais elle souffrait de l'absence d'entretien de la part du propriétaire, particulièrement près de ses sous (on dirait « gestionnaire rigoureux »). On me racontait que, bâtie en torchis sur un terrain militaire, cette villa était susceptible d'être démolie en cas de conflit pour créer un parc de remonte en chevaux pour l'armée. Héritage des conflits napoléoniens, cette mesure désuète valait à la maison une cave somptueuse, capable paraît-il de recevoir ses propres débris en cas de démolition.

 Entre enfants, nous évoquions aussi le passage d'un souterrain qui partait du château de Marracq et rejoignait la citadelle, et qui serait passé sous le jardin et les caves avoisinantes. Plusieurs voisins avaient vu « le trou » au fond de leur cave, ou de celle d'un oncle... Le mystère rôdait.

 La maison comprenait en rez-de chaussée un appentis en planches appelé « buanderie », accolé à la cuisine, une salle à manger en dur rajoutée sur un côté mais dont le toit souffrait de l'écoulement de l'eau depuis les tuiles du toit principal situé deux étages plus haut, ouvrant elle aussi sur une cuisine flanquée d'une souillarde, cette pièce avec un évier que l'on trouve dans les anciennes constructions.

 Un couloir en parquet ouvrait sur une cage d'escaliers avec  une rampe imposante. Il conduisait à un salon au mobilier cossu, au parquet ciré, interdit aux enfants car destiné à recevoir les gens « importants », et à la chambre parentale, en face. Ce couloir était en fait l'entrée, car il se terminait par une lourde porte qui ouvrait sur la jardin. Mais cet accès était réservé aux hôtes de marque, les enfants à l'époque étant considérés comme des espèces d'animaux nuisibles qui n'avaient pas à s'immiscer dans la vie des grandes personnes.

C'était en tout cas le message que faisait passer clairement ma grand-mère en considérant que nous « manquions d'éducation ». Avec le recul, les standards de l'éducation de l'après-guerre chez un couple de professeurs étaient assez lointains de ceux de la bourgeoisie des années vingt à laquelle elle avait appartenu. On se demande encore, avec mon frère, comment notre mère eut l'autorisation de faire des études de « professeur de gymnastique » comme on disait à l'époque.

 Une volée d'escaliers bordée par une rampe en bois massif, sur laquelle il était agréable (et donc interdit) de descendre menait à l'étage. A l'entresol, on trouvait les toilettes. Je n'ai jamais compris pourquoi les toilettes se trouvaient là, mais je pense que cette position des commodités en entresol faisait riche, car près du rez-de chaussée et de l'étage. Et puis n'oublions pas qu'à l'époque, il y avait encore des toilettes dehors à la campagne, ou sur le palier dans les immeubles en ville, et que le « tout à l'égout », voire l'eau courante (froide) à tous les étages étaient un luxe.

A l'étage, un bureau pour mon père, qui devint chambre à coucher pour les enfants quand nous grandîmes, une chambre pour notre grand-mère où elle avait pour habitude de prendre le mousseux accompagné de boudoirs avec une cousine éloignée tous les jeudis après-midi, et une chambre pour le fameux « Tonton Fernand », le rugbyman qui entre deux fiancées revenait se ressourcer auprès de sa soeur.

 Cette chambre était flanquée d'une salle de bains dont la séparation consistait en une cloison en panneaux de bois (de jolie facture) comportant en imposte des carreaux transparents mais peints en bleu pour assurer l'intimité des occupants. Le plancher était particulièrement vétuste, ce qui nous valait la recommandation de ne pas sauter dans la baignoire. Par ailleurs, la plomberie d'évacuation en véritable plomb et les robinets mangés de vert-de-gris nous valaient la consigne de ne pas y boire l'eau du robinet.

 Une petite porte sur le palier donnait accès après une volée de marches à un vaste grenier où des chambres réservées à la domesticité avaient été aménagées, du temps de la splendeur des maîtres de l'époque. De mon temps, dans des pièces mansardées tapissées avec des papiers aux motifs incontestablement anciens, on y trouvait quelques meubles sentant le renfermé et toutes sortes de récipients destinés à récupérer les infiltrations d'eau de pluie entre les tuiles disjointes ; du pot de chambre en céramique à la bassine en plastique « monoprix », en passant par le seau en tôle galvanisée. Le propriétaire se faisait tirer les oreilles pour refaire la toiture.

 Le jardin comprenait sur la partie arrière (en fait, celle par laquelle on rentrait), un garage en bois et une petite cour avec un pêcher, sur lequel ma mère me dit qu'elle ramassait les fruits la veille de ma naissance. Derrière le garage, un aucuba et une rangée d'hortensias donnaient accès au « jardin de devant », mieux entretenu. On y trouvait entre autres des fuchsias, un cerisier, un figuier, un parterre de fraisiers et quelques groseillers, le reste étant plutôt consacré aux fleurs, dahlias principalement dans ma mémoire.

 De ce jardin, une allée d'une cinquantaine de mètres, bordée de troènes, permettait d'accéder à l'avenue Raymond de Martres, grâce à un portail en poutres de bois rouge basque passé.

 L'entrée usuelle se faisait « par derrière », ce côté donnant sur un chemin en terre, non dénommé à l'époque. En face, les ruines d'une usine, « Chiquitoys », l'inventeur du Jokari. Vous savez, ce jeu populaire dans notre enfance où la balle était reliée par un élastique à un bloc de bois posé à terre, ce qui permettait de jouer à la balle tout seul, sans partenaire ni mur pour la renvoyer.

On a tous connu cela sur les plages. Depuis, les chinois ont repris une production qui refait des apparitions sporadiques au fil des modes.

 Ce mois d'octobre 1960, la rentrée des classes avait déjà eu lieu. Au Pays Basque, la rentrée des classes se faisait encore sur fond d'été, on allait encore à la plage les jeudis après-midi ou le week-end, surtout lors de marées d'équinoxe, qui découvraient les rochers et permettaient de pêcher quelques rares crevettes, de ramasser bigorneaux et oursins, voire de chasser le poulpe pour les plus téméraires. On avait à peine inventé le surf. La combinaison néoprène, le van, accessoires indispensables pour mener l'existence du « surfer branché » actuel étaient encore de l'imaginaire.

L'agitation familiale était à son comble : après plusieurs mois de tractations, les parents venaient de recevoir une réponse favorable à leur demande de départ comme enseignants pour le Maroc, pays découvert quelques mois plus tôt.

C'est en effet aux vacances de Pâques précédentes qu'ils s'étaient décidés à confier enfants et belle-mère à une gouvernante (s'il vous plait ! - la belle-mère refusait catégoriquement de garder les enfants), et qu'ils ont rendu visite à des amis de longue date, établis à Marrakech : Dédé et Charlotte LANDAU, qui habitaient les logements de fonction du Lycée Technique Hassan II où Dédé (André de son vrai prénom) était « Chef des Travaux », c'est à dire responsable du fonctionnement des ateliers.

Dès leur retour, emballés par le pays, ils avaient demandé à faire partie de l'important contingent du corps enseignant qui travaillait à  la formation des futurs cadres marocains. L'indépendance était encore récente, et tout se structurait afin de permettre d'assurer une relève par des marocains dans des entreprises marocaines.

 Vers la fin septembre, alors que l'on ne comptait plus les coups de téléphone, télétype et autres moyens de communication modernes (de l'époque) mis à notre disposition par l'oncle maternel qui était affréteur de bateaux (celui qui habitait la Villa Soult), la nouvelle tomba, effroyable pour nous autres, les enfants ! Les parents avaient obtenu une mutation à Marrakech. Papa au Lycée Hassan II comme professeur de mathématiques, Maman comme professeur de Gymnastique au Lycée Ibn Abbad. Avec un complément de service à l'Arset el Maach. Renseignements pris, le Lycée Ibn Abbad était le Lycée Mangin, rebaptisé pour la circonstance suite à la marocanisation de l'enseignement public. Le lycée français serait transféré progressivement sur le site du Victor Hugo actuel.

La nouvelle effroyable ? Bien sûr ! Imaginez l'état d'esprit d'un gamin de 10 ans à qui l'on expliquait que ce serait le départ, la fin des habitudes, des amitiés, des repères qu'il avait acquis, et qu'il allait se retrouver à 2000 km de là (pas tout à fait quand même). Loin de tout.

 De l'Afrique, du Maghreb et du Maroc, je ne connaissais rien, si ce n'est les taches rose saumon de mon atlas de géographie ou des cartes Vidal-Lablache qui ornaient les murs de la classe et que le maître d'école affichait une fois l'an au tableau noir pour parler des « possessions coloniales » : l'Afrique du Nord (Maroc – Algérie – Tunisie), l'Afrique Occidentale Française et l'Afrique Equatoriale Française. Sans oublier Madagascar, éventuellement les Comores et la Réunion. Nous étions cependant en 1960, et les taches roses ne correspondaient plus trop : Maroc et Tunisie étaient redevenus indépendants,  mais il restait de cet empire colonial l'Algérie, « heureusement », et les possessions d'AEF et d'AOF. Grâce à cela la France était encore un « grand » pays. Le langage s'infléchissait, toutefois, pas encore celui des livres de classe mais celui de l'instituteur, qui nuançait les « bons pays colonisés », qui l'étaient encore, et les « mauvais » qui avaient acquis leur indépendance. La défaite de Dien Bien Phu était encore bien présente dans la mémoire française.

La ruée sur les livres de géographie n'était pas plus édifiante. Alors, il restait le cinéma du samedi matin, à l'école, où l'on voyait régulièrement des films tournés sur l'Afrique Noire, avec le soutien d'Air France et du ministère des Colonies, où inévitablement les camions embourbés sur des pistes de latérite à la saison des pluies utilisaient les feuilles de bananiers transportés par des noirs athlétiques au sourire éclatant pour sortir des ornières, et où le commentaire « Off » et grandiloquent du speaker de l'époque vantait les mérites de la civilisation apportée par l'Homme Blanc...

De l'Afrique du Nord, nous n'avions droit qu'à des images de chameaux et de Touareg... et au même commentaire ! Et dans le nouveau livre de géographie, il y avait bien une page sur l'Afrique du nord, mais pas de bol, c'était sur l'Algérie. On y apprenait d'ailleurs qu'Ali était un petit écolier de France, sauf qu'il n'y avait pas d'arbres là où il vivait, mais qu'il apprenait aussi, tout comme nous, que « nos ancêtres les Gaulois »...

 Comment donc décrire l'état d'esprit dans lequel un enfant de dix ans se trouve, quand on lui annonçait simultanément le départ de son environnement, et la projection dans un monde que même l'instituteur, référence de l'époque, ne pouvait lui décrire mieux que ses parents ?

Pas de télévision à l'époque, pas ou presque de presse magazine, en dehors de « Paris-Match ». Les sources de renseignement étaient maigres, les clichés nombreux, et puis il y avait eu quelques évènements en Algérie, et nous avions même, dans le quartier, eu des « pieds-noirs » qui avaient séjourné quelque temps parmi nous. Avec ce mélange d'inconnu, d'envie, d'incompréhension et de réprobation de la part de la population locale...

A tel point que notre brave employée de maison, qui donnait un coup de main pour l'entretien de la villa et dont nous étions un peu les enfants nous demanda si cela ne nous faisait pas peur d'aller « vivre sous la tente au milieu de gens tout nus et de manger du chameau » !

Mais les enfants de dix ans, en 1960, ne s'occupaient pas de ces choses là ! Ils ne lisaient pas le journal (sauf Tintin ou Mickey), car ce n'était « pas de leur âge » et ils ne prenaient pas part aux conversations des adultes, car ils étaient « bien élevés ».

Les préparatifs furent donc lancés. Papa récupéra au grenier une vieille malle de voyages d'un grand-père d'Amérique (du Mexique pour être précis), y fourra quelques affaires d'hiver, dont un anorak que nous venions de racheter à une amie de maman dont le fils avait grandi rapidement, anorak qui m'était destiné, un radiateur à gaz de type « buta thermix », l'indispensable agrandisseur photo... et le Tonton Marcel Forgues envoya tout cela vers Casablanca.

 Pour nous, vêtements légers et « demi-saison » empilés dans des valises (il faut dire que la garde-robe dans la France métropolitaine de 1960 était assez limitée) le tout fourré dans la 203 familiale, et nous fûmes partis !

 Notre grand-mère suivrait plus tard, quand nous aurions résolu les problèmes d'organisation matérielle « là-bas ».

 Le voyage

 Ce fut notre première traversée de l'Espagne. 

L'Espagne, nous connaissions relativement bien puisque nous y passions beaucoup de vacances et y avions un peu de lointaine famille. 

La voiture était un peu surchargée,  aussi, avec mon frère Michel, nous partagions la banquette arrière avec une valise en skaï noir que nous chevauchions à tour de rôle, nous imaginant en train de conduire une « Vespa ». Le bruitage en moins, toutefois, car il ne fallait pas importuner le conducteur qui se battait pour maintenir le véhicule sur la route. 

Sur les routes d'abord sinueuses dans le pays basque passant par Tolosa, Alsasua et Vitoria, puis plus rectilignes mais aussi plus cabossées sur la « meseta central » (Burgos, Madrid, Bailèn), puis du Guadalquivir (Séville) et enfin de la côte (Cadix, Algesiras), nous apprîmes à connaître les  camions espagnols, les fameux « PEGASO », multiroues polluant allègrement de tous leurs cylindres.  Pas de voitures particulières, ou très peu, beaucoup de transports « Servicio Publico » (SP) s'effectuaient par camion, bus ou taxi. 

On ne peut pas dire que la vitesse moyenne fut extraordinaire, dans la mesure où les bien connus « obras » (travaux) de l'époque rompaient la monotonie de la route ; un panneau, une silhouette incitant à ralentir, une partie de la route transformée en piste, et quelques ouvriers transportant des graviers dans de petits paniers tressés, c'était souvent le spectacle des travaux en Espagne. Plus rarement, nous observions une machine à goudronner qui délivrait de l'enrobé à chaud, étendu manuellement par les mêmes ouvriers. C'était un indice important car il laissait supposer qu'au retour, dans quelques mois, ce tronçon serait achevé et que l'on pourrait y rouler « confortablement ». 

 Nous fîmes une étape à Aranjuez le premier soir,  puis une seconde étape à Algeciras le lendemain, face au détroit de Gibraltar. Le bateau, ce serait pour le troisième jour. Les enfants que nous étions avaient certainement souffert de ce trajet, attristés par la séparation d'avec les copains. Et puis, à dix ans, on pensait plus à jouer qu'à se tenir tranquille dans une voiture qui transmettait fidèlement les irrégularités du revêtement routier au postérieur des passagers. 

La traversée en bateau sur le « Virgen de Africa » se déroula sans anicroche et sans souvenir particulier : nous avions déjà pris le ferry pour franchir l'estuaire de la Gironde entre Le Verdon et Royan, nous étions donc aguerris (sic !). Sauf que c'était plus long et que l'eau était plus bleue. Au fur et à mesure de la traversée, l'excitation des parents grandissait.

 Nous touchâmes enfin la terre marocaine à Tanger, et le dépaysement fut au rendez-vous : foule bigarrée, djellabas et foulards, quelques ânes, beaucoup de vélos, mais nous avions encore l'impression d'être en Espagne, tant le sud de l'Espagne à cette époque était misérable, et tant l'espagnol était parlé dans les rues de cette ancienne ville du Maroc Espagnol. 

Pas le temps de traîner, la voiture monta à l'assaut de la côte vers la route de Rabat, et ce fut reparti. Asilah, Larache, Souk et Arba du Gharb et la fin du maroc ex-espagnol, Salé puis enfin Rabat. 

Notre émerveillement et notre étonnement furent régulièrement calmés par notre mère qui nous rappelait en permanence « qu'il ne faut pas faire de réflexions » sur les habitants que nous voyions vaquer à diverses activités, exotiques pour nous : couple en route vers le souk avec le mari sur l'âne et la femme derrière à pieds, bicyclettes surchargées à la trajectoire hésitante, charrettes tirées par des ânes faméliques, petites filles qui ramènent de l'eau ou du bois sur le dos, auto-stoppeurs au geste large, main tendue, camions rouges (Ford Thames  Trader ou Bedford) brinquebalants, des Land-Rover un peu partout, y compris celles de la police, blanches avec leur bandes vertes et rouges, et l'inscription « Police » en trois langues. 

Un premier arrêt à Rabat, aux services du ministère, permit de  régler rapidement la situation administrative des parents. Cela leur permettrait d'être éventuellement payés. Cela pouvait servir. 

La route reprit vers une propriété de colons du côté de Settat, où les parents avaient une adresse de gens à voir. Nous découvrîmes sous un ciel gris un « bled », petite ferme blanche au bout d'un chemin bordé d'eucalyptus, ferme qui sentait la tristesse d'un départ proche de ses occupants vers la France, car leurs terres étaient récupérées dans le cadre de l'indépendance.

 Puis ce fut la reprise de la route vers Marrakech. Passée la plaine de Benguerir, impressionnante d'étendue, et les Djebilets, ces petites collines dont les virages serrés contrastaient avec les 35 km de ligne droite de Benguerir, nos parents nous annoncèrent que l'on pouvait voir la Koutoubia, enfin ! Leur excitation grandissait, nous, nous étions las de ces trois jours de voyage continu. La Koutoubia ne nous parlait pas plus que cela, de surcroît. 

Nous entrâmes bientôt dans la palmeraie. Je me rappelle le long pont blanc à plusieurs arches sur le Tensift, sur lequel nous avions slalomé entre les charrettes, puis l'arrivée à Marrakech par la route de Casablanca, la colline du Guéliz sur notre droite... Et les parents déchaînés. 

Après, tout se brouilla : accueil chez nos amis Landau, connaissance des gamins du coin qui riaient de notre accent méridional, nous étions harassés.
 

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Carte Michelin Maroc SUD de 1961. Elle nous servit pour toutes nos balades et comportait un agrandissement de la région de Marrakech dans le coin inférieur droit.

Fin du premier chapitre, nous avons fait connaissance avec la famille et fait le trajet vers Marrkech avec elle.

N'hésitez pas à nous donner votre impression et nous dire ce que vous penser de cette idée...Comme je vous le demande souvent, n'hésitez pas non plus à me faire parvenir ce que vous avez déjà écrit ou encore pas... Mais je suis certain que ce CHKOUN ANA va vous donner des idées.....A vos plumes ou à vos claviers....

 

24 septembre 2012

L'Automne arrive.....

L'automne arrive, à grande vitesse. Dans notre jardin, les dahlias sont encore en fleur et des rejetons de Tournesol cherchent dans quelle direction se tourner. Oui, car s'il afit encore 21° ce matin, le ciel est parcouru de nuages gris-noir qui galopent vers l'Est.

En Allemagne, un proverbe dit, en relation avec la Météo : "Tout le mauvais temps vient toujours de la France". Et moi pour me défendre, j'ajoute "Oui mais ça traverse l'Atlantique avant, car le mauvais temps vient toujours de l'Amérique.

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Les derniers commentaires nous prouvent que ces Blogs (Le Notre et celui de M2M) nous sont utiles pour continuer à retrouver nos amis d'enfance et renouer des relations interrompues par des années de séparation et d'éloignement. Tant mieux...Même si je n'ai plus grand chose à raconter sur le Marrakech de notre temps, il nous reste au moins le plaisir de nous retrouver.....

Vous savez, depuis que je l'écris, que ce Blog est ouvert à tous et que je suis toujours prêt à publier vos récits, vos anecdotes, vos souvenirs..Nien sûr si vous ne m'envoyez rien, c'est des fois difficile.

Je vais donc passer directement au troisème volet du Chkoun Ana de Jacques et continuer à suivre la vie de toute sa famille à Marrakech....Vous le trouverez à la suite de ce court article...

Mes amitiés à tous, chers amis et lecteurs. Pensez, ceux qui ne l'ont pas encore fait, de m'adresser un courriel pour que je puisse récupérer vos adresses... Merci d'avance.
Votre toujours Michel...

14 octobre 2012

Les Marrakch'amis à CASTEJALOUX

Je suis rentré d'une semaine de "vacances" dans le Sud Ouest de la France, là où plusieurs de nos amis et lecteurs vivent depuis leur retour du Maroc et surtout depuis qu'ils sont à la retraite....

Si je regarde par la fenêtre, je comprends qu'on puisse vivre dans cette belle région. Chez nous, il pleut et la température baisse.
Mais si j'allume la télévision, je m'aperçois qu'il ne fait pas vraiment meilleurs ailleurs.

Je vous l'avais laisser entendre, lors du dernier article, il me faut donc maintenant vous parler de nos 6 et 7 octobre à CASTELJALOUX.

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Je vais maintenant continuer mon récit en images.

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Mercredi 3 octobre, je prends l'avion à Metz-Nancy pour BORDEAUX. Bon voyage et bon accueil à l'arrivée....

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Vendredi 5 Octobre, Monique et moi nous nous rendons chez Francine et Jean Paul.....

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Première soirée de retrouvailles :

Jean Paul, Francine, Jean Pierre, Moi même, Marie France, Eric, Donatienne et Monique à genoux.

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En arrivant au RESTAURANT DU GOLF, Bernard (de dos) Gérard et son épouse nous attendent déjà…

Les arrivées se succèdent: Jojo, Marcel, Claudine, Dany, Marie France, Philippe, Hélène, les anciens de la Base….

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Francis, Marcel et Georges.
Déjà en train de faire des blagues…

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Michèle et Sylvaine

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Les copines d’avant, regardant les albums photos.

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Patricia, (Pat86) nous a offert de la gelée de rose..
Elle est heureuse de nous retrouver, il fait beau et chaud!

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Toujours Samedi midi, on se retrouve, on se souvient.
Le repas est servi.. L’ambiance se devine sur les sourires

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Des trios, des petits groupes, mais surtout des amis...

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Promenade digestive au bord du lac pour les plus courageux,
 le temps se couvre…

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Fin d’après midi, on rit et on attend le punch…

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"A NOTRE SANTE"

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Samedi soir, à l’intérieur. La salle est à nous.
Foie gras, Cuisse de canard confites, et un bon dessert.
Tout le monde à l’air heureux

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Bernard est en pleine forme, il ne manque que le son.

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Au cours de la soirée, Jacques nous à passé des films sur Marrakech. Le premier tourné lors de son dernier voyage au Maroc.
Il y était avec son camping car et il nous a donné une leçon de conduite. Nous avons tous bien ri.
Ensuite, nous avons eu la surprise de voir un film tourné par son père fin des années 60.

C’était NOTRE MARRAKECH, celui que nous avons vécu, celui où nous nous sommes connus, fréquentés, celui des copines-copins, celui des boums dans les garages, des petits flirts, des après midi à Chantalouette, des Pères 100 et des conscrits…

Jusque là l’ambiance n’a pas baissée. Nous allons nous séparer. Chacun va rejoindre, qui son hôtel, qui sa demeure pour récupérer et se préparer à la journée du Dimanche. Quelques uns nous quittent ce soir, d’autres ne viendront que demain.


But tomorrow is another day.
غدا هو يوم آخر.

Nous sommes maintenant , DIMANCHE 7 Octobre.

Certains ne sont pas revenus, d’autres arrivent ce jour.De nouvelles photos, de nouveaux souvenirs et des rires….

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Nous saluons Bernard et Janine

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Ceux du Dimanche…Claude et Mr Labartette

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La pluie, non désirée, s’est invitée.
AUX ABRIS, BOUTONNONS LES TRICOTS

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JOJO semble dubitatif.. « Il n’y a pas de filet mignon !! »

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Claude fait rire tout le monde

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"LE BUFFET EST OUVERT"

Il y en avait pour tout le monde

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Georges continue à nous faire rire...

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Deux amies de longue date...Marrakech les a réunies, elles sont encore complices

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Feuilletons l’album du dimanche

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Avant de nous séparer, nous demandons à la propriétaire du « Restaurant du Golf » d’être notre photographe,

car nous voulons tous être sur la photo

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Voila, la réunion se termine. Nous vous disons « A bientôt »
Chacun a promis d’essayer d’être la lors de la prochaine réunion des MARRAKCH’AMIS

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J’ai commencé le premier diaporama en vous disant que je vous raconterais ma semaine de vacances.
Lundi, nous avons rendu visite à Alain, le frère de Monique et le compagnon de tous mes jeux d’enfant à l’immeuble Gidel qui, retenu à Toulouse par un petit problème physique, n’avait pas pu se joindre à nous.
Pour nous surprendre il nous avait, avec son épouse Marylin, cuisiné de délicieux « Poulets au citron ».

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C’était BON COMME LA BAS!!!!
Merci ALAIN!

Mardi 9, après une nuit passée chez Francine en compagnie de Marie France et Jean Pierre, nous avons partagé les derniers souvenirs et échangé la promesse de nous retrouver le plus rapidement possible.

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Jean Pierre et Marie France ont continué leur route pour rendre visite à d’autres amis.
Je suis rentré à BORDEAUX avec Monique, et nous avons profité de notre dernière soirée pour nous raconter plus de 40 ans de séparation.

Et puis le mercredi est arrivé. Le départ approchait. A 13 heures, l’Airbus A318 décollait pour Lyon.

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50 minutes plus tard, nous patientions en salle d’attente, quand on nous a annoncé que le départ serait retardé de 20  minutes. « Incident technique ».
Une demi heure… « Nouveau retard annoncé »
Encore plus tard « Nous changeons d’avion »
Je suis arrivé à la maison à 19h30.
Bien fatigué, mais heureux d' avoir revu mes amis et d’avoir partagé d’aussi bons moments  en leur compagnie.

Voila chers amis lecteurs, je vais m'arrêter ici. Il y aura une suite au Chkoun Ana de Jacques dans le prochain article.

Voici encore une photo ancienne de Marrakech. Elle m'a été offerte par Patricia. Merci à elle.

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Au premier plan, ce que nous avons connu comme l'ancienne poste et dans le fond l'immeuble GIDEL qui a résonné de nos jeux d'enfants....

Je vous souhaite une bonne nouvelle semaine et invite tous ceux qui présents, à Castaljaloux, doivent encore m'envoyer des photos. Elle me permettront d'illustrer l'article de dimanche prochain.

 

8 février 2014

Le retour de Jacques et MAN ANA 12

 

Bonjour à vous chers bloggeurs, comme je vous le disais la semaine dernière, l'envie de reprendre le fil du blog m'est revenue... Tant mieux pour nous tous.

Bien sûr je vais me répéter, mais sans sous il est difficile de faire vivre un blog qui se veut être celui des souvenirs de nos jeunes années et celui aussi des pèlerinages dans notre belle ville de Marrakech. Il faut donc que vous participiez à sa rédaction en m'envoyant des anecdotes oubliés ou des photos retrouvées.

Je veux avoir une pensée à tous ceux de nos amis qui vivent dans des régions françaises touchées par les intempéries actuelles...Alain et betty à la pointe de la Bretagne m'ont fait parvenir quelques photos que je vais vous montrer.

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Les bordelais, les toulousains, les landais, ont également de gros problèmes  avec des pluies ininterrompues et des débordements de rivières...En fait nous, à l'Est, avons encore de la chance. Il ne fait pas froid et nous n'avons eu QUE de la pluie...Les sols sont transformés en éponge et mon surnom sera bientôt BOB plutôt que MIMI.....mais pas d'inondations prévues. Il faut dire aussi que la Sarre est bien entretenue et que des murs de protections ont été construits il y a déjà quelques années et qu'ils sont entretenus régulièrement....

La dernière inondation en 1993.

 

Il a ensuite été monté  un mur de protection avec des portes amovibles qui protége la ville basse qui n'a plus été inodée depuis...

Souhaitons que ces vagues de nuages et de pluies cessent d'envahir l'Europe de l'Ouest et que les saisons reprennent leurs cours habituels.

Si vous avez fait des photos des inodations dont vous avez été victimes, je pourrait les éditer dans un prochain article....

Et pendant ce temps la....(Gilbert Bécaud) voila  ce que je trouve pour "Quel temps fait il à MARRAKECH?

 

Alors il est maintenant temps (encore) de laisser la parole à Jacques qui pourra ainsi continuer à nous enchanter avec la fin de son MAN ANA...

Les commentaires sont le moteur qui fait fonctionner les blogs, n'en soyez pas avare..

Bonne fin de semaine, sportive peut être pour ceux qui regarderons le Tournoi des 6 Nations ou les JO de SOTCHI.

A l'occasion de ces JO je voudrais vous montrer ce ci. Les autorités russes doivent penser que les sportifs des autres pays ne savent peut être pas se servir des toilettes car elles y ont apposé des pictogrammes très parlant...

Attention il est interdit de pêcher dans les cuvettes...

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Votre toujours MICHEL

 

 

Second voyage à Tarfaya

 

 

En 1965, nous avions vécu le voyage à Tarfaya comme une aventure, et nous avions découvert aussi un pays d'une exceptionnelle richesse archéologique.

 

Il fut donc décidé avec les Letan d'y retourner, et d'y procéder à une fouille méthodique d'un carré de plage où nous avions repéré nombre de foyers et de sites de taille de silex à même le sol, de même que des ossements de baleine. L'idée étant que la baleine était peut-être contemporaine des foyers, et qu'une tribu s'était arrêtée un certain temps à cet endroit pour profiter d'une bonne quantité de viande.

 

L'organisation commençait à être notre fort, aussi décidâmes nous de partir avec la jeep et un combi Volkswagen dont les neuf places permettaient un transport de bagages et de passagers conséquent. Trois Beyris dans la Jeep, trois Letan plus deux coopérants intéressés par la préhistoire dans le combi, et nous voilà partis !

 

Depuis notre première expédition, le goudron avait poussé. Le Maroc faisait des efforts conséquents d'infrastructure sur cette région, et la route était asphaltée jusqu'à Tan-Tan plage !

 

Nous arrivâmes assez facilement à ce premier campement, et nous campâmes à quelques encablures de la route, sur un plateau désertique battu par le vent marin, qui souffle ici avec une constance remarquable. On n'est pas loin des alizés, à cet endroit, et si le vent n'est pas très chaud en été ou en hiver, il est bien établi sur un secteur Nord-Est.

 

Le second jour nous vit longer cette côte rocheuse que nous découvrions, parsemée de campements de pêcheurs qui remontaient force bars depuis le haut de la falaise d'une vingtaine de mètres, ou descendaient le long de celle-ci sur des échelles de corde et bois plus que vétustes pour aller chasser en bas les pieds-de-biche, ces mollusques cirripèdes fixés au rocher dont les espagnols sont particulièrement friands. Mis en viviers, les animaux étaient collectés par les camions qui faisaient la navette jusqu'à Agadir d'où ils repartaient vers leur destination finale.

 

Au fait de cette industrie, nous avions prévu dans les bagages dès la première expédition une canne à pêche avec un peu de fils et quelques leurres, qui avaient en tout cas fait rire les poissons à défaut de leur faire peur.

Il fallait un matériel de pro, et nous verrions plus tard comment il fallait s'y prendre !

 

La route quitta la côte et revint vers l'intérieur, le premier obstacle étant l'Oued Chebika qui nous avait valu tant de déboires lors de la première expédition, avec son camion planté au milieu de la rampe de sortie du gué.

 

Mis à part que cette année, il avait plu et donc qu'il fallait à tout prix éviter de sortir de la piste sous peine de se retrouver enlisé jusqu'aux moyeux dans la terre argileuse du fond de l'Oued, sèche et craquelée en surface et bien glaiseuse et humide dessous.

 

Cette formalité réglée, nous décidâmes au sortir de l'oued de faire un peu de prospection préhistorique.

 

Quittant la piste, nous nous trouvâmes sur un vaste plateau calcaire semé de massifs d'euphorbes résinifères, ces cactus qui visent à ras du sol et forment des coussins denses sur lesquels on peut marcher. Leurs épines cèdent alors et il en coule un latex blanc extrêmement urticant, caractéristique de ces euphorbiacées.

Après avoir convenu que l'intérêt archéologique de la zone était modeste, nous décidâmes de rejoindre la piste par un « tout droit ».

 

Cap plein est, nous devions la rejoindre rapidement. Le combi devant car pourvu d'une meilleure visibilité, la land derrière contrôlant le cap, nous vîmes assez rapidement que la trajectoire s'incurvait trop vers le sud, dans la mesure où l'on évitait de monter sur les massifs d'euphorbes, susceptibles de crever les pneus. Après un certain temps, halte ! Un petit coup d'oeil sur la carte nous rappela que la côte et la piste sont franchement orientées est à cet endroit là, et donc qu'en faisant plein est, on est parallèle à la piste, et en tirant vers le Sud on file vers Tindouf. Papa, matheux, nous rappela opportunément que le propre des parallèles est de ne pas se rencontrer, et qu'il fallait réagir rapidement. Décision stratégique : arrêter de finasser, demi-tour, et recherche de la piste en remontant nos traces.

 

Quelques minutes plus tard, la piste est en vue. Papa poussa un gros soupir de soulagement, et nous livra sa conclusion, qui est encore et toujours mienne : « Rappelez-vous bien, les enfants ! Il faut savoir faire demi-tour à temps ! ».

 

La navigation reprit. Passées les dunes dont l'origine était la lagune de Puerto Cansado, nous attaquâmes la partie ingrate, le plateau de plaques de roche vaguement poussés sur le côté afin de ménager une piste dessus. Quelques plaques de sable de ci de là adoucissaient le passage, mais le combi négocia cela avec aisance.

 

Enfin la piste quitta le plateau pour descendre sur la plage. Nous étions arrivés.

 

Le convoi s'arrêta, et nous nous retrouvâmes sur la plage, seuls devant l'océan. Un vague tas de sable surmonté d'un espar et d'une bouée en liège témoignait d'on ne sait quel évènement. Au Nord, les bateaux en perdition s échouaient sur une côte rocheuse, peu propice à leur conservation.

 

Ici, une vaste plage de sable jonchée de débris s'offrait à notre vue.

 

Les débris qui nous intéressaient étaient là : des traces de foyer néolithiques, à même le sol, comme si on les avait laissés il y avait une dizaine de jours.

 

Nous choisîmes de planter la tente en dehors d'une zone bien pourvue en foyers. Ce fut le premier bivouac sur cette plage battue par les vents de l'Atlantique.

 

Le lendemain, au travail ! Il s'agissait de tracer un carré de 100 m², soit dix mètres au carré. La difficulté fut de tracer un carré et non un quadrilatère quelconque, aussi l'explication de la géométrie égyptienne par le paternel fut-elle précieuse. En traçant un triangle dont les côtés étaient de 3, 4 et 5 m, vous obtenez un triangle rectangle, pourvu donc d'un angle droit.

 

Après quelques ajustements, nous disposâmes d'un espace entièrement carroyé en petits morceaux de 1 mètre sur 1 mètre. Nous entreprîmes alors de relever la position de tous les débris : cailloux taillés, morceaux de poterie, coquillages et os et surtout coquilles d'oeuf d'autruche, la plupart décorées, qui servaient de récipients à l'époque.

 

Les os furent identifiés comme étant ceux d'une baleine, dont un magnifique os occipital pourvu de son trou du même nom où passait la moelle épinière, et quelques vertèbres.

 

La fouille du tumulus de sable ne donna rien.

 

Dans ce lieu loin de tout, quelle ne fut pas notre surprise de voir arriver un homme seul, un pêcheur, un peu simple d'esprit semblait-il, qui vint discuter avec nous quelques minutes avant de s'éloigner sur la plage. En fin de journée, il vint nous montrer le résultat de son activité : il avait capturé dans les trous de rocher un poulpe et une... murène. Avec comme seule arme un gourdin.

 

Notre matériel archéologique soigneusement étiqueté et emballé, nous levâmes le camp pour rentrer sur Tan Tan et Marrakech.

 

Nous décidâmes d'emprunter la piste de l'intérieur, qui évitait l'oued Chebika qui décidément nous laissait de mauvais souvenirs.

 

Ces expéditions en plein air se déroulaient certes dans le désert, mais la température était parfois assez fraîche. A l'intérieur des terres, certaines zones en altitude nous valaient des petits matins au froid piquant.

Sur la côte, c'était le vent qui était le problème, soufflant sans cesse et maintenant une température assez fraîche ; nous étions encore trop au nord pour que la douceur tropicale se manifeste.

 

Cette année-là Madame Letan contracta une double congestion pulmonaire, qui fut diagnostiquée à notre retour à Marrakech. Elle toussait à fendre l'âme et elle tenait quand même à assurer les tâches ménagères de vaisselle, Maman n'ayant pas été des nôtres en raison de sa santé. Un soir, elle rentra dans sa tente après que M. Letan soit allé se coucher, et elle fut accueillie par un « C'est à cette heure là qu'on rentre ? » sonore qui fit rire tout le campement. Où aurait-elle bien pu aller, en plein désert ?

 

Ce fut la seule fois où nous avions vraiment eu quelqu'un de malade lors de nos expéditions.

 

27 mai 2014

Le retour de CLAUDINE ...

Bonjour Mimi. 

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Mai 2014, nous rentrons de la ville rose .

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Voici comment commence le récit du séjour marrakchi de notre amie CLAUDINE.
Nous sommes donc partis 6 copains sur les traces de nos souvenirs et de notre adolescence.
Nous avons eu très chaud :4 jours de canicule où le thermomètre a osé franchir les 50°  ... nous quittions nos 16° français , DUR DUR!
Histoire de se requinquer au frais, nous sommes partis 1 journée à Essaouira (32° seulement ... on claquait des dents pour un peu ! ! !). 
Rien de bien nouveau pour les anciens que nous sommes , du déjà vu pour beaucoup, mais cela fait du bien à nos âmes meurtries de revoir encore et encore et de respirer le "parfum" de là-bas.

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Le 1er jour nous sommes partis un peu vite sur les chapeaux de roues ( la boulimie du pays !) à pieds à travers la ville plein de courage et un peu fous : Djemaa el fna  , le Guéliz , le lycée Victor Hugo , retrouvé la piscine du cercle officiers du Guéliz , puis le 1er lycée Mangin dans l'hivernage.
 
Recherche rue Mohamed VI, d'un petit truc sympa pour boire un coup et se restaurer ... Puis retour à pieds vers la place Djemaa el fna.
Le thermomètre monté à 45° ( je vous rappelle que nous avions quitté la veille un 16° français !) a eu raison de notre folie, nous ne pouvions plus avancer, pas de chapeau pour les filles, ( ce à quoi nous avons très vite remédié ) des vertiges, un peu nauséeuses,... pas un taxi en vue (tout le monde devait faire la sieste !!).

Enfin nos "hommes" ont réussi à trouver deux petits taxis salvateurs qui nous ont ramené sain et sauf dans la Médina où nous avions trouvé un petit Riad , maison d'hôtes , simple et sympa répondant à notre envie "d'intimité" entre ados d'autrefois !

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Une bonne douche froide pour nous "refroidir" et position horizontale pour se reposer un peu.
 Claudine nous donne les coordonnées de ce havre de paix, au cas où
Notre petit Riad maison d'hôtes : Riad des ours
                                           Derb Ezzamouri
                                          87 Quenter Riad de Laarosse
                                          Marrakech
Tel: 00.212.5.24.38.61.55
Notre hôtesse tel : 00.212.6.76.69.75.92  
Elle se nomme Sahar, elle  est adorable , serviable , nous étions aux petits oignons , elle cuisine à la demande et ce qui vous fait plaisir , selon notre envie du moment.

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Il n'y a que 5 chambres et nous avons pratiquement été toujours seuls.
La patronne qui est tourangelle ( comme nous ) est venue y passer quelques jours  avec une amie. 
 
Pour prime nous avons gagné pleins d'ampoules, ce qui m'a valu pansements et socquettes ( pas trop sexy !) durant tout le séjour, les pansements se décollant avec la chaleur. 
 
Les autres jours nous fûmes plus raisonnables , rentrant au frais à 14h pour ne ressortir que vers 17h jusqu'à minuit.
 
Je vais te distiller des photos petit à petit, tu choisiras ce qui te semble sympa pour les habitués du blog.
Comme il aurait été difficile de faire un choix et que je m'en serais voulu de ne pas partager avec vous, je vais TOUTES vous les éditer.....
Maintenant voici les photos.. 

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Les gazelles: Anne , Babeth et Claudine à l'assaut de la ville... c'est le matin , elles seront moins "fraiches à 16h !)
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L'ancien lycée Mangin (qui déménagera au Guéliz et deviendra récemment le lycée Victor Hugo)
 
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Assis sur les marches, les 3 anciens potaches... Claudine , Roland, et Anne  prêts à redoubler !
 

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Au Guéliz les eucalyptus crevés sont recyclés en œuvres artistiques.
 

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Une petite cigogne...qui amène le printemps , mais celle ci reste à l'année parait-il. 
Je n'ai pas de jardin alors je t'envoi mon jardin"de cœur".

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Enfin et pour finir j'aimerai que tu mettes cette peinture de femmes que j'aime beaucoup , merci.

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Merci, c'est nous qui te le disons, CLAUDINE. Merci de nous avoir fait partager un peu de ton séjour dans cette ville qui reste dans nos coeurs.
Merci pour les photos et aussi merci pour avoir pensé à nous lorsque tu étais la bas.....
Voila, chers amis, vous savez ce qu'il vous restera à faire lorsque vous aussi, vous irez revoir MARRAKECH, penser à nous et nous ramener d'aussi belles photos et de souvenirs....
Je vous souhaite une bonne semaine. Pour beaucoup d'entre vous avec une meilleure météo que celle de ces derniers jours et je vous envoie encore une fois toutes mes amicales pensées...Votre toujours MICHEL
16 décembre 2012

Noël approche et MAN ANA 2

Bonjour à tous, nous sommes vraiment en décembre. La neige qui nous a rendu visite pendant deux jours a cédé la place à une pluie ininterrompu. Le ciel est gris humide, le sol est spongieux, le moral ne remonte qu'un peu lorsqu'en fin d' après midi on allume la cheminée devant laquelle se couche le chien et regarde "sa télé".

Comme nos enfants sont maintenant adultes depuis longtemps, que ma petite fille vit assez loin de nous et malgré les décorations lumineuses de la maison, l'ambiance n'est pas vraiment à Noël.

Devrais je revenir sur les Noëls de Marrakech? Nous en avons si souvent parlé. Combien de fois avons nous raconté les sapins décorés de flocons de neige en coton, les messes de minuit dans les différentes religions, les repas de fêtes et l'attente interminable le matin du 25, que les parents viennent nous chercher pour voir ce qui se trouvait sous le sapin....

Devrais je revenir sur les cadeaux d'alors? Les mécanos qui m'ont permis de construire des grues, des voitures ou un très beau moulin dont les pâles tournaient grâce à une ficelle enroulée à deux poulies et entrainées par une manivelle à main. Mon premier rasoir électrique. Un disque des "Chausettes Noires"... et encore et encore. Aujourd'hui, les cadeaux aux enfants, même jeunes" sont plutôt électroniques, informatiques, enfin en "IQUE". Heureusement, mon épouse et moi même sommes restés très "Bouquins" en papier, refusant encore les tablettes de lecture.

Avant de passer la main à Jacques, je voudrais encore vous parler d'une chose. Notre Chat... Minou.

 

 

 

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Je suis toujours étonné, mais ravi, de voir cette boule de poils occuper tant de place dans notre vie. l ne me quitte que pour aller faire de courtes excursions dans notre jardin ou dans celui des voisins et revenir bien vite se mettre au chaud sur mes genoux ou dans la caisse du chien.

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Paula en a pris son parti et squatte le fauteuil devant la fénêtre. Celui qui lui permet de voir les oiseaux manger les dernières pommes et les écureuils faire la sarabande dans les pommiers du voisin.

Ce chat ne me quitte pas. Il me suit dans les différentes pièces, vient se frotter à mes jambes à chaque fois qu'il en a l'occasion, se couche sur le coté en me présentant son ventre avec la ferme intention de se faire caresser. Comme il n'a pas le droit de monter sur le plan de travail de la cuisine (Il a pris quelques jets d'eau les premiers jours) il vient se mettre entre mes pieds et s'allonge pour essayer de voir ce qui s'y passe. Lorsque l'un de nous rentre à la maison, il arrive, la queue dressée (Christian STP....il est castré) pour se signaler et vient demander un "grat grat" derrière la tête.

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Les jeux avec Paula sont aussi des grands moments. Comme un jeune enfant, il a besoin de jouer. Alors il va chercher le chien. Paula le regarde tranquillement. Il arrive et d'un coup de patte -sans griffe- il lui attrape la truffe ou une oreille. Après il va se cacher sous le sofa, laissant dépasser un patte pour lui signaler sa présence. Et le jeu commence. Il traverse le salon en passant par dessus les dossiers, Paula devant faire le tour des fauteuils. Il se cache de nouveau sous des coussins et attend qu'elle le trouve pour repartir de plus belle. Puis lorsqu'elle le bloque dans un coin, il se dresse sur ses pattes arrières les mets autour de sou cou et vient lui mordiller l'oreille. Je dis mordiller car Paula n'a jamais semblé avoir mal. Puis il lui lèche rapidement la truffe et va se coucher où elle n'a pas accès, lui montrant ainsi qu'il en ai fini de jouer et qu'il est temps de dormir.

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Vous aller vous demander pourquoi je vous raconte tout ça. Simplement parce que nous sommes heureux que ce petit animal ait pris tant de place dans notre maison et dans nos coeurs.

Aujourd'hui, Jacques nous conduit vers "L'Alliance française" et le "Photo caméra Club"? mais avant il me faut vous raconter une petite anecdote qui est arrivée à mon père et à Mr Davizé (Il travaillait au Consulat et c'était un des très bons amis de la famille.

Une photo retrouvée d'une soirée chez Roger Davizé. Mon père et lui étaient déguisés et dans le fond on voit ma maman folle de joie qui rit.

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Il y avait une tradition à MARRAKECH, (Jacques en parle dans son chapitre sur la photo, mais je vous laisse le plaisir d'en lire la chute) d'organiser un Rallye Photo. Je ne me souviens pas aussi bien que Jacques des conditions de participation, mais je me rappelle, car mon père nous l'a souvent raconté, qu'ils avaient fait les photos demandées, répondus aux diverses questions mais qu'au moment de remettre les photos développées, ils avaient eu la mauvaise surprise, en allant les chercher (Certainement chez Bertrand, un autre ami de mon père) d'apprendre que le film était vierge de toute photo. Le film avait du se casser à l'accrochage et les appareils de l'époque ne permettaient pas toujours de savoir si le film avançait bien. Il est certain qu'aujourd'hui, avec les appareils numérique, on a la possibilité de vérifier la qualité de chaque photo et de la refaire si besoin est...Autres temps... Autres photos.

Mais ils avaient tout de même eu un prix de consolation qui récompensait leur malchance...

Voila, maintenant je vous quitte et cède la place à Jacques et à son MAN ANA

L'Alliance Française,

 C'est Avenue Mohammed V, dans l'immeuble où habitèrent un temps nos amis Podevin, se situait le centre culturel de l'Alliance Française.

 Ce coin de l'avenue comprenait les Magasins Réunis, Radio Atlas Service où notre ami Albert Gozlan officiait, une banque qui devint un bureau de la Royal Air Maroc où je retrouvai plus tard derrière le comptoir mon copain de classe Mohammed Bamrani, et en face une librairie tenue par Madame Beraud.

Le centre culturel traversait le pâté de maison et ouvrait sur la rue parallèle à Mohammed V une bibliothèque « jeunes », tenue un temps par M. CAREL.

 Ce fut ma première bibliothèque. 

Ces équipements étaient rares en France d'après-guerre, et l'accès à cette richesse de lecture, moi qui adorais cela, de surcroît dans un lieu somme toute très lumineux, fut une véritable bénédiction. 

La sévérité qui régnait à l'intérieur avait toutefois pour résultat de réfréner quelque peu l'ardeur des lecteurs, mais je passai outre plus d'une fois et devins un ardent emprunteur des collections « Rouge et Or Souveraine » et de la Bibliothèque verte. 

Mes premières années marrakchies furent particulièrement riches en ce qui concerne les ouvrages empruntés. 

Plus tard, la bibliothèque pour enfant finit par fermer, mais je ne sais plus si ce fut avant ou après que l'exigence des études scolaires ne m'en ait progressivement éloigné.

 Entre cette bibliothèque et la bibliothèque adultes, où les parents empruntaient régulièrement des ouvrages reliés, dont le contenu était jugé inapproprié aux enfants, se trouvait une salle de cinéma et de conférences où se tenaient régulièrement des réunions, sur tous types de sujets. 

C'est ainsi que j'assistai à des conférences sur de l'archéologie islamique historique, sur la bombe atomique ou sur les gisements de pétrole. Enseignement scientifique, plutôt, car c'étaient quand même mes sujets de prédilection que ceux-là.

 Il y eut aussi des conférences illustrées par des films, dont un film de propagande américain sur le premier vol dans l'espace de John Glenn, et obligeamment sonorisé par ceux-ci en arabe classique. Souvent, autour de ces conférences, c'étaient nos professeurs qui intervenaient pour répondre aux questions que la salle voulait bien poser. 

Il y avait aussi les mercredis après-midi des films plus particulièrement destinés à le jeunesse. Ces projections du mercredi étaient gratuites, et attiraient beaucoup d'enfants de tous les quartiers de Marrakech, cette séance étant nettement moins chère que celle du cinéma Lux voisin, le moins cher de la ville européenne, mais où les places coûtaient pas loin de 0,75 DH au tout début de notre séjour. 

Il s'en est suivi parfois une joyeuse pagaille, et il me revient que la projection du film « la bataille du rail » comportait une scène particulièrement angoissante de l'attaque du train blindé par des résistants faiblement armés. La salle fit très rapidement le lien avec les scènes habituelles des westerns à la mode à l'époque, où il fallait « descendre » la maximum d'indiens pour être le héros, et la partie la plus tendue de cette scène déchaina un tel élan de commentaires de d'applaudissements que la projection en fut interrompue afin de ramener la calme. 

Il y avait aussi des projections le soir, dont un cycle « western » organisé par l'amicale laïque que je suivis en entier et où je découvris ce qu'était le « ciné club ». 

Progressivement, je grandissais aussi.

Le photo caméra club. 

Papa était un passionné de photographie, je l'ai déjà évoqué. 

Très intéressé par la vie associative, c'est tout naturellement qu'il prenait des responsabilités dans les associations auxquelles il appartenait. 

Pendant plusieurs années, il milita avec Maman (et nous par voie de conséquence) dans le tourisme social en France. Il s'agissait de créer des colonies de vacances permettant aux petits citadins de découvrir la montagne dans de bonnes conditions. Depuis, le Club Méditerranée et autres « Pierre et Vacances » sont passés par là, mais c'était un beau projet dans l'immédiat après-guerre, et l'association qu'ils ont fondée continue d'exister dans les Pyrénées. 

Rapidement, il fut élu à la présidence du Photo Caméra Club de Marrakech. 

Ce club se réunissait dans la salle du catéchisme attenante à l'église des Saints Martyrs. On poussait un peu les cartes Vidal-Lablache de Judée, et on pouvait projeter des photographies. On y retrouvait Stéphane Magnard, Marie-Claire Sitz, d'autres professeurs aussi et des amateurs de photographie ou de films qui projetaient leurs diapos montrant des voyages originaux, des macro photographies d'insectes, les essais d'un téléobjectif autour de la Koutoubia, les photos du festival de folklore de Marrakech. Marie-Jeanne Revel, qui avait une carte de presse, nous montra des photos de personnalités, dont celle d'Aristote Onassis, très difficile à photographier paraît-il. 

Ces soirées du mardi rythmaient une vie bien remplie. 

Une année faste, il fut décider d'organiser un rallye-photo, épreuve comportant des questions techniques pointues (convertir des ASA en DIN par exemple, ou calculer combien f8 au 125ème de seconde faisait au trentième de seconde). S'y rajouta ensuite une série de 15 photographies à réaliser sur un seul rouleau de 20 pauses (on arrivait en tirant un peu sur la corde à obtenir 22 photos d'un rouleau de 20, à condition de charger l'appareil dans un lieu obscur). Il y avait 5 photos libres, 5 photos imposées (au photographe de choisir l'angle le plus approprié et la composition la plus originale sur le thème de « la banane, la bouteille et elle » et autres sujets bizarres. Une matinée de franche rigolade à courir dans Marrakech, après que quelques fâcheux outrés par l'idée qu'ils dussent fournir une photo humoristique d'eux-mêmes se soient retirés. A midi, au local du Club, les rouleaux furent remis aux organisateurs qui se chargèrent de l'envoi des enveloppes jaunes à « KODAK – 93 SEVRAN » et les résultats seraient projetés et donnés lors de la réunion suivante à la salle paroissiale. 

Armé de mon « Instamatic » qui avait remplacé un 24x36 japonais qui avait eu une durée de vie fort courte, j'avais participé, et je remportai un prix : celui de la malchance, mes photos n'ayant pas été reçues pour la réunion du mardi, mais le jeudi. C'était l'époque où il fallait quinze jours pour voir les photos que l'on avait réalisé, ce qui semble inconcevable à l'heure du numérique d'aujourd'hui. 

Cela eut une conséquence inattendue : plusieurs copains voyant les résultats dans « Le petit Marocain », quotidien du matin de l'époque, vinrent me taper dans le dos et me féliciter après avoir vérifié que c'était bien moi le plus « schkoumounard ». Une chose est sûre : ce n'était pas au favoritisme que je devais mon classement. Je me faisais même souvent engueuler pour avoir fait des photos qui ne « donnaient » rien, donc pour avoir gâché de la pellicule.

 

Je ne vous souhaite pas encore un Joyeux Noel, car j'ai bien l'intention d'écrire un nouvel article avant les fêtes. Par contre c'est une bonne semaine que je vous souhaite en vous disant à Bientôt... Votre toujours MICHEL

25 mars 2012

Pas grand chose et HABIBA 3

Je l'avoue bien humblement, chers amis lecteurs, en ce moment je néglige un peu le  Blog. Surtout que certains d'entre vous ont certainement envie de lire la suite du roman que Jean Frédéric nous a offert.

Dans les commentaires certains se plaignent que cela ne parle pas assez de Marrakech et de ce que nous connaissons, mais d'autres me demandent la suite. C'est ce que je vais faire aujourd'hui.

Bernard a un peu dévoilé un projet qui se met en place. Jacques, qui a passé sa jeunesse à Marrakech et partagé certains souvenirs avec moi, à eu le courage d'écrire un récit de sa vie et de celle de sa famille qui se déroule justement dans les années qui nous intéressent : Celles de nos jeunes années. Il l'a appelé "CHKOUN ANA". C'est un pavé magnifique, que je suis en train de relire, que je vais scinder en plusieurs paragraphes et que je vais éditer sur le Bolg.. Notre Blog n'aura jamais mieux porté son nom..... Sinon je n'ai pas grand chose de nouveau à raconter sur notre chère ville et j'attends le retour des participants au "Serment des Brochettes" pour avoir ( je le souhaite) de nouvelles photos.

Un ami qui se trouve encore à Marrakech, Olivier cherche desespèrement des photos de classe du Collège Technique HASSAN II. Je n'en ai qu'une en ma possession et j'aimerais lui rendre service en lui faisant plaisir. Si donc vous en possèdez, n'hésitez pas à me les transmettre, peut être ne les a t il pas.

Dernière chose à vous dire : Mon adresse E.Mail était jusqu' ce jour chez "t-online.de". Rencontrant pas mal de problèmes pour récupérer les pièces jointes et les photos, j'ai envoyé un mail commun à tous ceux dont j'ai l'adresse dans ma boite d'envoi. J'ai reçu en retour 7 courriels m'annonçant que les adresse n'étaient plus bonnes. Donc si vous lisez cet article et que vous n'avez rien reçu de ma part cet après midi, c'est que vous êtes un de ceux la. Si c'est le cas recontactez moi, par l'intermédiaire du Blog, pour me donner une adresse valable qui me permettra de rester en contact avec vous.....

Je dois remercier Rafaéla qui m'a permis d'aider un de vous en me communicant une adresse et un N° de téléphone. L'intéressé a déjà été prévenu. Merci RAF de ta gentillesse et de ton engagement auprès de notre petite communauté.

Maintenant je vais vous abandonner et vous laisser lire tranquillement la suite de Habiba.

A bientôt. Toute mon amitiés et mes voeux de bonnes santé à ceux qui souffrent de divers maux . Ils se reconnaîtront aussi.

Votre toujours MICHEL

CHAPITRE 4

 

Le malentendu

Bien sûr, il se trompait…Le premier véritable contact du Hadj avec le monde des Roumis avait commencé par un terrible malentendu. Un malentendu tel que personne, des années plus tard, n’aurait admis qu’il y avait eu malentendu, chacun étant encore convaincu que la vraie vérité était de son côté.

Un matin le Roumi avait vu Le Hadj ramasser du bois mort et l’avait traité de voleur. Le Hadj l’avait pris de haut :

— Je suis Hadj, moi, et Le Hadj n’est pas un voleur !

À son tour, le Roumi avait levé le nez :

— Mais môssieur Le Hadj-Moi  , tu es quand même en train de piquer mon bois mort !

— Le bois mort appartient à Dieu, et personne ne peut voler ce qui n’appartient qu’à Dieu.

 Un cran de plus, sur la pointe des pieds :

 — Mais môssieur le Hadj, tu récoltes le bois mort de Dieu sur ma propriété !

Poil raide, faces rouges, la crête bandée, les petits yeux, on aurait dit deux corneilles se disputant un crapaud mort. Le ton s’était durci, les décibels se heurtaient, les mots les plus simples devenaient abstraits, les qualificatifs croisaient les menaces…

 Bouleversé, Le Hadj.

 De retour à la khaïma il marmonnait encore :

 — La terre appartient à Dieu et personne ne peut prétendre posséder ce qui n’appartient qu’à Dieu.

 Il avait pris Dieu et Lalla Zouina à témoin. Il ne comprenait pas ce que ce type voulait. Son père et sa mère avaient vécu sur ce bout de terre, ils en avaient ramassé le bois mort, ils en avaient récolté le foin, ils en avaient bu l’eau depuis des lunes…

Même que El Katib, son vénéré père, que Dieu le garde, était enterré là, au bout du champ.

Alors ?

 Soucieux, Le Hadj.

 Presque fâché.

 Non… Très fâché !

 « L’univers c’est la propriété de Dieu ! C’est Dieu qui fait la terre, le bois et les rivières. C’est Dieu qui décide si tu habites là ou si tu habites là-bas. Qui aurait l’audace de voler Dieu ? Ce Roumi est complètement fou !»

 « Qui es-tu donc, le Roumi, pour offenser Dieu, pour oser dire ma terre ? Crois-tu être l’égal du Seigneur ? Es-tu immortel ?»

 « Avant même que ne meure ton fils tout ici aura changé, ta ferme aura disparu, tes champs seront dévorés par le village, ta maison sera démolie et les murs dispersés pierre après pierre.  Les arbres auront poussé, grands, on les aura abattus, brûlés en charbon, mais les rochers seront toujours là, la pluie et les larmes des hommes les auront lavés des traces de pieds, des injures et de la boue.

 Les pistes qui ont vu passer les caravanes, les cascades qui ont baigné les femmes de Mahomet, les dalles qui résonnèrent au martel des sandales romaines… elles seront toutes là demain et témoigneront de la décadence de ton peuple, la fin de ta race, de ta civilisation et assisteront à l’émergence d’une autre dans un autre siècle, dans une autre vie.»

« Même cette mousse minuscule, ce petit brin de lichen entre les deux plis de schiste, ce rien poussera encore dans deux mille ans sur la même racine, sur la même ventouse incrustée là, dans le roc, depuis mille générations.»

Mais il n’y avait ni dieu ni femme pour entendre Le Hadj.

Il se rappelait bien le jour où la fourgonnette était apparue au loin, la première fois, comme un petit bousier besogneux dans un nuage de poudre orange. Elle avait contourné le bosquet d’eucalyptus sur la gauche, traversé le massif des figuiers de barbarie, cahoté le chemin de poussière jusqu’à l’éperon d’ardoise et s’était enfin arrêtée dans la plaine en contrebas, au pied de la butte aux amandiers, à dix pas de la cascade.

Puis rien.

Comme si la coquille craignait de sortir son escargot.

Enfin une porte s’ouvrit, un homme en descendit. Il était loin mais on pouvait distinguer qu’il était très grand et portait un chapeau blanc à rebords, comme un casque colonial.

Il fit quelques pas, l’autre porte s’ouvrit, une femme en culottes courtes descendit à son tour, puis un enfant – guère plus grand que Habiba – qui se précipita vers la cascade.

L’homme et la femme le rejoignirent ; ils restèrent un bon moment là, tous les trois. Lui faisait de grands gestes, montrait les arbres, la colline, les nuages, le ciel.

Sans aucun doute, des blancs, des Roumis. Ils revinrent bientôt à la fourgonnette, s’arrêtèrent et regardèrent vers le haut de la butte. Le Hadj, sa femme, la petite et grand-mère Amina, ils vivaient tous là-haut, sur la colline des figuiers de Barbarie.

Leur maison, la khaïma, ils la déplaçaient chaque printemps de quelques dizaines de mètres pour que le bouc au piquet puisse dessiner de nouveaux ronds dans l’herbe neuve. De là où ils se tenaient, les Roumis les voyaient clairement, lui, debout devant la tente, Lalla Zouina un peu en retrait et Habiba-bijou qui courait en rond autour du chien…

Les gladiateurs s’observaient, chacun d’eux campé carré sur son bout de certitude. Ni le Roumi ni le berbère pouvaient distinguer l’expression du visage de l’autre, le doute ou le défi dans les yeux de l’autre, ni même la couleur de la peau de l’autre, mais la tension était là, malgré la distance.

L’homme leva la main, probablement pour une sorte de salut. Le Hadj hésita, puis leva la main à son tour, bien à plat, bien verticale.

Si on le lui avait demandé, il n’aurait pas su répondre s’il avait juste rendu un salut ou s’il s’était instinctivement mis sous la protection de la main-de-fatma qui repousse le malin.

Mais les Roumis – il en était sûr maintenant, il ne pouvait s’agir que de Roumis – remontaient dans la fourgonnette qui disparut bientôt au détour des eucalyptus.

Lalla Zouina voulait comprendre, elle grattait à vif, comme toujours, elle n’arrêtait pas, ça faisait mal…

— C’était qui ?

— Comment le saurais-je ?

— Qu’est-ce qu’ils voulaient ?

— Je n’en sais rien.

— Est-ce qu’ils vont revenir ?

— Dieu seul le sait !

— Dis moi… Dieu ne permettra pas que des Roumis – elle avait dit les infidèles – viennent s’établir ici ?

— Femme, ce que je dis c’est que Dieu sait ce qui est juste,

Dieu ne laisse pas se mélanger le ciel et la mer…

— Mais toi, toi…

— Moi, je dis que tu ne dois pas discuter de ce qui est du ressort de Dieu ni même de ce qui est du ressort des hommes.

Puis, après un moment de réflexion :

— …tu prépareras le thé quand ils reviendront.

C’est le gendarme qui était revenu, avec le caïd du village, deux hommes armés et une valise de papiers. Le Hadj, sa femme, sa fille, sa tente, ses chèvres, son âne, sa vache et ses poules étaient priés d’aller s’établir ailleurs dès la récolte de foin terminée.

Évidemment, Le Hadj n’avait pas vraiment déménagé. La noualla des chèvres avait été démontée et reconstruite en contrebas, derrière la butte. La khaïma était toujours là, mais on ne voyait plus ses occupants. C’est comme s’ils avaient changé l’orientation de leur tanière et, avec elle, celle du jour qui se lève, celle des ombres du soir, celle du sentier de leur existence quotidienne.

Entre-temps, le Roumi avait débarqué avec une poignée d’ouvriers et commencé à construire une maison près des eucalyptus, là où la rivière forme d’un méandre serré un petit lac avec une cascade au bout.

Deux mois plus tard le toit était posé et du linge séchait sur une corde tendue entre l’éolienne et une cabane en tôle ondulée qui servait de remise.

Un chien roux aux longues oreilles surveillait les culottes et les draps quand il n’accompagnait pas le garçon dans ses pérégrinations sur le sentier des mimosas.

En bas, on préférait ne rien voir, ne rien savoir des gens d’en haut, les croire partis, voire transparents, surtout quand la vieille, la grand-mère Amina, apparaissait au crépuscule comme femme de Loth sur son piton rocheux, houspillant de ses youyous le soleil disparu, les impurs, son pauvre mari défunt, Que Dieu ait son âme, et toutes les calamités responsables de sa grande solitude. Une vieille folle.

En bas, dans la cheminée de la maison des Roumis, une grosse bûche finit de se consumer. Là-haut, sur la butte, la menthe et la chiba infusent dans la théière noircie. Le chien jaune s’est endormi. Tout en haut, au dessus du ciel, au dessus de l’infini, le temps a suspendu son tic-tac.

Si on avait su… on aurait peut-être laissé le temps prendre son temps.

 CHAPITRE 5

 

 L’épouvantail

  l’herbe était noire;

les grelots des troupeaux palpitaient vaguement,

une immense bonté tombait du firmament… ( Victor HUGO)

 Tout est tranquille, silence… L’épouvantail s’ébroue. Habiba se laisse glisser de son trône et file vers la droite, contourne la noualla aux chèvres. Le chien n’a pas bougé. L’ombre court, aveugle, terre noire, ciel noir, ses pieds connaissent le sentier par coeur, les cailloux, le petit fossé, le buisson d’aubépines, tout son corps sait, son coeur bat la chamade, des bribes de voix, ses oreilles la guident. Elle ne craint ni le chacal ni le scorpion, la perdrix qui dort ne bronchera pas d’une plume.

Arrivée au pied de l’escalier, sous les fenêtres qui projettent des carrés d’or dans la nuit, cachée par le rai noir du grand eucalyptus, elle s’assied en tailleur, les bras autour des jambes, le menton sur les genoux.

Ce n’est plus qu’un oeuf en chiffon, un oeuf qui écoute, qui attend que l’autre monde envahisse sa coquille.

Une fugue de Bach glisse de la porte entrouverte, un rire d’enfant, quelques mots, inintelligibles… Une musique insolite, un chapelet de perles qui dansent dans la tête et brodent des phrases dans une langue inconnue, loin des violes et des tambourins en peau de bique, un doux poème qui se rit de la plainte du luth, qui enlace, qui berce.

Elle ne me dit rien cette musique.

Elle ne me parle ni des récoltes ni de la rivière, ni des montagnes ni des ténèbres, elle ne me parle ni de la danse, ni de l’oiseau ni des pieds nus.

Les fantômes ont la peau claire, le visage imberbe et la chevelure dorée. Je veux m’endormir sur le mystère, la brume est douce, ma tête tombe, mon corps se dissout, mes rêves sont couleur de nuit.

J’ai si peur.

Habiba rit, elle qui n’ose pas rire, elle rit la main devant la bouche, la joie, les yeux écarquillés, le front brûlant. Elle est blottie dans le fauteuil devant la grande cheminée, il est là lui aussi, il sourit, les chèvres gambadent, patinent sur le parterre de marbre, grimpent sur la bibliothèque. L’homme au piano se retourne, immense, large et fort, son visage est bleu avec des sourcils oranges qui lui barrent le front et  circonflexent ses yeux de braise. Ses mains ciselées dans la pierre, enluminées au henné, volent sur la plage rayée de noir et blanc, animent des nuages de notes, soulèvent des volutes d’encens, des bouffées de fleur d’oranger.

Habiba, la musique te déshabille, la bouche de la musique te baise et son souffle fait voler tes cheveux. Et la  musique égorge les chèvres et le sang coule, coule, couleur de lait.

Une voix, au loin …

— Habiba-a !

Le rêve explose, le coeur de l’épouvantail recommence à battre, la pluie Habiba, il pleut, éveille-toi, la forme se redresse, cours Habiba, la maison disparaît dans le noir, un brin de lune  froide peint la nuit en bleu, glisse-toi sous la tente, sous les couvertures et pleure, Habiba, c’est bon de pleurer, c’est doux comme la chaleur du sein.

Le chacal jappe à l’orée du bois d’amandiers.

Un jour, j’habiterai cette maison. Oui, je l’habiterai ! Je le jure !

   

 

6 mai 2012

Le Guéliz et HABIBA 7

 
 
 Dimanche, vous devez être en train de voter....Moi, en Allemagne, je regarde tomber la pluie...Vous savez cette pluie qui était à Marrakech, un signe de bienvenu pour les touristes, lorsqu'ils arrivaient dans notre belle ville.
Aujourd'hui aussi, un couple de nos amis lecteurs (Non marrakchis) prend l'avion pour Marrakech. Nous les avons chargé de tout un tas de bonjours à dire, de pensées à avoir pour la rue de ceci, les arbres de cela.....Je leur souhaite au nom de nous tous un heureux séjour et un appareil de photo qui fonctionne.
 
Ceux qui ont lu les commentaires du dernier article, ont certainement vu que notre ami M2M nous invite, en cliquant sur sa signature, à lire un article très bien documenté sur la construction du Guéliz. Je vous le recommande. J'y ai habité pendant 19 ans et j'y ai trouvé des tas de renseignements très intérressants . Merci MICHEL pour tout ce que tu fais pour nous, les amoureux de Marrakech....
 
Mais maintenant passons à ce que beaucoup d'entre vous attendez. HABIBA
 
 
pi ou la quadrature du cercle

— Hé, Habi !

Elle n’a pas bronché. Assise sur son trône de bois mort au pied du mimosa, appuyée des deux mains sur sa houlette, elle a l’air de se bercer devant un mur sacré, loin de tout, les yeux dans le vague, hypnotisée par le va-et-vient des abeilles sur les bouquets de petites boules jaunes.

Il est sûr pourtant qu’elle l’a entendu arriver. Elle a décidé de ne pas être là, de ne pas répondre. Ce n’est pas la première fois. Une fois elle lui a même tourné le dos et il avait compris qu’il fallait tout recommencer, tranquillement, sans rien brusquer,  comme avec un cabot qui sait que la main tendue signifie aussi bien un os à ronger qu’un coup vicieux.

— Habi ! Tu fais la tête ?

Le petit bout de reine en exil, le paquet de chiffons se retourne avec lenteur, les yeux noirs de colère :

— Ha-bi-ba ! Je m’appelle Habiba !

— Mais Habi…

— Habiba ! mon nom, c’est Habiba !

Des larmes dans ses yeux, un geste de rage vers le pied de la colline…

— Habi c’est son nom à elle, la fille qui nettoie ta maison, la fille qui va chercher de l’eau, mais moi, ici…

Et ses ailes s’ouvrent, ses bras ramassent, emprisonnent son univers, la colline, les arbres, tout…

— …c’est Habiba !

Il ne s’attendait pas à ça !

— Mais, Habi…

— HA – BI – BA !!

— Oui, oui, Habiba…

Une lubie.

Il a du mal à comprendre cette idée de se couper en deux, de scinder la fille d’en-bas de la fille d’en-haut. Habiba, la princesse berbère, Habi, la petite servante des Roumis, l’ombre discrète… Deux personnes, deux mondes.

Habi, la fille d’en bas, Habiba ne la connaît pas. Elle ne veut pas la connaître, c’est tout.

— Mais tu sais… c’est gentil, « Habi »!

Et là il sait qu’il va l’acheter avec de la monnaie de singe

— Si on t’appelle Habi, c’est parce qu’on t’aime bien.

Habiba, qui ne sait pas encore la différence qui existe entre aimer bien et aimer tout court, décide alors d’aimer bien qu’on l’aime bien. Des fois…

Bon… revenons à nos moutons, pardon, nos chèvres !

— La géométrie c’est quoi ?

La tâche est ardue mais il n’y a rien pour rebuter un universitaire en devenir. A presque quinze ans on est un puits de science incollable et le goût de partager son bagage est une affection quasi hormonale. Et quoi de mieux, comme auditoire, qu’une  gardienne de chèvres fascinée par le savoir infini !

— La géométrie est une science qu’on apprend dans les livres. Une science qui rejette tout ce qui est irrationnel.

— Comme ?

— Comme la superstition, les chimères.

— Les chimères, c’est quoi ?

— C’est quand on voit des choses qui n’existent pas.

— Comme quoi ?

— Comme les fantômes, les esprits, les dieux…

— Comme Dieu ? Ta science n’a pas de Dieu ?

— Écoute, je ne sais pas… mais les scientifiques, comme les philosophes, ne croient que ce qui est vrai, que ce qu’ils  peuvent voir, toucher.

— Alors tous ces savants ils ne croient pas à l’air, à la lumière ? Les savants, ils ne croient pas à l’amour ?

Dans quel guêpier je me suis fourré ?

— Et les djinns ?

— Quoi les djinns ?

— Est-ce qu’on peut voir les djinns dans ta science ?

— Mais non ! Les djinns, ça n’existe pas !

— Les djinns, ça n’existe pas ?!!

Le ciel avait dû leur tomber sur la tête à ces savants qui enseignent des stupidités aux gens de la ville, et sur sa tête à lui qui avalait de telles absurdités.

Non seulement les djinns existent mais, tout le monde le sait, ils sont partout, tout autour, tout le temps. C’est vrai qu’ils  préfèrent les forêts sombres et les maisons en ruine mais il arrive qu’on en rencontre, le soir, derrière la bergerie ou près de la fontaine.

D’habitude ils ressemblent à des anges avec des ailes de lumière mais ils peuvent aussi ressembler à des êtres humains ordinaires. Il arrive même qu’ils se déguisent en oiseau ou en arbre, quand ils sont pressés.

— Alors, c’est ça que les scientifiques t’apprennent ? On ne peut pas toucher l’air donc l’air n’existe pas ? On ne peut pas toucher la faim, alors la faim, ça n’existe pas ? Et la vie, tu peux la voir la vie, toi, monsieur le savant ?

Ébranlé, Fils-de-Roumi !

Il avait l’impression de plaider une cause perdue :

— Justement, les livres nous apprennent d’où vient la vie, on y lit les découvertes faites par les hommes, les cellules, les microbes, on sait aussi calculer la distance entre la terre et le soleil, la taille de la lune et la chaleur des étoiles, on peut prévoir le diamètre des arcs-en-ciel et celui des ronds dans l’eau, on peut mesurer la vitesse des oiseaux… même la quantité d’herbe dont ton bouc a besoin, tiens !

— Mon bouc ! Qu’est-ce que mon bouc…

— Attends, je te montre. En géométrie tu apprendrais que la distance entre le piquet du bouc et le bout de sa corde est égale à la longueur du rond qu’il a brouté divisé par 2 π

— Deux pis ?

— « π » oui. C’est du grec…

— Ah, pis-oui

— Et ce n’est pas tout ! Quand il aura brouté toute l’herbe il aura brouté une surface égale au carré de la distance entre le piquet et le bout du rond multiplié par « π »…

pis-oui ?

— C’est ça ! Tu as compris !

— Ah ?

Pensive…

— Tu veux dire que les boucs de ton école peuvent mesurer leur corde, brouter des ronds et écrire des lettres en grec ?

Elle étouffe, ses épaules, tout son corps, tressautent, rire, la main devant la bouche

— Comme si mon bouc pensait à autre chose que de… de faire le bouc, quoi ! D’ailleurs quand un bouc pense à faire le bouc, il arrête même de penser ! C’est comme ça, un bouc !

Alors, des pis grecs… Ah, ah, tu es drôle, toi !

Elle est pliée en deux. Elle visse son index sur sa tempe puis se met à sautiller autour de lui en battant des ailes : pis‑oui, pis‑oui, pis‑oui 

Un peu vexé, Fils-de-Roumi, mais elle est si gaie qu’il ne peut garder son sérieux très longtemps.

Elle le regarde, redevenue grave : 

— C’est vrai que tu aimes bien Habi ?

 

— Oui, bien sûr.

 

 

Il est temps de changer de sujet.

— Et toi, Habi, pourquoi tu ne vas pas à l’école ?

— Les filles n’ont pas besoin d’aller à l’école ! L’école c’est pour les garçons. C’est écrit.

— Mais l’école du village ? Tu pourrais…

— Les filles n’ont pas le droit.

Pourtant il est sûr d’avoir entendu des voix de filles dans l’écho des versets récités par les petits burnous qu’on aperçoit par les fenêtres de la maison du vieux fquih, le sage du village.

Il relance :

— Tu sais, il y a toujours eu des filles dans mon école, ce n’est pas défendu. Je crois que toi aussi, tu pourrais y aller.

— Le chemin des filles c’est le chemin qu’a décidé Le Hadj et ce qu’a décidé son père avant lui. Et ce qu’il a décidé, c’est ce qui est écrit, et c’est ce qui est.

— Ce n’est pas juste, Le Hadj ne peut…

— C’est écrit, c’est tout ! Le Hadj connaît le Coran, il fait toutes ses prières, il a vu la kaaba, il a embrassé la pierre noire et il peut raconter son voyage et toute la vie de Mahomet. Il sait ce qui est bien : les filles doivent s’occuper des enfants, des chèvres et de l’eau. Et dis-moi, à quoi ça servirait de se remplir la tête avec des…pis-oui !

Il ne relèvera pas l’ironie. 

— Mais toi, qu’est-ce que tu veux faire plus tard

— Je ne comprend pas.

 

— Bien… quand tu seras une femme

— Je suivrai mon mari, tiens !

 

— Oui, mais toi toi  , tu feras quoi ?

— Ce qu’il me dira.

le monde de lautre

 Ils avaient joué au jeu des différences, un exercice du cours d’éducation civique. Il partait donc avec une petite avance, une malhonnêteté dont il faut savoir user quand le jeu est serré et l’enjeu important.

Chaque protagoniste devait décrire une semaine de vie, jour après jour. L’enjeu ? Non, pas d’enjeu ni de gagnant mais la satisfaction d’une curiosité réciproque, une vision sur les divergences du vivre de chaque individu. C’est simple : 

Je me lève tôt contre je me lève le matin : Trouvez la différence.

Dans le cas qui nous préoccupe, l’heure du petit lever peut être régie par le soleil, les chèvres, une cloche ou l’odeur du chocolat chaud. C’est une question de civilisation, paraît-il. 

A douze, treize ans, comme Habiba, et à peine plus pour Fils-de-Roumi, on ne comprend pas tout de la façon dont les adultes comprennent ce qu’ils parviennent à comprendre. À cet âge, les évidences, si chères aux adultes, si rassurantes, sont, par  principe, toutes remises en question. 

On discute de tout ce qui est indiscutable, on doute de tout ce qui est indubitable. C’est d’ailleurs une maladie dont on devrait ne pas guérir. 

Le jeu commençait comme ça, une semaine au hasard : Lundi : deux heures de français, gym, grillé une sèche dans les chiottes, latin, histoire, géo. 

Nar el Tnin (jour deux, c’est le lundi du bled) : tiré le lait des chèvres, ramassé des asphodèles, trempé les pieds à la cascade, balayé la maison du Roumi, cassé le balai.

La version Habi avait été difficile à extirper au début car elle ne comprenait pas du tout l’intérêt de l’exercice. C’est passé, c’est fini !

Mais c’était vite devenu amusant parce que, comme prévu, chaque fait devenait sujet de discussion, d’étonnement, voire de confusion (personne jusqu’ici n’avait parlé du balai cassé !) 

Mardi : latin, chimie, allemand ; handball, marqué deux buts contre les Philo ; pain et chocolat à quatre heures. 

Nar el Tlet (jour trois…) : Ramassé doryphores dans les patates, égorgé et plumé le vieux coq, promené chèvres, grillé sauterelles.

Mercredi : version grecque, math, éduc. civique, dessin ; peint tempête de sable en terre de Sienne brûlée.

Nar el Arba : Sorti les chèvres, ramassé fagots. Trouvé une alouette blessée, plumé, grillé, mangé l’alouette.

Jeudi : thème latin, sciences nat., physique ; du merlan en colère à midi ; des godasses sont foutues.

- Nar el Khemis : Sorti les chèvres, cueilli tomates, coupé et attaché menthe en bouquets pour le souk de vendredi.

Vendredi : caté, handball, douche et tout ce qui s’ensuit ; fumé une khédive.

- Nar Jemaa : Jour de souk, mangé un sphinge, vendu la menthe, les tomates et le lait caillé, rencontré Malika.

Samedi : costume du dimanche, valise, fumé une khédive, pris le train de Bouznika, marché jusqu’à la maison.

Nar el Sept : Ouvert les fenêtres, lavé cuisine et cabinets, balayé la terrasse, rempli les cruches. Rentré les chèvres, écouté la musique du bac.

Ce jeu aurait pu générer une autre péroraison du psychologue en herbe mais, heureusement, à force d’en rire le contenu par petits bouts, on avait un peu perdu le fil.

Habiba savait maintenant que Fils-de-Roumi n’atteindrait jamais le niveau de vertu des croyants s’il persistait à subir cet enseignement de ville, inerte, stupide, si éloigné des vraies choses de la vraie vie.

Le jugement, le verdict de Fils-de-Roumi était plus simpliste : Habi était différente, point. Elle comprenait les choses différemment.  

En fait, il pensait même que les choses lui apparaissaient différemment. S’il sentait que leurs certitudes respectives ne se combattaient pas – enfin pas trop – qu’elles auraient même pu se conjuguer, il était évident que, dans l’ensemble, elle avait une curieuse conception de la vie et des choses « importantes ».

Il n’y a ni pourquoi ni comment dans son univers à elle.  

Pourquoi le soleil réchauffe, pourquoi le vent souffle… questions insensées, le vent souffle, c’est tout, c’est l’état du vent, la raison d’être du vent. Comme l’eau étanche la soif, comme le nuage pleut, comme la chèvre donc le lait…

Pour lui, la terre est une superficie, un composite chimique complexe, quelque chose de dur, d’hostile et de pas très propre, une matière qu’il faut creuser pour en extraire le fer, le charbon, le pétrole, qu’il faut engraisser, cultiver pour en vivre, déplacer, empiler pour construire, pour en user.  

Pour elle, la terre c’est la pâte dont elle est faite, c’est la poussière qu’elle deviendra, c’est le sentier tracé pour son voyage d’un bord à l’autre de la vie, c’est la soeur de l’eau, de l’air et du feu, c’est l’univers de Dieu.  

Habiter une maison de pierre, une hutte de paille ou un abri en tôle, fouler aux pieds le frais de la tuile ou le doux de la laine, s’étendre sur un lit de plumes ou sur des nattes de jonc, tout cela est le fait de Dieu, de rien ni de personne d’autre.  

Lui, il ne sait pas très bien comment on peut supporter cette soumission au temps qui passe, cette résignation devant la dictature de « l’écrit », comment un tel abîme puisse exister entre leurs préoccupations, leurs désirs, sans qu’il ne s’agisse, de sa part à elle, évidemment, d’une attitude butée, obtuse.

Il est persuadé qu’elle finira un jour par découvrir les « vraies » valeurs.

C’est la rencontre improbable de deux Pygmalion qui s’ignorent mais deux Pygmalion qui comptent bien sculpter l’autre à son idée. Pour les noces de Galatée, on verrait plus tard.

 les

On aurait dit qu’elle murmurait des mots d’amour à l’oreille des chèvres, assise au milieu de son cercle de commères, qu’elle leur racontait, qu’elles écoutaient. Elles hochaient la tête avec gravité, la barbiche frémissante et l’oeil allumé.

Mais qui peut dire ce qu’il y a dans la tête d’une chèvre ?

— Ah, c’est toi ?

Une froideur d’iceberg. Hostile, presque agressive.

Il dérangeait.

Un peu…

En fait c’est surtout que le soleil était déjà bas et qu’elle avait espéré le rencontrer par hasard  et surtout plus tôt. Bien plus tôt. Puis les corneilles qui se chahutaient en haut de l’eucalyptus, elles si bavardes quand elles ne sont pas menacées, s’étaient envolées sans un cri. Elle savait lire les corneilles : il avait dépassé les mimosas, il arrivait.

  Et il savait comment dégeler un iceberg…

— C’est joli ce que tu chantes ?

— C’est l’histoire des cailloux que chante ma grand-mère.

— Elle est chanteuse ?

— Non, elle est grand-mère !

— Ah, bon…

— Tu veux que je te raconte, ou quoi ?

— Si tu veux.

— Ça dit comment on mesure la première vie des gens au pays de grand-mère Amina.

— La première vie ?

— Oui. C’est comme ça dans son pays.

— C’est où, son pays ?

— Dans les montagnes…

Un geste vague, sa main plane sur la colline, survole la plaine, dépasse la brume de l’horizon, atteint le bout du bout de la terre.

Elle fredonne :

« ô mon enfant, ta vie sera comme ce tas de cailloux il y aura deux cailloux pour le bonheur moins un pour la tristesse tu en ajouteras deux pour chaque mot d’amour et moins trois pour ta colère plus deux à la naissance de ton fils moins un pour le chacal et encore un pour chaque prière et moins trois le jour des criquets. « et sache, mon enfant, que la nuit venue les cailloux se concertent, ils se comptent et se recomptent.

Puis un, puis deux, parfois quatre décident de s’en aller, de commencer un autre tas, de compter les jours d’une autre vie.

« et à la fin, ô mon enfant, quand il ne restera plus qu’un seul caillou tu sauras que ton heure est arrivée car c’est ce caillou -là qui marquera ta place dans la terre."

— C’est un peu triste ton histoire…

— Ah… Tu ne l’aimes pas !

— Mais si, mais si, c’est une très belle légende !

— Mais alors pourquoi dis-tu qu’elle est triste ?

— Parce que c’est un peu triste, la mort, non ?

— C’est parce que tu ne sais pas que la mort c’est le début de la vie ! Pour le croyant qui observe la parole de Dieu il y a un paradis après la vie.

— Tu crois au paradis, toi ?  

— Bien sûr ! Le paradis c’est plus beau et plus grand que tout ce que tu connais. Même qu’il y a un arbre si grand qu’un cavalier peut galoper pendant toute sa vie sans jamais sortir de son ombre et le parfum qui s’exhale des fleurs peut être senti à une distance de cent ans (1).

— Est-ce qu’il y a un pommier ?

— Un pommier ? Sûrement !

 

— Et un serpent ?

 

— Oh ! Je ne sais pas ! C’est idiot, ça ! Un serpent au paradis

— Ne te fâche pas ! 

— Voilà ce que dit le Coran : les murs du paradis sont faits de blocs d’ambre et de rubis, de topazes et de pierre de lune.  

L’herbe des jardins c’est du safran, les cailloux sont des perles et il coule un vin de cristal aux fontaines

— Du vin ?

 — Oui ! Tu écoutes ? Et aussi des rivières dont l’eau est toujours fraîche, et des rivières de lait, des rivières de miel et toutes sortes de rivières et plein de fruits sucrés.

 — Habi, si ton paradis existe c’est sûrement le plus beau paradis du monde !

 — Le plus beau, oui, et c’est le dernier caillou qui en ouvre la porte. Tu comprends maintenant…

 — Oh, oui ! Quand même, toutes ces cailloux qui sautent d’un tas à l’autre, la nuit, c’est stupéfiant…

 Mais Habiba n’ayant pas appris le sens du mot humour ne sait pas encore distinguer le sérieux du persiflage.

1 authentique, les fleurs de cannabis sativa , ça exhale très longtemps…

 Voila chers lecteurs, j'ai pris le temps de vous éditer trois chapitres en une fois car je sais que certains d'entre vous sont impatients d'avoir la suite de HABIBA.

Cher Jean-Frédéric, je te remercie encore pour ce cadeau littéraire. J'ai pris la liberté de signaler à Françoise que tu avais mis un commentaire sur le dernier article.....

16 juin 2012

HABIBA 10

Voici la suite promise, trois chapitre de l'histoire de la petite berbère HABIBA
 
t-o-u-j-o-u-r-s
— Demain, tu m’apprendras T-O-U J-O-U-R-S ?

— Non, c’est impossible, Habi, les vacances sont finies. Je m’en vais demain.

— Ah…

Elle savait bien que cela finirait par finir.

— C’est triste que tu retournes là-bas…

— Non, pas vraiment. Tu sais, il y a mes livres, mes amis.

Là-bas, c’est ma vie. Les vacances, c’est un peu comme une permission de soldat – il ricane – ou plutôt, comme l’évasion du prisonnier !

pas sûre de bien comprendre. Elle n’est pas triste pour lui, c’est plutôt ce voile de deuil qui s’abat sur elle, sur le toujours, sur demain.

— Tu penses à quoi quand tu es pas là ?

— Comment ça, quand je ne suis pas là ?

— Quand tu es là-bas, tu penses à quoi ?

— Je ne sais pas, moi, à quoi veux-tu que je pense ?

— Oh, tout ça, les plantes, les fleurs, les oiseaux d’ici…les gens d’ici…

— Oui, bien sûr, ça m’arrive.

— Tu penses à nous quand tu es là-bas ?

Il éclate de rire :

— À nous ? Tout le temps !

Je le savais, je le savais…

C’est l’heure de l’estocade.

— Et tu penses quoi ?

— Je pense quoi ? Qu’est-ce que tu veux que je pense ?

Un doute, infime… l’étrangler, vite !

Elle se jette à l’eau.

— Je te demande si tu penses à Habi.

— Ha ! Et pourquoi que je penserais à Habi ?

— Mais tu m’as dit…

— Écoute, au lycée je pense au lycée, je pense à mes cours, je pense à mes devoirs, je travaille…Il n’avait quand même pas dit je travaille, Moi…

 

— Je n’ai pas vraiment le temps de penser aux chèvres, aux arbres, aux fleurs, à tout ça !

— Ah, bien sûr !

C’est l’évidence même, les cours, les devoirs, tout ça !…Vaincue par la ville pute, la maudite ville des Roumis… Il ne veut pas dire que je suis dans un coin de lui, mais je sais… je suis sûre… Ô mon djinn, vas-tu le laisser partir sans rien faire, me laisser seule encore ?

Elle torture le petit carnet bleu mais rien n’y fait, le farfadet est occupé, il n’écoute pas, il n’entend rien.

Et lui non plus, Fils de Roumi, il n’entend rien.

Indifférence, cécité, et puis toutes ces règles non écrites…Il n’a rien compris, il ne sait pas qu’il s’est installé dans  son esprit, qu’il vit en elle du soir au matin, qu’il réapparaît d’entre les fantômes comme feu follet dès qu’elle ferme les yeux, un halo d’homme dans l’ombre de sa nuit, une rose des sables dans les dunes de soufre, un figuier au milieu du désert.

Il ne sait pas qu’elle voudrait faire parler les silences, meubler le vide infini de ses absences par d’interminables conciliabules, chanter pour lui pour qu’il soit là quand il n’est pas là.

Il ne sait pas, il ne sait rien. Il ne sait même pas qu’elle existe hors de ses chèvres, hors de sa prairie, hors de ses propres rêves.

 

Elle a glissé de sa roche, tournée à demi, elle est là, accroupie, les yeux fixés sur lui. Deux éclairs verts, deux grands yeux en îles d’émeraude dans des lacs de nacre, et ce voile, une brume légère, le regard doux et mystérieux des myopes. Un regard comme une porte sur un abîme de renoncements, de fantasmes merveilleux et de solitude. Tout à la fois.

Il n’a jamais vraiment vu ces yeux. Jusque là, il n’avait jamais été admis dans ce domaine interdit à l’étranger, au passant, celui des yeux pudiquement protégés du monde par des paupières d’ombre, creusées dans les cernes de khôl.

Il émane d’elle un parfum étrange et familier, cette fragrance si particulière entre plume de perdrix et gibier de  poil, l’odeur du garenne fraîchement tué, à peine perceptible, un peu musquée, pas désagréable, cette odeur que le chasseur connaît bien, chargée des phéromones qui font du poète un prédateur et changent le rêveur en conquérant.

Des sémaphores qui épèlent les signaux peur, traque, mort… peau, femme, guerre…

Mais lui, il est déjà loin, là-bas, en ville, au lycée, avec les siens.

— Bon… allez, il faut que j’y aille, dit-il.

— Oui, dit-elle.

Et il est parti. Il n’a rien entendu.

… Tout s’éteint, tout s’efface, tout se dissout derrière les paupières baissées, l’image se rature, le silence, le  morne s’installe.

Elle voudrait mourir, là, maintenant.

Ça fait mal, mal, là dedans.

Il n’y a pas même de larmes, c’est une douleur sèche, muette, le ciel est rouge, la terre sombre, les arbres frissonnent, le grondement dans ses oreilles, insupportable, elle se roule en boule contre la souche, le coeur crie, un rêve, il revient dans le rêve, il lui dit, dans le rêve, un jour je t’emmènerai, la musique, Bach, les robes, la ville, un jour, je t’emmènerai…

Un chevreau lui broute les orteils.

la deuxième vie

Avec l’automne et tout ce qui s’adoucit, qui mature et s’assagit en cette saison, Habiba s’est rapprochée de maman Zouina. Elle a retrouvé l’oreille attentive, réinventé les babillages en duo auxquelles elles se livraient avant.

Mais foin d’histoires de chèvres, de rubans de soie ou de henné… il n’y en a que pour Fils-de-Roumi, son amitié – il m’appelle Habises attentions – le carnet bleu. les heures sous l’eucalyptus – il ma montré la géométrie et lui, lui –  sa peau, couleur de pain doré — Il m’apprend à écrire, il me raconte la ville et quand il reviendra, il sera riche et il me montrera comment construire un pont…

Et dans son coeur elle sait bien que Fils-de-Roumi aime Habiba, qu’il va la demander au Hadj et l’emmener sur son pur-sang blanc vers un destin merveilleux… 

Lalla Zouina est atterrée, elle n’en croit pas ses oreilles. Elle a bien tenté de la raisonner sous une avalanche de mots pareils à des youyous désespérés, in‑in-impur, inadmissible, infidèle, impossible, incorrect, indécent… rien n’y fait, aucun discours ne trouve d’écho auprès de la jeune fille. Quolibets, commisération, prières, colère, menaces, tout y est passé, elle ne sait plus…

Oh, là, là, Habiba-bijou, mais où as-tu la tête ?

Mais Habiba vogue dans un autre monde, le demain qu’elle a inventé, qu’elle a sculpté, un monde parfait où le doute, les obstacles, les objections n’existent pas. Même Lui, là-haut, n’a pas un mot à dire !

— Il va marier Habi ! Non, on en a pas parlé mais…

 Et sa peine était immense qu’on ne la crût pas.

 Intolérable. 

Elle savait pourtant… il ne l’avait pas vraiment dit, mais personne ne pouvait dire qu’il ne l’avait pas dit.  

Un jour, bientôt, sûrement… 

Et non, jamais elle ne se marierait avec un autre !… 

On en était là, ce fameux soir, sous la khaïma. 

Par principe – et sage magnanimité – Le Hadj ne se mêle jamais des affaires des femmes et à fortiori de ces chamailleries animées qui ont toujours lieu le soir, à l’heure du kif. Mais aujourd’hui il a senti qu’il y avait là comme un dérapage manifeste, presque une remise en question de ses prérogatives de chef de famille.  

Mariage… demain… amour… jamais… Oh, là !

Il n’a pas bien suivi mais il se doute qu’il lui faut remettre un peu d’ordre dans les esprits.

Et il a l’habitude de faire court :

— Habiba, c’est non.

Les deux femmes se taisent, interloquées.

Jamais, au grand jamais, Le Hadj n’a imposé, pas même suggéré une solution pour résoudre un conflit entre les femmes de la colline, à tous les étages, de la petite fille à la grandmère, sans oublier les tantes de passage. Mais la situation est critique, il en devient presque loquace :

— Habiba, je dois t’annoncer que tu vas te marier avec Ahmed el Dïb. J’ai accepté sa demande l’an dernier, et j’ai jugé que c’est un bon parti même si la dot qu’il offre n’est pas très respectueuse. C’est vrai qu’il est un peu vieux et pas très aimable mais il conduit le camion du métayer. C’est quelqu’un d’important.

Stupeur, un milli-instant.

Puis l’explosion :

— Oh, non ! Je ne me marierai pas avec ce rustre, ce cochon. Jamais !…

— Habiba, tu feras ce qui a été décidé.

— Jamais ! Le Dïb ! Ce vieux vicieux malfaisant et grossier.

Ce chacal… (chacal s’écrit d-ï-b, c’est pour cette raison qu’il y a deux yeux méchants sur le ï) ce chacal, je le déteste, il pue, il ne m’amènera jamais en ville, il ne m’apprendra pas à lire…

Elle est debout, elle les défie, maintenant : 

— Je préférerais mourir… Je m’en irai… je… vous n’avez pas le droit, c’est… 

— Habiba, pour la dernière fois, tu feras ce qui est décidé. 

Un mur d’incompréhension, c’est le désespoir : 

— Mais c’est impossible, Fils-de-Roumi va m’épouser, il a dit, je crois… il faut… Mais vous ne comprenez rien ? 

Le Hadj, tourné à demi, éberlué, contemple Habiba-bijou, sa fille bien aimée… 

— Le fils du Roumi ? 

Elle hoche la tête les yeux baissés, quête son approbation. 

Lui, c’est simple, il n’en revient pas : 

— Le fils du Roumi !! 

Il s’est levé, il fait maintenant face à Habi. 

Un geste ample, la détermination du bûcheron, un coup à assommer un boeuf. Le cabot jaune, dérangé par la  fillette qui s’effondre, fuit hors de la tente en glapissant. 

La décision du Hadj était prise et la médecine choisie. 

La semaine suivante Habi était mariée. 

Deux chèvres comptant, huit autres chèvres, dont une pleine, plus un bouc, à venir au printemps prochain.  

Le Hadj avait décidé d’étrangler le dragon, d’étouffer le scandale annoncé, de rétablir son autorité et, du même élan, d’offrir à sa fille un exutoire à son débordement glandulaire.  

Malgré l’estime toute relative que l’on portait au fiancé de circonstance ‑ et le ridicule de la dot ‑ Le Hadj avait décidé que la prunelle de ses yeux aurait un mariage digne d’elle et de l’amour qu’on lui portait.

La cérémonie donnerait donc lieu à une grande fête qui durerait toute la journée et toute la nuit, et le jour  d’après.

Dès petit matin les femmes avaient envahi la khaïma pour laver, pomponner et poudrer la jeune fille. On avait même apporté du lait d’ânesse pour lui masser le visage et les parties tendres du corps.

La vieille Amina, miraculeusement rajeunie d’un demisiècle, et Malika, l’amie de toujours, s’étaient partagées la cérémonie du henné afin de lui garantir bonheur et prospérité – une garantie qu’on sait être aussi éphémère que la persistance des motifs dessinés sur les mains de la fiancée.

Des générations de vêtements et de bijoux avaient été exhumés des malles, dont un magnifique caftan, une superbe robe longue en soie bleue avec des broderies sophistiquées sur le devant, des passementeries dorées avec des millions de petits boutons, des franges torsadées et des rangées de paillettes.

Et puis des foulards en satin de Chine, des fichus de mousseline arachnéens, des voiles en taffetas persan et de larges ceintures de cuir blanc clouté d’or pour souligner la taille. Des babouches neuves en cuir jaune complétaient l’attirail.

C’était magnifique.

Il avait fallu partager tout ce bonheur avec le village.

On avait juché la fiancée au visage dissimulé par les voiles sur la mule brossée et décorée pour l’occasion de  guirlandes, de colifichets, de houppes et de pompons.

On avait loué un orchestre de deux musiciens pour suivre le défilé et le fiancé avait même invité une fille du nom de Salomé qui, disait‑on, exécuterait la danse des sept voiles dans la soirée.

Pour le moment elle se contentait de faire tressauter ses hanches, son nombril et d’autres parties du corps avec beaucoup d’élégance.

Des hommes habillés de gandouras blanches, chargés de porter les plateaux de cadeaux et de nourriture, suivaient en dansant, accompagnés par les musiciens.

Les castagnettes karcabous tintaient, la flûte zinzinnait, le luth gnaoua se plaignait, le tambourin tambourinait.

Une nuée d’enfants couraient autour de l’équipage, criant, sifflant, chantant.

Les chiens aboyaient.

C’était vraiment magnifique.

Dans la soirée, les femmes réunies autour des plateaux de cornes de gazelle et de thé à la menthe commentaient la différence d’âge entre la jeune fille et le rustre mais un mariage est un mariage et personne, les invités pas plus que la fiancée, n’aurait osé exprimer quelque désapprobation.

Quant aux hommes, ils faisaient peu écho aux plaisanteries grivoises du prétendant et se contentaient de vivre le moment présent, des images salaces dans la tête, la bouche pleine et les doigts gras de méchoui.

A un certain moment, bien plus tard dans la nuit, des youyous avaient éveillé ceux qui somnolaient autour du feu et les femmes étaient sorties de la khaïma en chantant et en dansant.

Elles avaient vu ce qu’il y avait à voir et elles pouvaient confirmer que la jeune Habiba s’était présentée pure à son mari. Et grâce à Dieu elle venait d’échanger son état de jeune fille pure pour celui de femme mariée…

Six mois plus tard la belle Habiba était grosse comme une génisse, le solde en chèvres n’avait pas été payé et le mari improvisé parti bien avant qu’elle ne soit délivrée. 

Pendant les quelques semaines où il avait défloré, honoré et dressé sa nouvelle épouse, celle-ci habitait sous la tente de la belle-mère qui avait trouvé en elle l’esclave dévouée qui lui manquait.

Le mari éphémère parti, le bébé (une fille, hélas !) vit le jour dans la mélancolie d’une journée de printemps particulièrement pluvieuse. 

Face à la perspective d’une bouche supplémentaire à nourrir la belle-mère aida sa bru à ficeler le marmot sur son dos et l’encouragea vivement à regagner le domicile paternel.

la mort du Djinn

Le Hadj attacha deux belles poules par les pattes, emballa six oeufs du matin dans une feuille de papier journal et un bon kilo de smen bien vieilli dans un torchon humide.

Il apporta le tout au Roumi pour négocier le retour de Habi, harnachée de son arapède endormie.

Il avait fait une erreur de jugement, il avait été bafoué par un individu malhonnête, humilié pour ce que l’on disait de sa naïveté,

si malheureux pour la mère de sa fille que Dieu la garde dans sa grande miséricorde -

si honteux pour la fille de sa femme que Dieu la punisse pour ses errances et son insubordination 

si chagrin pour l’enfant de son enfant que Dieu la protège, malgré tout - une enfant sans père, une enfant sans nom, une enfant qui n’existera pas, qui n’ira pas à l’école, qui n’aura droit à rien.

Bref, si le Roumi ‑ que Dieu le bénisse, le garde près de lui et récompense sa grande générosité ‑ voulait bien pardonner Le Hadj d’avoir engendré une fille si peu digne de sa bonté, alors Habiba reviendrait travailler à la maison du Roumi, nettoierait partout, balayerait le plancher, laverait le linge, époussetterait les meubles, ferait les courses, chercherait l’eau, guiderait les chèvres, nourrirait les poules et le cochon, brosserait l’âne, trairait la vache, et elle ne dirait plus de bêtises, plus jamais, et elle n’ennuierait plus personne avec ses chimères.

C’est bien, on la reprendrait pour les vacances de Noël. 

— Tu sais, la petite bougnoule, elle est revenue. 

— Qui ça ? 

— Habi.

— Elle ne s’était pas mariée ? 

— Si, mais ça n’a pas marché. 

— Ah… 

— Son père a demandé qu’on la reprenne. 

Ça faisait presque un an. Fils-de-Roumi espérait bien qu’elle ne l’emmerderait plus avec ses histoires de djinns et ses leçons d’écriture, rien à foutre, bien d’autres choses en tête, le tournoi de handball, la boum de Noël ‑ ah, les Platters… ‑ et puis les copines, les examens, tout ça quoi… 

M’ouais, quand il la verrait, il lui dirait tout net… 

C’est à cet instant qu’elle apparut, encadrée par la porte de la cuisine. La silhouette hiératique, impériale, d’une  Néfertiti, les yeux mi-clos, un regard sans regard, un masque de sphinx, l’indifférence absolue. Curieux, cette sensation d’être transparent. Et le marmot endormi sur son dos ! 

Habi glisse, elle flotte sur ses pointes, le menton relevé la grandit. Ses yeux balaient, dardent, les murs, les gens, les meubles. Défient. L’impératrice déchue a régné sur des milliers d’années de femme, des milliers de pieds nus, des milliers de ciels, sur des rivières de larmes, sur des chagrins infinis… 

Habi, le temps d’une comète, le temps d’un soupir, tu as été cette vestale sublime et puis tes paupières sont retombées devant la lumière, tout est redevenu normal, tellement normal. 

L’ombre silencieuse, discrète, la petite bonne sans histoires… 

— Ah… Habi, tu veux voir, pour la gargoulette… une pause, puis :

— S’il te plaît. 

C’est presque une prière, le ton a changé, ça fait presque mal, ce n’est plus comme avant… mais c’est presque pareil.

Dans deux jours, il n’y paraîtra plus. 

Je l’ai revu, il est revenu.

On dirait qu’il a changé, il est plus fort, plus grave. Il m’a à peine regardée, comme si j’étais malade. C’est peut-être l’odeur des chèvres, il a oublié.

Les vacances c’est beaucoup de travail, il y a plein de monde dans la maison, les femmes qui se racontent n’importe quoi, à tue-tête, d’un bout à l’autre de la maison, les enfants qui se culbutent, se tiraillent et se cachent dans toutes les pièces, les chasseurs qui parlent fort, boivent beaucoup et mangent tout le temps, sur le piano, dans la cuisine, devant la cheminée, c’est comme une fête, ça entre, ça sort, ça crie tout le temps, ça salit, ça bouscule, ça court dans tous les sens… Et tout d’un coup, plus rien, le silence. Ils sont tous repartis.

Fils-de-Roumi aussi. Il ne m’a pas parlé. D’ailleurs je ne lui aurais pas permis, une femme comme moi, mariée et tout, il ne faut pas parler avec un Roumi. C’est vrai que je n’ai plus de mari, mais Le Hadj m’a expliqué…

Il était revenu une autre fois, mais il y avait encore du monde et aussi la fille aux cheveux noirs. Lui, il était  toujours juste arrivé ou prêt à repartir, comme s’il ne pouvait pas rester, un peu, comme avant.

Même qu’elle avait voulu lui donner son talisman, mais c’était trop tard. Elle avait enveloppé la pierre noire avec la strie blanche dans un bout de papier brun et elle l’avait mise sur la chaise près de son lit à lui, quand elle avait fait la chambre.

Pour lui porter chance.

Elle avait même dit à son djinn de bonheur de veiller sur lui parce que, elle, elle n’en avait plus besoin. Le  lendemain elle avait retrouvé la pierre dans le papier brun, sur la chaise.

Il ne l’avait pas prise.

Il ne l’avait même pas vue.

Bonne lecture et suite au prochain article. Votre Toujours MICHEL
   

 

 

   
   
8 août 2006

LA LOI DE L' EMMER..... MAXIMUM

C' est sûr, mes amis que ce n'est pas bien grâve, une courroie de volet roulant qui casse et qui entraine le bris du ressort de rappel. C' est pas grâve non plus que le mitigeur de la cabine de douche ne dispense plus que 3 gouttes d'eau à la minute.. c' est sûr ce n' est pas grave. Mais quand cela vous arrive alors que vous avez la maison encore à moitié pleine d' invités, de famille et qu'il faut encore penser à promener tout ce petit monde ( Tiens à propos..Il y a de nouvelles photos dans FACADES faites au cours de cette promenade de lundi) quand il faut imaginer ce que vous allez leur servir à manger, à boire. Quand vous vous creusez la cervelle pour imaginer des promenandes, des sorties intéressantes.. etc etc.  C'est  alors que ces légers dégragréments ménagers vous font prendre conscience de l' ampleur de LA LOI DE L' EMMERDEMENT MAXIMUM. Il est vrai qu'il  ne me reste plus qu' à monter demain matin le mitigeur de douche pour que tout retrouve sa place, ( J' ai passé l' après midi, avec mon beau père à me battre contre une courroie de volet roulant qui ne voulait pas entrer dans la roue à gorge qui lui était destinée, mais c' est elle qui a perdu car le volet fonctionne de nouveau et il va et vient sans encombre) pour que  nous sentions de nouveau bon ( La douche fonctionnera demain matin) et que je puisse avoir le temps de vous écrire ces quelques mots.

Mais passons à des choses moins futiles: Oui Claude, nous avons tous ( au moins ceux qui aiment les animaux) perdu un chien, un chat, un cheval auquel nous tenions. Un Animal "pas bête" qui nous regardait avec des yeux pleins de reconnaissance, de bonté et de sagesse. Nous avons tous versé une ou plusieurs larmes pour un coeur entouré de poils ( Colette) Alors ce jour nous comprenons ton désaroi devant le départ de ton minet. Mais comme il s' appelait FILOU il a déja du trouver le chemin du paradis des chattes et il te regarde surement en ronronnant près d' une belle. ( J' espère que tu ne l' avais pas fait castrer..Vieux bandit).

Monicana va aller rejoindre Zorba pour danser le zirtaki avec Juliette et elle aura d' autres choses à nous raconter que du brouillard, du froid et des rhumes. Je crois que nous allons partir fêter le réveillon sur Lesbos plutôt qu' à ARNAKECH. Monique...auras tu quand même une ou deux photos à nous montrer? Le souffle d'air iodé que tu as joint à ton dernier mail s' est évaporé, ne laissant sur mes lêvres qu' un léger goût de sel. Celui que je cueillais de la pointe de la langue sur l' épaule bronzée d' une de mes petites amies de Oualidia

Rafaela, arrive au bout de ses peines, elle remeuble. Les ouvriers ont quitté le chantier et elle va très bientôt pouvoir de nouveau se consacrer à ses patients et à nous ses amis.. Courage Cathy.

Michèle et Jacques s' allongent sous le palmier pour profiter de quelques jours sans poissons. Mais vu la taille de l' arbre, il ne sont pas prêt de manger des dattes. ( Jacques, STP, communiques moi ta date de naissance, te sachant Lion, ca ne doit pas être très loin.. Non?)

Mais nous sommes le huit aout, demain le neuf. Vous le savez maintenant, je ne suis pas très croyant, ne sachant pas à coté de quel Dieu Unique je puis m' asseoir. Mais demain,le neuf, je voudrais vous demander de penser tous très très fort à notre Douce EVELYNE, cette amie qui, à DONNEVILLE,  rayonnait de gentillesse et nous abreuvait de sourires tranquilles. Pourquoi? vous demandez vous. Pourquoi faut il penser à elle, très fort. Je ne peux pas encore vous le dire, elle me l'a demandé. Mais croyez moi sur parole.. Elle aura besoin de  toutes nos énergies réunies pour la soutenir. Si pour une fois une chaine d' amitié pouvait fonctionner, il faudrait que ce soit celle ci et demain. Merci d' avance mes MARRAKCHAMIS.. que ce nom nous réunisse par la pensée et que nos pensées l'atteignent et la soutiennent.

Je sais qu'il est difficile de terminer sur une note qui sonne aussi faux, mais je ne peux rien ajouter  d' autre, sinon " EVELYNE NOUS PENSONS Á TOI". Toujours Votre, MICHEL

23 octobre 2009

Un nouveau BLOG

BONJOUR À VOUS LES MARRAKCHAMIS...je prends le clavier pour vous annoncer l'ouverture d'un nouveau BLOG qui interressera de prime abord les anciens du Lycée VICTOR HUGO. C´'est Georges qui vient de m'en informer et je m'empresse de rajouter le lien avec ce bog dans la colonne de droit sous le nom "Les anciens de LVH".

Nous avons le plaisir de vous informer qu'un Blog a été créé à l'occasion de notre "Retour aux sources au LVH de Marrakech" du 13 au 16 mai 2010.

Vous y trouverez bientôt des Infos sur l'organisation de cet événement et notamment le programme de ces journées.

Vous pourrez également échanger avec les organisateurs et formuler vos suggestions. Pour lire ou ajouter un commentaire, cliquer sur le dernier commentaire figurant dans la colonne de droite.

Pour ceux qui auraient envie de retourner au printemps 2010 vers notre belle ville revoir les camarades de classe du Lycée Victor Hugo, il serait raisonnable d'aller y jeter un coup d'oeil, pour ne pas choisir la date au hasard....

Je n'ai pas demandé l'autorisation aux concepteurs de ce blog de parler de leur réalisation, mais je suis certain qu'ils ne m'en voudront pas.

Bonne chance à eux et surtout que comme le dit le Proverbe "Abondance de biens ne nuit pas" vous aurez un nouveau Blog à mettre dans vos favoris. Je souhaite un grand succès à M'Hamed, Jean et Georges  qui prennent les choses en mains pour réunir des anciens de Marrakech.

Je profite aussi de cette annonce pour vous dire que je vais bien, j'ai fait cet aprés midi ma première promenade avec mon épouse et le chien (et mes béquilles) et tout s'est bien passé.

Pour ceux qui connaissent Francine, vous avez pu lire qu'elle est actuellement à l' hôpital  et certainement  déjà opérée. Bon courage Francine, nous pensons tous bien à toi et nous t'espérons un retour  rapide à la maison et sur le Blog.

Gérard LE GAC qui nous avait contacté à l'occasion du départ de Catherine est toujours en relation avec sa soeur et me fait parvenir ce message...

Bonjour Michel,
Celà fait plusieurs mois que je n'avais pas "jeté 1 oeil" sur le blog. J'y apprends que plusieurs d'entre vous doivent faire face à des soucis de santé.
A tous j'adresse mes souhaits de prompt rétablissement
......
....Je ne peux terminer sans remercier ceux et celles qui ont fait une visite à la sépulture de Catherine. J'en ai informé Marie-France, sa soeur qui n'a plus internet.

Ce sera un article court mais utile. Dès que j'aurais de nouveaux articles ou de nouvelles photos je ne manquerais pas de vous les éditer. Bonne fin de semaine à tous.Toutes mes amitiés. Votre toujours MICHEL

28 mai 2012

Le Sud, un souvenir et HABIBA 9

Mes chers lecteurs, un problème de santé, bénin, va me tenir éloigné, pendant une dizaine de jours, au dire des médecins, de mon clavier d'ordinateur. Je vais donc en ce lundi de Pentecôte, écrire un court article pour que vous ne vous sentiez pas complètement abandonnés.
Quelles nouvelles vous faire partager?
Quelques belles photos de Aït Ben Haddou que notre amie Donatienne m'a fait parvenir après son séjour dans le sud du Maroc . Elles font suite à celles éditées dans le dernier article. Elles sont toujours aussi belles et rappelleront certainement de souvenirs à plusieurs d'entre vous.....
 
Et puis une vingtaine de marrakchi(e)s d'origine ou seulement amoureux de cette ville pour y avoir passé leurs adolescences ou seulement conquis par la beauté des paysages découverts au cours de séjours touristiques et qui nous ont rejoint dans l'amitié qui nous lie se sont retrouvés chez Sylvaine (garantie pure  Marrakchie) dans un joli coin du Sud Ouest pour passer deux jours enchanteurs.
Je ne vous montrerais qu'une photo qui les trouve autour d'une table et qui prouve bien que les rires et les souvenirs étaient, à tous moments, présents.
 
Ce genre de réunion, est à recommander..... Ils entretiennent l'amitié et cimentent les liens qui se tissent entre les lecteurs de Notre Blog.....
 
 
Et pour affirmer un peu plus ce que je viens d'écrire, je demande à Joseline de nous raconter ceci.
Bonjour Michel! En forme?

 Levée tôt, j'ai entrepris un peu de tri dans ma boîte aux lettres et du pps sur le Maroc que tu nous as envoyé, la 3è photo m'a posé réflexion, bien que plusieurs autres ne me soient pas plus inconnues pour y avoir parcouru longtemps ces lieux. 

Cette photo, tirée à une date très antérieure, a été publiée sur ton blog, d'abord avec les photos d'Imini de mamie Paulette, puis avec une autre série d'un de tes proches amis à qui tu as dédié une page d'amitié.

Toutes ces photos d'un autre âge, retiennent toujours notre attention avec attendrissement mais jamais avec regrets, bien au contraire n'est-ce pas? 

J'avais répondu à Bernard, qui ne se souvenait plus très bien de cette borne commémorative, peinte à la chaux après l'Indépendance.

Ce qui est vrai, puisque nous l'avons vue mais j'aurais dû un peu mieux préciser que, bien plus tard, après son accession au trône, à l'annonce de la première visite du Roi Hassan II dans la région de Ouarzazate, cette même borne a été repeinte aux couleurs du drapeau chérifien, en rouge et vert.

Ayant fait une halte à son passage au col du Tichka, le Roi Hassan II a remarqué cette borne et a demandé aux autorités de la région de remettre en l' état les inscriptions qui commémoraient les constructeurs de cette si belle route creusée dans les flancs du massif du Haut Atlas jusqu'à Ouarzazate, et qui illustraient surtout un pan de l'Histoire du Maroc. 

A l'époque, dans sa bienvenue, l'attention du Roi du Maroc si pleine d'exactitude, a fait le tour de la région et à Imini, encore en activité, cet événement dans de telles circonstances, a marqué pour toujours les esprits de chacun. 

A une autre visite quelques années après, sa Majesté Hassan II a pu constater la restauration de la borne, embellie comme on peut la voir sur la photo.  

Je voudrais aussi ajouter que, à chaque visite du Roi Hassan II, nous en avons vu trois avec celle précédente du Roi Feu Mohamed V, nous allions tous, gens d'Imini, avec ou sans caméra ou appareil photo, voir passer le cortège à Amerzgane où les autorités de chaque village avoisinant conviaient la population dans la même ferveur.

Des tapis, aux typiques couleurs orange et brun de la région, recouvraient les murs, le sol et, dans des youyous et applaudissements nourris, le cortège ralentissait laissant entrevoir le roi et sa suite dans de nombreuses belles voitures. L'émotion était grandiose et l'image inoubliable. 

Voilà cher Michel, en revoyant la photo de la borne au col du Tichka dans sa dernière parure, je me suis un peu laissée aller dans mes pensées...  

Amitiés. JOSELINE

 

Merci chère Joseline pour ce récit qui nous transporte à une époque bénie, où nous étions jeunes et heureux de vivre dans un si beau Pays.

Vous, qui êtes en train de me lire, je suis certain que vous avez aussi des anecdotes semblables à nous faire partager. Alors n'hésitez pas, envoyez les moi par courriels et je me ferais un devoir et un plaisir de les éditer pour en faire profiter tous nos amis....

Mais il est temps de vous donnez lecture des trois chapitres suivant de l'histoire de notre jeune princesse berbère.... Voici HABIBA.

 

 
 
 

metropolis*

 

 

*Cité fictive que l’auteur emprunte à Fritz Lang. Conçue de façon à ce que deux peuples puissent  l’habiter tout en s’ignorant mutuellement. Les maîtres vivent en haut dans de somptueux jardins éternels. Les femmes sont belles comme des orchidées. Sous le sol vivent les esclaves, hommes-outils, machinesfourmis, qui font fonctionner le tout sans jamais voir la lumière. Bien sûr, aucun rapport avec cette histoire.

Fils-de-Roumi est assis sur les marches du grand escalier.

À peine réveillé. Pieds nus, torse nu, les cheveux en broussaille, il brosse avec application le setter irlandais tétanisé par l’agression voluptueuse du crin.

Habi, un peu plus loin, balaie les dalles du patio à petits coups soignés, prudents, qui ne soulèvent pas la poussière. Elle se retourne.

— Tu y vas quand ?

— Je vais où quand ?

— À la ville !

Elle disait la médina.

— Lundi.

— C’est loin ?

— Dans cinq jours.

— Non, je te demande si c’est loin, la ville !

— Quarante-trois kilomètres.

— C’est comment quarante-trois kilomètres ?

— C’est loin !

— Comment est-ce qu’on sait où c’est ?

— Il y a une route qui y va. C’est là.

— Est-ce qu’il faut être Roumi pour aller en ville ?

— Mais non ! N’importe qui peut aller en ville.

— Mais…

En fait, ce qu’elle veut savoir c’est si la ville c’est du côté du soleil qui se lève, c’est combien de jours pour le voyage, si on peut emporter des galettes et de l’huile, s’il y a une rivière à traverser, où est-ce qu’on dormira, et pour les chèvres… est-ce qu’on amène les chèvres ?

Mais elle n’ose qu’une question :

— C’est comment ?

Il pose la brosse. Le grand chien roux reprend vie, s’ébroue et retourne s’allonger à l’ombre.

Comment expliquer la ville quand lui-même n’en connaît vraiment que le couloir étroit entre la gare et la pension,  qu’il ne voit que les arbres qui fuient le long des fenêtres du train et se changent en pylônes échevelés, que les tentes et les nouallas qui se transforment insensiblement en petits cubes blancs au toit plat, gagnent en volume, en hauteur, s’assemblent en un tunnel de fenêtres et de cours arrières encombrées de détritus, de cadavres d’autos et d’aboiements de chiens en laisse.

Et puis c’est la gare à l’autre bout, un monde lugubre et froid où personne ne connaît personne, où tout le monde se bouscule et où on ne fait que passer, d’où on ne peut que partir.

Alors, il décide de lui inventer une ville, une ville construite  sur des rêves, des jalousies de potache, des  vantardises d’ externes , ces enfoirés qui jouent au foot dans la rue, qui vont à la plage le dimanche, qui vont au ciné n’importe quand, qui racontent des histoires de filles, qui ont une maison le soir, et une maman dans la maison.

— D’abord il y a les quartiers avec de grandes maisons blanches, des murs très hauts tout autour et de grandes portes de bois avec des clous…

 

— Les portes sont ouvertes ou fermées ?  

— Fermées.

— Ah…

— Et derrière les portes il y a des jardins avec des roses et une fontaine et un jet d’eau et des zelliges partout et des colonnes. Et aussi du jasmin.

— Il y a une fontaine dans les maisons ?

— Mais oui !

— Alors les gens boivent l’eau de  leur  fontaine ?

— Bien sûr ! Mais il y a aussi des fontaines au coin des rues, pour les pauvres qui n’ont pas de maison avec une fontaine dedans.

 

— Il y a aussi des pauvres dans la ville ?

Des pauvres ! Tout un pan de mur du merveilleux château menace de s’effondrer sur la princesse. Il se promet de changer les pauvres gens en gens heureux dès que possible.

— Tu sais, tout le monde ne peut pas avoir une grande maison avec une fontaine. Alors les enfants et les femmes viennent avec leur seau mais ils n’ont pas loin à marcher parce qu’il y a des fontaines partout. Il y a aussi plein de serviteurs  qui habitent dans la maison des maîtres et eux ils n’ont pas besoin d’aller chercher l’eau dans la rue.

— Les servantes habitent avec les maîtres ?!

— Il y en a que oui et il y en a que non. Dans ces maisons il y a beaucoup de pièces tout autour du patio, les femmes ont chacune une chambre à elle et il y a toujours une pièce pour les servantes. Et puis il y a une grande salle où  elles se réunissent le matin et elles font des tas de choses à manger comme si c’était fête tous les jours, des  couscous, des tajines, des gâteaux au miel. Et quand les enfants reviennent de l’école…

— Oui, oui, raconte-moi l’école !

— L’école…

Il s’extirpe avec peine de la chair de pigeon dans la pâte feuilletée, des lignes de cannelle et des dégoulinures de miel… Bon, c’est comment, une école de bonheur… 

Pour Habiba, sa vision de l’école c’est une dizaine de fillettes accroupies sur le sol qui ânonnent les paroles  sacrées en une mélopée interminable, un babillage de petites cailles qui s’évade par les fenêtres et parfume toute la ruelle.

Un jour, en revenant du marché elle avait pleuré à les entendre rire. Elle ne comprenait pas ce qui avait fait d’elle quelqu’un de différent. Depuis, elle faisait toujours un détour par la rue de la poste pour effacer l’école de sa mémoire.

En réalité ce n’était pas tant l’école qu’elle voulait effacer que l’image des trois fofolles sautillantes, les filles du métayer qui traversaient les champs tous les matins, à la queue leu leu sur le sentier des lapins, la main dans la  main dès que le chemin s’élargissait, leurs pieds nus soulevant la poussière, mille petits pas jusqu’à la maison bleue du fquih , l’écrivain public, un vénérable barbu qui était muezzin à l’heure de la prière, instituteur à l’heure des enfants et sage à l’heure des vieux. Une sorte de chamane à tout faire.

On disait de lui qu’il savait tout de la vie de Mahomet, des saisons et des criquets, de l’humeur des femmes et des brebis en chaleur. Il aurait pu réciter les sourates du Coran en arabe du nord et en berbère des montagnes, il connaissait le nom des enfants et des parents et celui des parents des parents et de tous les autres enfants des autres parents. Il savait quand la pluie, quand l’herbe nouvelle, quand les cigognes. Il savait aussi quand la mort, il savait quand la femme grosse et il savait que ce serait une autre fille.

 

L’après-midi, il s’asseyait sur sa caisse de bois, au soleil, près de la porte, le dos bien raide contre le mur d’adobe, les deux mains appuyées sur la boule de la canne coincée entre ses pieds. On aurait dit une mante religieuse. Alors on allait le voir avec un petit cadeau, un bouquet de menthe, un pain de sucre, parfois même un poulet, on  s’accroupissait à ses pieds et on lui demandait ce qu’il fallait faire, ce qu’il croyait que demain  apporterait…si la chance, si la mort, si l’amour… et l’argent, oui, et l’argent ?

Et le vieux, invariablement, la tête un peu penchée du côté du coeur, écoutait, se grattait, réfléchissait. Il lui arrivait de réfléchir si longtemps que le soleil avait le temps de déplacer les ombres.

 

Et puis, invariablement, comme s’il émergeait d’un long rêve, il levait des yeux vitreux sur son interlocuteur, lui caressait la tête si c’était une femme, lui tapotait l’épaule si c’était un homme et, invariablement, statuait :

 

— Tu es une bonne créature, va et que Dieu ait pitié de toi.

 

Et on était rassuré. On repartait le coeur léger et la conscience tranquille.

 

Habiba, finalement, ce n’était pas tant l’école qui lui manquait que de sentir la main de cet homme sur son front, que d’être cette petite fille aux yeux baissés qu’elle avait aperçue un soir, baisant la main de l’homme et se jetant dans les bras de sa mère à la sortie de la classe.

 

Ce n’était pas tant d’être trop pauvre, ou trop loin, ou trop petite… ou tout à la fois : c’est que l’école n’était pas pour elle, et elle ne savait pas ce qu’elle avait fait pour cela.

 

Alors Fils-de-Roumi lui expliqua que l’école de la ville c’était une grande usine grise où les garçons et les filles étaient habillés tout pareil, avec des chemises blanches, des pantalons ou des robes bleu foncé et des chaussures vernies qu’il fallait astiquer dès qu’apparaissait un grain de poussière ou une tache de boue. Que les cours étaient fastidieux, les professeurs des maniaques cruels, que la discipline était sévère et la plupart des enfants séparés de leur famille pendant des semaines, des mois, pour devenir des enfants savants, vernis, fastidieux, disciplinés, maniaques et cruels.

 

Et il se crut.

— C’est comment, des chaussures vernies ?

— Si tu m’interromps tout le temps je ne peux pas te raconter la ville.

Elle se tut. Mais les chaussures vernies… elle en oubliait l’école, la ville.

— Le plus chouette, en ville, c’est les vitrines des magasins, plein de vitrines où on peut voir des habits, des livres, des jouets.Même des autos. Il y a de tout dans ces vitrines, des fruits, des légumes, des bijoux, des tissus, tout…

— C’est quoi des vitrines ?

— Oh… c’est comme une maison avec des murs en verre.

— Ils mettent des légumes dans des maisons en verre ?

— Oui ! Tu m’écoutes ?

— Oui, oui !

— Et les rues… Les rues sont larges, droites, avec des palmiers de chaque côté pour faire de l’ombre sur les trottoirs. Et il y a des parcs avec des fleurs, c’est beau, c’est propre. Pas d’ordures, pas de terre, pas de boue ni de poussière…

— Comment ils font pousser le foin et l’avoine, s’il n’y a pas de terre ?

— Pas de foin, pas d’avoine dans les villes !

— Alors les chèvres, elles mangent quoi ?

— Pas de chèvres dans les villes !

Ça alors ! Pas de foin, pas d’avoine ? Pas de chèvres ? Mais comment ils font ?

— Et le soir on allume les lumières dans les vitrines.

— Dans les maisons en verre ?

— Oui, il y a des lumières de toutes les couleurs qui dansent, des jaunes, des rouges, des lumières qui dessinent des images, des lumières qui écrivent des mots, qui…

Il l’avait perdue, elle était restée bouche bée devant une vitrine de lumière, une vitrine pleine de tissus multicolores, de châles, de voiles et de fichus…

— On peut rentrer dans les maisons en verre ?

Et, comme chaque fois qu’il racontait, elle fermait les yeux… elle dessinait des images derrière ses paupières, elle transformait le monde fantastique qu’il improvisait en un monde sien, compréhensible, à sa mesure.

— Et puis il y a aussi des gratte-ciels, c’est comme des tas de petites maisons empilées…

Mais c’était trop en une seule fois, le charme était rompu, les images toutes mélangées.

Elle s’était recroquevillée tout au fond de sa coquille :

— La ville que tu me racontes ce n’est pas la ville du Hadj.

Ce n’est pas comme ça, dans ses histoires.

— Mais Habi… c’est la ville où je vis, je n’en connais pas d’autre. Tu verras…

Trop tard… Sa ville à lui ne serait jamais sa ville à elle.

 
  

h-a-b-i

 

 

 

— Si tu veux, je t’apprendrai à écrire.

L’idée lui en était venue comme ça, le goût de partager sa science comme il l’eut fait d’une galette ou d’une poignée de dattes. Elle n’en réagit pas moins rudement, offusquée.

— Si Dieu avait voulu que je sache écrire, je saurais écrire !

— Ça n’a rien à voir avec Dieu, il a d’autres soucis… Je te parle juste d’écrire.

— Les filles n’ont pas besoin d’écrire.

— C’est faux ! Tout le monde devrait pouvoir lire et écrire.

S’il y a des filles qui ne savent pas, c’est parce qu’elles ne veulent pas, c’est tout !

— Ah oui ? Et si j’allais à l’école, qui garderait les chèvres ? Et qui chercherait de l’eau ? Et qui ferait le ménage dans la maison de monsieur ?

— Ah ! Ce n’est donc ni Le Hadj ni Dieu qui t’empêchent d’écrire, ce sont tes chèvres et ton balai ! Tu trouves logique que tes chèvres t’empêchent de lire ? Est-ce que ton balai t’empêche de chanter ?

— Oh, tu m’embrouilles ! Tu parles, tu parles, mais en vérité tu ignores tout de nos lois, du Coran !

— Ah, tu crois ?

— Et tu ne sais rien de moi, de nous, tu ne sais rien des gens d’ici, tu ne sais rien de mon pays !

— Mais Habi, c’est aussi mon pays !

— Et moi je te dis que mon pays n’est pas ton pays !

Et elle s’enfuit, furieuse de sa propre colère, atterrée par le doute monstrueux, par le fossé qu’elle creuse… Elle serre les poings, elle veut tant convaincre mais elle voudrait tant qu’il ait raison ! Tout au fond d’elle tinte la petite clochette du djinn : savoir, être sûre, se tromper, avoir tort, dire oui, apprendre quand même, écrire, lire avec lui…

Quelle désespérance !

Le lendemain, elle avait sa tête des mauvais jours.

— Salut Habi !…

— Je n’ai pas le temps de bavarder, là. Il faut que je pousse les chèvres jusqu’à la rivière.

— Tu es fâchée ?

— Qui dit que je suis fâchée ?

— Habi… écoute ! C’est pour toi ! Si tu veux, si tu veux vraiment, moi je peux t’apprendre à écrire.

Elle s’arrête, jette un coup d’oeil de côté, encore une petite résistance, un doute, puis, avec le bec haut et l’arrogance de la perdrix acculée par le furet :

— Si je veux ?

Si Dieu le veut , tu veux dire…

— D’accord. Si Dieu le veut… moi je peux.

— Bon, on verra !

Elle repousse son foulard sur le cou et siffle les chèvres mais il n’abandonne pas :

— Attends-moi, hé, la rivière ne va pas s’envoler !

— Quoi encore ?

— Attends, regarde, je vais te montrer.

— Tu veux me montrer à écrire, là, maintenant ?

— Oui, oui… Regarde, on va écrire ton nom.

Elle s’accroupit près de lui.

— Dessine une échelle, là, parterre.

— Comment, une échelle ?

— Une échelle, quoi, comme celle de la noualla.

Elle s’exécute, deux verticales tracées dans la poudre de terre d’un doigt malhabile puis trois, quatre barres transversales qui devraient bien permettre d’escalader une hutte…

— Bon, maintenant tu effaces tous les barreaux sauf un.

Elle efface.

— C’est ça. Tu viens d’écrire H 

— C’est quoi H ?

— C’est le commencement d’un mot. Il y a beaucoup de mots qui commencent par H. Il y a Homme, il y a Haricot, Hibou, Hérisson, plein de mots.

— Hamour ?

Elle a des yeux incroyables, cette fille.

— Non, amour, ça commence autrement.

— Ah !

— On continue ? Bon. Là, tu dessines une noualla. Une noualla avec une porte.

Le triangle isocèle naît sous son doigt, il penche un peu, un petit coup de vent et pouf la hutte serait sur le cul, mais la porte vient d’en faire une sorte de A

— Voilà, tu as écrit un A.

— Ah ?

— Oui, A, on continue… Là je vais t’aider, tu vois, là, les deux ronds attachés à une barre, on va dire que c’est deux lèvres, comme une bouche. C’est un B, une belle bouche, non ?

— On ne peut pas dessiner les bouches, ni les têtes, ni les gens, tu n’as pas le droit…

— Habi ! c’est juste comme une bouche, c’est pas une vraie bouche, c’est personne… On continue ?

— Oui, mais c’est pas une bouche…

— D’accord, c’est un pas-une-bouche , c’est un B quoi !

Allez, encore un dessin : tu fais un piquet… bien ! Tu vois ?

— Je vois quoi ?

— Je t’explique : échelle, hutte, pas-une-bouche, piquet.

— Oui ?

— Mais c’est ça, Habi ! C’est ton nom, tu as écrit ton nom, regarde ! H–A–B–I

Sous ses yeux incrédules, le sable inerte s’est transformé soudainement en quelque chose de magique, de vivant.

— Mon nom ? c’est mon nom !

Les hiéroglyphes sans queue ni tête, échelle-hutte-pasune-bouche-piquet, se sont changés en Elle, en HABI !

La main sur la bouche, stupéfaction, un hoquet, un point qui fait mal, là, qui étouffe, ce sanglot, ma foi elle pleure !

Moi, Habiba, je viens de naître, témoins les arbres, les oiseaux… Il y a quelque chose de sacrilège, là, sur le sable. H-A-B-I, c’est gravé là sur ce petit bout de terre qui est Moi, qui sera piétiné par le troupeau, effacé par le vent. Je vais l’enchâsser dans la pierre, l’imprimer dans le ciel, le graver dans mon coeur. J’ai écrit mon nom… je pourrai écrire le temps qui passe, écrire la chanson qui vit dans ma tête, écrire le ciel dans ses yeux à lui…

Alors elle se relève, fébrile tout à coup, trépigne, presque hystérique :

— Encore, encore… montre-moi un autre mot !

L’enthousiasme de Habiba l’effraye et l’enchante à la fois. Il a voulu jouer à écrire, jouer à enseigner et Dieu sait ce qu’elle a compris. Il a vu sa surprise, puis sa joie. Il découvre une autre, une personne, une presque femme. Lui qui ne la regardait pas, qui ne la voyait pas, il l’examine, la dissèque, un peu gêné par son regard à elle, un regard qui fouille, qui veut comprendre, qui veut convaincre, un regard qui veut prendre…

Tu l’as bien cherché, mon beau Pygmalion… La chrysalide a explosé mais Pygmalion n’épousera jamais le papillon car il est aveugle et sourd et parce qu’il ne parle pas des  mêmes choses et qu’il n’est pas d’ici, même s’il est d’ici…

— Allez, allez, montre-moi un autre mot, s’il te plait. Moi

je t’apprendrai les alouettes, les courlis et le lièvre…

— On essaie M-A-I-S-O-N ?

— Maison, oui, oui, maison !

montagne, hutte, piquet, serpent…

— Allez, vas-y, écris !

je t'apprendrai les oiseaux

Il a apporté un petit carnet à couverture bleue avec un ressort en métal qui relie les pages sur le côté et tient emprisonnées plein de petites languettes de papier déchiré, le talon des pages disparues.

Les quelques feuilles qui restent sont quadrillées, il explique, pour qu’on puisse bien aligner les lettres. Sur la couverture écornée, une étiquette blanche avec un liseré rouge et les coins coupés. Quelque chose d’écrit a été  effacé, un grattage malhabile a creusé le papier. Le bleu de la couverture apparaît en deux taches au fond du trou. Et puis là, par-dessus  les ratures et le frottis, il y a une nouvelle inscription.

En une seconde, elle reconnaît : échelle-hutte-pas-une-bouche-piquet. H-A-B-I… Facile !

Enfilé dans la spirale de métal il y a un tout petit bout de crayon à gomme, un crayon qui a dû être jaune mais dont le vernis, usé, mâchouillé, a presque disparu, laissant apparaître une âme en bois grossièrement taillée du côté qui enserre la mine. La gomme, à l’autre bout, du moins le petit millimètre rose qui en reste, est logée dans une bague de cuivre qui a dû servir de cric, de cure-dents, de baguette de tambour, va savoir, et qui en a gardé bien des cicatrices.

Depuis la première leçon d’écriture, surtout depuis le carnet bleu, Habiba vit sur un nuage rose. Chaque après-midi, à la halte des chèvres sous les eucalyptus, on s’échange un nouveau mot contre un exposé de sciences naturelles, un morceau de vraie vie qu’elle dit.

Elle, elle sait comment faire sortir les scorpions jaunes de leur trou en demi-lune et, d’un geste preste, les attraper par la queue pour les jeter aux poules. Tout le monde sait que les poules raffolent d’une becquée de scorpion qui gigote.

On sait moins si les poules sont mithridatisées contre le venin de scorpion mais le mot M‑U‑L‑E a été payé par l’exercice et c’est ce qui importe.

Par contre, pour la bonne façon de manger les figues bien mûres, il a d’abord fallu traverser C-A-S-C-A-D-E pour atteindre le figuier.

— Tu vas voir c’est comme un nuage de parfum sucré…

Il allait l’engloutir :

— Non, non ! Tu pourrais t’étouffer et en mourir !

Regarde. Il faut cueillir la figue par le pédoncule, elle avait dit par le petit-bout-de-la-queue avec un sourire malicieux, puis tu la retournes, tu lui regarde le trou du dessous – même sourire – tu fends le côté avec l’ongle et tu l’ouvres. Il faut toujours l’ouvrir par le cul pour déloger la guêpe qui s’y cache pour en sucer le suc. Si tu l’avalais tu mourrais étouffé.

Cela dit, elle s’était plaqué la moitié de figue sur la bouche et en aspirait l’intérieur comme s’il s’agissait d’une huître mais les huîtres, on le sait aussi, c’est comme la mer, ça n’existe pas.

Maintenant, elle veut A-M-O-U-R.

En échange, elle est prête à lui confier tout ce qu’elle sait sur le lièvre. C’est long, complexe mais un lièvre ce n’est pas n’importe quoi et l’amour non plus.

D’abord il faut ouvrir tout grand les yeux – Elle mime les grands yeux ; idem écarquille-t-il les siens, tout rond – car le sentier du lièvre est quasiment invisible.

Il faut savoir regarder.

Si tu observes attentivement tu verras comme une dépression dans la terre sèche, un creux où la brindille est plus rare, où les rameaux forment un semblant de tunnel. Alors tu te mets à genoux et dans l’ombre du buisson tu verras une douzaine de petites billes, des pois chiches de crotte en herbe oubliés là où le lièvre s’est reposé.

Si le lièvre t’a repéré, tap-tap, il tambourine une alarme discrète qui provoque à la fois la fuite de l’autre, terré à deux buissons de là et… ta distraction. Car malgré son tap-tap il est toujours là, lui, immobile, près des petits  ancrés au sol, les oreilles plaquées sur le dos. Il faudrait un chien très obstiné pour les lever.

Quant au lièvre qui fait le lièvre, il a explosé du buisson, dessiné un arc dans la lumière, rebondi de l’autre côté, bien visible, un immense saut, puis un autre, sept en tout puis vlan à droite, sept sauts et vlan à gauche… Tu l’as perdu de vue et il y a longtemps que tout le monde est à l’abri.

Mais si tu écoutes les conseils d’Habi tu sauras où il niche et quel est son sentier préféré car, s’il est vif comme l’éclair, le lièvre est aussi con qu’une mule.

Tu jettes une pierre en bas, dans l’acacia aux longues épines qui lui sert de résidence d’été, tu pirouettes vers le quatrième buisson, tu attends une seconde, deux… et le voilà qui arrive, d’un bond souple, discret, sans  froissement de broussaille, les oreilles en alerte, il s’évanouit, réapparaît au prochain carrefour, sans se douter que tu as cerné son chemin de ronde.

 

Mais attention ! Si un vrai chasseur t’accompagne, tu ne dis rien, tu passes le long de l’acacia sans un geste, sans un mot. Et rien ne bouge, et tout est en ordre. Et quand tu as besoin d’un lièvre tu mets un collet entre les deux buissons.

Aussi con qu’une mule, c’est Habi qui te le dit…

Tandis qu’elle explique à mi-voix, il voit le lièvre sauter, courir, virer, il l’imagine piégé, rebelle, vaincu. Les mains d’Habi s’en saisissent, caressent, égorgent, dépiautent. Bien sûr il n’y a pas de lièvre, il fait trop chaud, mais Diane exulte, c’était une belle chasse et il a tout compris.

On a fait A-M-O-U-R.

Elle a trouvé M-A-R-I trop facile.

P-A-R-T-I-R lui a fait de la peine.

Alors il a proposé T-A-J-I-N-E.

— C’est non !

D’accord, tajine, ça sent la cuisine mijotée et les femmes ont cette curieuse habitude d’associer mijotage et  récuragelessivage-savonnage-blanchissage alors que les paramètres copines-rigolo-baladi sont bien plus séduisants.

— Non, non et non ! Tajine, ça ne s’écrit pas, ça se mange.

C’est une poule, du beurre, des olives et du citron, pas une écriture ! Un T‑A‑J‑I‑N‑E tracé sur le sable n’apaisera jamais ta faim !

L’argument est inattaquable.

Elle reprend son élan :

— Femme, montre-moi FEMME !

Ils ont échangé F-E-M-M-E contre les gambusias mais l’exercice a exigé d’intenses négociations, et le mot est faible. En effet, si Habiba acceptait l’idée - avec certaines restrictions - que la feMMe possédât deux  M‑montagne, elle avait de sérieuses réserves sur les deux E. Deux oeufs ? Des O-oeil ou mieux, des B‑bouche lui paraissaient plus appropriés.

Bref, elle aurait préféré de beaucoup que l’on épelât femme B‑M‑M‑B (des bouche-montagne-montagne-bouche) ou, mieux encore, des O‑M‑M‑O (oeil-montagne-montagneoeil).

Comme on le voit Habiba possédait aussi le don de déstabiliser l’adversaire avec des petits riens, du style tsunami dans la mare tranquille de l’orthographe élémentaire.

Finalement, vaincue par l’intransigeance intellectuelle de son mentor, elle accepta de négocier l’anatomie de la F‑E‑M‑M‑E contre l’histoire des gambusias qui sonnent le miracle du printemps.

« C’est la pluie de mars qui sème dix fois mille gambusias dans l’oued et c’est le soleil qui les fait disparaître dès que les dernières larmes de ciel ont disparu et que le lit asséché est sillonné de crevasses. « Et soudain la pluie de septembre roule les pierres, redessine des méandres, sculpte des bouées d’écume, lave les rochers et reverdit les lichens.

« Dans l’eau calmée, rhabillée de cristal, il y a de nouveau dix fois mille minuscules poissons avec de gros yeux ronds, pas surpris du tout de te voir là, sur la berge. Ce sont les gambusias, de féroces dévoreurs d’anophèles.

« Alors tu t’assieds sur le bord et tu laisses pendre tes jambes dans le courant : ils viennent par deux, par six, par  vingt te chatouiller les pieds, te bécoter les mollets puis retournent traquer les larves qui ont bien meilleur goût.»

Voilà donc l’histoire pour laquelle Fils-de-Roumi a failli un jour transformer les F‑E‑M‑M‑E en O‑M‑M‑O dans tous les dictionnaires du monde, juste pour les beaux yeux d’une princesse berbère.

Le petit bout de crayon jaune et le carnet bleu à reliure spirale faisaient évidemment partie de chaque exercice. Cet outil à écrire, bien plus que l’exercice lui même, la comblait de bonheur. Elle apprenait, certes, mais elle était surtout devenue une véritable écolière grâce aux insignes de la profession : le crayon et le papier. Ce cadeau de rien du tout était un trait de génie diabolique, mais le génie comme le diable n’en savaient rien.

Bien sûr, le précieux carnet et son crayon rejoignirent la pierre noire, le miroir encadré de cuir rouge et les  pièces en argent dans le coffret magique.

-=o0o=-

Voila, je peux m'absenter tranquille.

Sachez que depuis le début de ce blog, j'ai posté 440 articles qui ont généré 7543 commentaires. le blog a reçu 94424 visites qui ont lu 302448 pages. Le 26 mai dernier 240 pages ont été consultées. Alors je réitère juste mon souhait de la dernière fois....pensez à laisser un trace de votre passage sur le blog. Vous savez que c'est ce qui m'encourage à continuer...et j'ai encore tellement de choses à vous dire....

Mais maintenant ce que j'ai à vous dire c'est de passer une bonne semaine et de vous garder en bonne santé. Votre toujours MICHEL

27 novembre 2005

JE SUIS HEUREUX

Et oui, je suis heureux, comme ca tout simplement. Devons nous cacher nos sentiments.. non je ne le désire pas, je veux juste pouvoir dire que je suis heureux et que j'espère que ce simple moment de bonheur sera partagé par vous tous. Allez je sais ce que vous allez me dire, on doit voir la vie en face, on ne doit pas revenir en permanence sur son passé. Mais ce n'est pas ça qui va m' empêcher d'être heureux. car le motif de ce sentiment vient  du fait que vos commentaires et vos encouragements me vont droit au coeur.

Je vais ensuite tenter d' ouvrir un deuxième album de photos. "Nous aujourd' hui"

Entre temps je suis allé visiter le site de Yousef. Il est très bien fait je vais le mettre dans nos liens, je suis certain qu'il nous servira. Je lui ai adressé un mail pour lui demander d' essayer de me trouver des photos de classe du Collège HASSAN II des années 1957-64.

Si vous en avez, ceux qui comme moi ont étudié dans cette établissement, je serais heureux de les recevoir. Ou de les voir dans la galerie d'Alain.

Encore une fois merci à tous pour vos encouragements, vous savez que notre relation ne vit que par votre présence et votre fidélité. Vous voyez pourquoi, ce soir, je suis heureux.....

Je vous bise ayant peur d' employer un autre mot. Il y a toujours des "coquins" qui prennent un malin plaisir à faire des jeux de mots sur les miens. ( je ne cite personne.. mais regardez dans la direction de la cote d' Azur)

Bonne soirée à TOUS

15 décembre 2005

LA VIE PRIVEE........

Bonsoir chers amis, je n'ai pas beaucoup l'occasion, en ce moment, de me mettre au clavier mais je ne vous oublie pas. J' espère que vos santé sont bonnes et que vous continuez à bien préparer les fêtes de fin d'année. Noël est la période où l'on offre des jouets. Moi je veux ce soir vous offrir un diaporama de poupées. C' est grâce à NICOLE que je peux vous dévoiler un peu de la vie privée des poupées de PEYNET. Certainement que les petites filles que vous étiez à MARRAKECH ont joué à la poupée. Vous le savez nous les garçons il nous fallait jouer à des jeux plus virils. Et pourtant, adolescents nous aurions bien joué à la poupée..... avec vous.... L' avons nous fait? ce sera à vous de nous répondre...

En attendant, dégustez ces magnifiques poupées, de chiffon, de cire, de son, qui font non non non non....

Je vous embrasse tous et retourne vers la cellule familiale: Mes beaux parents sont en visite chez nous pour quelques jours et je me dois de ne pas trop les abandonner. Tendre nuit.. avec vos doudous ou vos poupées. Bises de votre MICHEL..

23 décembre 2005

De retour au nid

Le ciel est bas et gris, les flancs de la montagne qui bordent la vallée que j'emprunte pour rentrer chez moi après les 48 heures passées à DONAUESCHINGEN ( Foret noire), les bas cotés sont noirs de boues et d'eau sale soulevées par le voitures, l'odeur de neige qui flotte dans l'air est polluée par les gaz d'écheppement des semi-remorques qui dévalent cette route en lacets qui présente des endroits brillants et glissants. Moi je suis dans ma voiture, il est 10 heures du matin, j'aurais bien envie d'appuyer sur le champignon pour arriver le plus tôt possible au domicile, où m'attend mon épouse et certainement un bon café et un morceau de gâteau.

Je vois que vous êtes en train de vous demander ce que ce premier paragraphe peut avoir à faire sur notre Blog. Eh bien, en fait mon esprit qui doit rester en surveillance permanente de la circulation, se baguenaude un peu et je pense à nous, à vous, à ceux qui ont passé des fêtes de Noël à MARRAKECH. Je me disais qu'il faudrait pouvoir écouter d'un parfum, la couleur. Que le bleu azur remplace le gris triste, que le rouge des maisons et de la terre prenne la place du Blanc laiteux de la neige, que les palmes des dattiers se substituent aux branches des pins sombres de la Foret Noire qui porte bien son nom, que le silence brûlant d'une avenue chauffée de soleil vers 15 heures en juillet me pousse à rechercher l'ombre bienfaitrice du feuillage d'un oranger ou d' un bosquet de bougainvilliers et que les odeurs pestilentielles des pots d'échappement disparaissent comme par magie pour laisser la place aux arômes d' épices du marché de Marrakech.

Le père Noël existe il? Je ne le sais plus. l' ais je jamais su? en tout cas s'il était en mesure de faire des miracles qu'il me transporte en quelques secondes dans un ailleurs où je retrouverais mes amis, ma famille, mon environnement ( et pourquoi pas OUALIDIA). Je sais, vous allez encore vous dire IL RÊVE LE MIMI. Ouais je rêve.... et je vous embrasse tous bien fort. Je reviendrais un peu plus tard sur tous les derniers commentaires que vous avez bien voulu laisser sur le Blog.

28 décembre 2005

Bonsoir Michel, nous revenons enchantés de ces

Bonsoir Michel, nous revenons enchantés de ces quelques jours passés à MRK !!!!  je suis apaisée, j'ai revu "mon pays", car bien que je vive en Haute Savoie depuis 40 ans, mon pays sera toujours le Maroc. pourtant, lorsque nous sommes arrivés à MRK, la première impression n'a pas été bonne : trop de pollution, la circulation dingue, toutes ces constructions autour de la ville, les fermes de la Targa n'existent plus, rasées, remplacées par des maisons et des immeubles, la Palmeraie décimée.

Et puis nous sommes allés dans le coeur de MRK (la place Jemaa Fna) et là nous avons retrouvé l'accueil chaleureux des autochtones, et encore plus lorsque nous leur avons expliqué que l'on avait été marrakchis, le plaisir de flaner dans la Médina, de parler aux gens, de boire le thé avec eux, c'était magique.  En ce qui concerne le Guéliz, des ilots entiers de maisons ont été détruits et sont remplacés par des immeubles. Mais nous avons reconnu bien des magasins avec encore leurs rideaux de fer peints en vert, j'ai retrouvé INTACT l'hotel des voyageurs où nous descendions avec mes parents, je me suis fait connaître et le gardien m'a dit qu'il s'agissait effectivement "d'un hotel antique !!!", il y a eu le passage obligé au café des négociants, en face la Renaissance est en cours de rénovation, le Colisée est toujours là aussi, je suis allée également à Notre Dame des Apôtres, les nouvelles soeurs sont libanaises, mais là aussi tout a été transformé. parfois j'ai fait des rencontres inouies avec des gens qui venaient de Ouarzazate, qui connaissaient Imini, certains même y ayant travaillé, j'ai bavardé avec Moulay Idriss, de son état loueur de vélomoteurs à côté de l'office du tourisme qui a connu le Père Norbert et aussi Dimitri.

Chaque rencontre a été un pur moment de bonheur. Mais la cerise sur le gateau a été le déjeuner au Barrage Cavagnac chez des marocains qui nous avaient préparé un divin tajine de poulet au miel et au citron. Là j'ai retrouvé exactement les paysages de mon enfance. Par manque de temps nous n'avons pu aller à Imini. mais cette semaine passée à Marrakech est inoubliable et dès que nous le pourrons NOUS Y RETOURNERONS.        Bonnes fêtes de fin d'année et à plus.

C'est bien sur le Mail que Christiane et Pierre Robert  m'ont fait parvenir à leur retour de MARRAKECH il y a quelques jours. Je ne les avais pas oublié, mais les fêtes en famille ne laissent pas toujours le temps de faire tout ce que l'on voudrait l'esprit en paix.
Mon fils et son amie sont repartis ce matin, je me remets donc au Clavier pour faire rebondir le blog. Il rebondit de Noel à jour de l'An. Et dans quelques jours nous allons changer d' année. Je vais attendre encore un jour ou deux pour vous souhaiter tout plein de bonnes choses et surtout nous souhaiter de nous revoir ou enfin d'avoir l'occasion de nous connaître.

Car il faut que je vous raconte, mais peut être devrais je plutôt encore une fois vous copier un passage du derniel Mail de BERNARD JACQUET, que je remercie au nom de tous de la vitalité qu'il met à rattraper le temps perdu. Arrivé tard parmi nous, il est très actif et lui et sa femme MADO viennent renforcer le bataillon (pacifique...Rafaele.. pacifique) des fidéles du Blog.

Nous sommes rentrés tout à l'heure à 4 h du matin de la super soirée d'anniversaire de Christiane Torrente. J'ai eu beaucoup de plaisir à revoir Alain Ducou et son epouse Marilyne ... figures toi que nous etions 9 anciens Mkhi(e)s à nous connaitre depuis un peu moins de 40 ans !!!!!! J'ai de nombreuses photos à te transmettre !!!!!!!!!!!!!!!!!Joyeux Noel ainsi qu'a ceux que tu aimes (DONC VOUS TOUS)  Bernard

De plus il m'a fait savoir qu' Alain DUCOU, Alain TORRENTE et lui même se proposeraient d' organiser une réunion des amis du Blog et de leurs amis; à TOULOUSE, à une date qui reste à définir. Pour cela je vais  transmettre à tous son adresse E.Mail et nous tenterons de trouver un terrain d' entente pour nous y retrouver. Il faudra ne pas trop tarder car trouver une salle capable de nous accueillir tous ( nous serons certainement moins que lors d'une réunion de SALAM MARRAKECH). Qu'en pensez vous déjà? est ce une idée à creuser? Aurez vous envie de me rencontrer, ainsi que Claude le Blaggeur? Et Alain le Mage? Et Monique(s) et Sylvaine, Blandine,Marianne,Marie France,Francine, Christiane, Catherine et Jean Louis, Claude, Bernard ( mince il y a plus de prénom de femmes que d' hommes...) Mais ca ne fais rien nous accepterons aussi les maris, les soeurs, les enfants.. Ah je vois que vous vous dites: Il a  oublié NICOLE, et bien non... je l'avais gardé pour la bonne bouche..Miam Miam....Nicole une des premières visiteuses et fidèles du premier Blog, je ne t'oublies pas.

Bernard Jacquet m'a fait parvenir aussi une magnifique photo de MADO accompagnée de ses 3 chiens. Aurez vous aussi le temps de me faire parvenir, quelques clichés de vos animaux de compagnie (Veaux,vaches, cochons, couvées.... de poussins ou de souris blanches, chevaux, chattes et chats, chiennes et chiens, serpents, poissons.. etc..) pour en faire un Album?

En parlant d'album.. Allez voir à droite, je vous fais profiter des magnifiques tableaux que Claude me fait régulièrement parvenir dans un nouvel album sonorisé intitulé : Portraits de femmes.

Voila je suis un peu long mais ca compense le fait que je n'avais pas écrit depuis longtemps. En tout cas mes amitiés et mes bises sont toujours de la même qualité. Fait MAIN, c'est bon comme la bas.. dit. Votre MICHEL

5 janvier 2006

NOCTURNES.....

Trés fatigué hier soir, après ma journée passée à TREVES, je me suis mis au lit de très bonne heure. Bien entendu maintenant il est 4 heures du Matin et je ne peux plus dormir. Ma boite au lettre était pleine des photos de vos animaux familiers et je me suis donc empressé de les rajouter à l' album.

Quelques précisions:

Chez RAFAELA, Léo, le cochon d' inde, la suit partout dans le jardin, mais à distance de peur de retourner dans sa cage, où il ne séjourne en permanence que l'hiver. Je laisse la plume à RAFAELA pour vous présenter le reste de ses amis

Voici mon bien aimé Péké ( mon Harisson Ford ). Il est toujours avec moi, sur mes genoux.
Il est exigent, se vexe vite, boude. Très capricieux, très intelligent, il me mène à la baguette.

( c' est bien la peine de ne pas avoir de mari, il est pire ).

Non, j' aime aussi Laura. Elles est plus douce, plus âgée, moins exigeante

Marie-France, elle, a sa MINOUCHETTE et un petit hérisson qui vient lui rendre visite chaque jour. Il veut des caresses, des caresses.....

Chez SYLVAINE, ce sont des chevaux aux noms nobles : Folydouce du Braon, Ouna de JADOT....il devrait y en avoir deux autres, mais les photos ne semblent pas être arrivées jusqu'à moi. N'oublions pas VIC le chien.

FRANCINE nous présente son cheval et son chien dont je n'ai malheureusement pas les noms..

Voila, il est 4h 15 je vais éditer ce court article et l'album et retourner au lit penser à notre future rencontre. Bonne fin de nuit.. et bonne journée pour tout à l' heure. Votre bien réveillé MICHEL

17 janvier 2006

Parlons de civisme

Qui n'a pas un jour bondit en entendant sur une radio périphérique, qu'une jeune femme s'est fait violer dans un wagon en présence de dizaines de passagers qui n'ont rien vu, qu'un homme s'est fait poignardé au milieu d'une foule aveugle et qui est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre? Mon grand fils s'est fait attaqué dans une petite rue de STRASBOURG pour avoir refusé une cigarette à un trio de ......... (il y a des mots qu'il ne faut pas prononcer) et qui s'est rerouvé à l' hôpital avec une arcade soiurcilière ouverte alors que 5 personnes ont été témoin de la scène.

Le civisme, le courage citoyen, le courage tout court manque cruellement de nos jours. Le "je n'ai rien vu, rien entendu..." est devenu une réaction normale. Alors que si les 50 ou 60 personnes du wagon avait sauté sur le paletot de ces deux-trois énergumènes, cette jeune fille n'aurait peut être pas été traumatisé pour des jours, des mois ou des années.

Qu' en penser? Qu'aurais je fais dans la même situation? Nous nous sommes tous posés ce genre de questions.. Non?

Maintenant je vais me faire l'avocat du Diable. Un jour nous rentrions de chez mes parents par l' autoroute qui va de Besancon à Mulhouse, quand nous avons aperçu sur le bas coté deux motards tombés de leur véhicule et qui paraissaient hébétés. Notre première réaction a été, bien sûr, de nous arrêter pour leur porter secours. Mon épouse infirmière a rapidement constaté qu'ils n'avaient rien de grave, sinon un choc. Mais lorsque l'homme nous demanda pourquoi nous les avions tamponné et fait partir dans le fossé, nous avons compris qu'il s'apprêtait à nous faire endosser l'accident. Notre voiture étant garée quelques dizaines de mètres plus loin, le numéro d'immatriculation peu lisible, nous nous sommes éclipsés rapidement et avons prévenu les secours par l'intermédiaire d'une des bornes  téléphoniques de l'autoroute. Mais sans donner nos coordonnées. Était ce citoyen?

Un jour ou je revenais de Fribourg où j'avais accompagné mon fils à l' internat, j'ai été témoin, à environ 100 mètres devant moi, d'un carambolage. Toutes les voitures qui suivaient celle qui avait percuté la rambarde de sécurité centrale, avaient accéleré et quitté les lieux de l' accident. Je me suis garé plus loin sur la bande d'arrêt d'urgence, warning mis, et je suis revenu voir ce que je pouvais faire. Un casque de motard était posé au milieu de la chaussée et une jeune allemande sortait d'une voiture passablement endommagée. A ma question " Où est le motard accidenté" et elle répondu " C'est une voiture française avec un numéro français qui m'a percuté, il est parti.. il est parti.." Ce jour l'a aussi je me suis trés rapidement esquivé. Il n'y avait pas de motard accidenté et je n'ai pas voulu me retrouver coupable de quelque chose que je n'avais pas fait. Tous les témoins qui étaient entre cette voiture et la mienne avaient disparus et j'étais le seul français présent sur les lieux. Était ce citoyen ?

Voilà c'est tout... Bravo à YVES.. j'espère que si un jour je me trouve dans la situation de porter secours à une personne en danger, je ne penserais pas en premier, aux enfants qui m' attendent à la maison, à mon épouse qui se retrouverait seule, si la police venait lui annoncer que je meurs sur un lit d' hôpital, un couteau dans la poitrine.

Je ne suis pas drôle ce soir, mais la vie de chaque jour nous apporte tant de sujets de réflexion tristes ou démoralisants que je suis obligé, de me poser ce genre de question.

Réflechissons.. restons hônnetes.. et souhaitons que le courage citoyen sera présent en nous le jour où nous serons confrontés à une situation semblable.

Maintenant je n'ai plus envie de parler d' autre choses. Je reviendrais demain avec d'autres sujets moins pénibles. En tout cas mon coeur vous ait acquit et je vous embrasse tous très amicalement. Votre MICHEL.

20 janvier 2006

On en rajoute une petite couche

Il est déjà tard, mais je crois que c'est une constante chez nous, nous sommes souvent très tard devant le PC. Je  viens de lire l'ensemble des derniers commentaires et je constate que les abricots, sous toutes les formes ont fait l' unanimité. Je vais donc vous dévoiler un petit secret.

Au petit déjeuner des jours de semaine, je prends en premier, une tartine de miel, acheté si possible chez un apiculteur local (mais ce n'est pas toujours possible). Ensuite il y a une confiture, si possible, de fruits jaunes... pêches, mandarines, trois agrumes...puis vient la tartine grillée avec LA confiture d' abricots. Et quand je trouve comme mercredi matin un demi fruit entier... mmmmmm.

Mais, et c'est là que le mot "pêcher" dans son sens séculaire prend tout son sens... Je me tartine une belle tranche de pain, ou un morceau de baguette, ou comme on en trouve beaucoup en Allemagne, un Brötchen, c'est à dire une petit pain avec des graines de pavot ou de sésame, donc je tartine avec une créme chocolatée aux amandes que je n'ai jamais trouvé en France " Le BELMANDEL" sur lequel j' ajoute, une rondelle d'orange confite dans de la confiture d'orange. Oui je sais, le nombre de calories dépassent l'entendement, mais la douceur de la pâte chocolatée aux amandes et l' amer de l' écorce d'orange me font oublier ces satanés calories.

Quoi, Francine? tu fais un régime... félicitations... Ah Claude nous ne prendrons peut être qu'un seul petit dej ensemble le 7 mai, mais je crois qu'on va s'éclater. En passant merci pour tes envois toujours magnifiques et dont je ferais bientôt un album pour que tout le monde en profite.

Je vais maintenant aller ajouter la photo météo d'aujourd'hui puis aller voir sur MSN si quelqu'un rôde encore. Bonne nuit à ceux qui partent au lit et bises à tout le monde.

PS: Encore pardon pour la mise en bouche, mais il me fallait ajouter que c'est aussi très bon dans un croissant chaud. Signé : Un adepte du Divin Marquis

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